Entre terre et mer !

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Le climat doux des derniers week-ends, fait que la définition la plus adaptée pour les week-ends à la ville des Genêts : sortie en mer, virée à la montagne ou tout seulement pique-nique en plein air, de préférence dans les champs privés, les week-ends à Tizi-Ouzou ne sont plus synonyme de monotonie et d’ennui. Rares sont ceux qui optent pour le programme Télé/couette. Le cocooning est fini avec les jours de grisaille et de pluies. Les jours sont plus longs et plus lumineux. La température monte de temps en temps et on en profite au maximum. Les adeptes des pique-niques ne le font réellement que par utilité. En ces temps de cueillette des olives, alors que certains ont déjà mis sous presse et consomment déjà leurs fruits, d’autres ne sont qu’à la moitié de la récolte. Le temps presse. Et le climat encourage la paresse. Certains malins, arrivent à concilier l’utile à l’agréable. Pourquoi chercher loin ce qui est sous nos yeux. Les week-ends, dans ce cas, sont passés en famille en plein champs. Des pique-niques sont improvisés. Les pauses répits se transforment en pauses détentes. On en profite pour jouer aux cartes au Monopoli ou aux charades, à chacun ses moyens. On se roule sur l’herbe, on grimpe aux arbres et on s’invente des jeux plus originaux les uns que les autres. Le doux soleil encourageant, l’imagination est telle qu’elle agace la plus cool des maitresses de maison soucieuse de terminer sa récolte à temps. « Tous mes enfants m’aident durant les week-ends. Mais ils profitent aussi pour passer du bon temps ensemble. Même si ça m’embête un peu qu’ils discutent plus qu’ils ne travaillent, au fond cela me fait plaisir de les voir ensemble. Même mes filles viennent avec leurs maris. Chacun prépare un petit plat et on partage le repas. Des fois, on oublie même de reprendre le travail. C’est que je gueule un peu et que je joue le tyran », nous raconte Nna Ouiza. Nna Ouiza a évoqué les repas aux champs. Si sa famille partage les efforts et les responsabilités, certaines familles désignent une personne qui reste à la maison pour s’occuper de la préparation du repas et même de sa « livraison ». Et là, la famille a droit à un repas chaud. Le couscous est l’un des repas qu’on partage avec plaisir dans ce genre de rencontres. Qu’il soit saucé ou tout simplement aux légumes cuits à la vapeur, il a un goût spécial quand il est consommé en plein air et partagé en famille. C’est la saison des navets. Et nul ne peut nier le goût succulent « N’Seksou s’Ellefth ». Une échalote écrasée, une tomate fraiche franchement salée ou le célèbre « Ighi T « founesth », finiront par le rendre plus délicieux que le miel. Le vrai s’il vous plait ! Quoi de plus agréable qu’un pique-nique avec un couscous chaud et frais. Une ambiance chaleureuse et que l’on ne retrouve que chez nous. C’est de ce genre d’ambiance que Dyhia, étudiante, a besoin pour sa préparation pour les examens. « Comme le champ est limitrophe à la maison, je profite de ma pause pour faire le plein d’air frais et de bonne humeur aussi. Des fois, je prends un livre et je me mets sous un arbre alors que les autres vaquent à leur travail ou s’amusent sur l’herbe. Je ne rate pas le repas par contre. Il a un goût spécial », nous raconte-t-elle. Alors qu’on ne se pressait pas tellement pour le week-end, on a hâte que la fin de semaine pointe du nez. Il faut dire qu’on n’a pas trop le choix en termes de sorties en raison du manque d’infrastructures conçues dans ce sens, notamment les aires de jeux pour les enfants et les espaces de détente aménagés et équipés en vue d’accueillir les centaines de familles qui cherchent un endroit tranquille et surtout sécurisé pour se détendre et qui ne trouvent leur salut qu’au bras de mère Nature. En terre, en mer ou en altitude, le système D prime lors des sorties des Tiziouéens. Et les adeptes des pique-niques que nous avons rencontrés ne le sont que par manque de moyens. Eux aussi veulent bien sortir et découvrir d’autres horizons. Mais par manque de destinations et manque de moyens pour certains, le choix s’impose de lui-même. « Je n’ai pas de voiture et je ne peux pas trop m’attarder si je sors ma belle-mère malade étant à ma charge. Je ne peux pas la laisser trop longtemps seule. Ce qui rétrécie la liste de choix. Généralement, je fais un tour chez mes parents et je passe l’après-midi sur la terrasse. Les bains de soleils et les soins à domicile que me prodige ma sœur esthéticienne sont mes seuls passe-temps pour le week-end. C’est déjà ça. J’en connais qui le passent à faire le ménage et la popote », nous raconte Samia, 42 ans, secrétaire dans une entreprise étatique. Si Samia a la chance d’avoir deux jours de congé pour son week-end, d’autres n’ont pas cette chance. Certains travailleurs n’ont qu’une journée ou une journée et demie pour le week-end. C’est-à-dire l’après-midi du jeudi et le vendredi ou seulement le vendredi. Ceux-là, pour se permettre une sortie le vendredi, se débrouillent pour assumer leurs différentes corvées le jeudi soir. « Je dors des fois à 2 heures du matin pour que mes enfants puissent profiter du vendredi. Je suis obligée de faire mes tâches ménagères le soir. Et je parle du grand ménage du week-end. Mes courses sont faites l’après-midi. La popote est faite le vendredi très tôt. Mon mari dort généralement en même temps que moi. Il s’occupe lui aussi de toutes les tâches qui l’attendent pour le week-end. C’est lui qui fait sa propre comptabilité. On fait tout pour que nos enfants ne soient pas pénalisés par nos contraintes. La semaine dernière, je n’ai dormi que 3 heures de temps pour la nuit de jeudi. Mais j’ai oublié ma fatigue quand j’ai vu le visage illuminé de mes deux garçons en faisant un tour dans une barque de pêcheurs au port d’Azzefoun. On n’a pas trop de choix côté sorties mais on se débrouille comme on peut avec ce qu’on a. et ce n’est pas mal non plus », nous raconte Ourida, 48 ans, cadre dans une entreprise privée. Azzefoun fait partie des destinations les plus prisée par les familles ces derniers temps. Il faut dire que la plupart des week-ends de ce mois de février étaient doux. Les familles attendent le printemps avec impatience pour multiplier les sorties en mer. Il faut dire que l’on ne se bouscule pas aux portillons non plus. Pour un coin aussi féerique qu’Azzeffoun, notamment en cette période, seules quelques apparitions timides de rares familles ont été constatées. Il semblerait que le week-end dernier soit une exception, selon les pêcheurs rencontrés sur place. D’après eux, c’est le troisième week-end de suite que le port d’Azeffoun a été l’hôte de quelques familles. Le reste de la saison, le port a été boudé par les familles. Seuls quelques jeunes couples ou des groupes de jeunes fréquentaient le port et l’ensemble de la côte. Une dizaine de familles ont pris plaisir à se balader à travers les quais du port, en effet, le week-end dernier, la température encourageant, des pique-niques sont improvisés. Drôle de façon de concevoir un pique-nique ! Mais le béton a su remplacer la belle et traditionnelle nappe en vichy aux belles couleurs de l’herbe. « Mon enfant sort rarement depuis que la température ne veut pas être plus clémente. Lui, qui est né en juin, se sent comme un oiseau en cage quand il ne sort pas ne serait-ce qu’une petite demi-heure en fin d’après-midi. Si ce n’est pas possible, il est perturbé et devient grincheux. Vous imaginez ce qu’une sortie en mer peut lui procurer comme bien être ? Il n’a que 7 mois et demi certes, mais il a aussi besoin de son bol d’air et de voir autre chose que les murs de notre appartement. Il est transformé depuis qu’on est sorti de voiture. Et puis lui qui attend avec impatience son bain du soir et qui raffole de l’eau, il semble fasciné en face de cette immense baignoire d’eau”, nous raconte Hayet, 33 ans, en congé parental. Hayet dit être également venue pour faire ses emplettes de poisson frais et prospecter une éventuelle location pour ses vacances d’été.

Même si on est loin de Malibu et de ses plages claires et limpides et surtout sécurisés, Hayet a une histoire particulière avec Azeffoun. C’est la destination qu’elle a choisi pour sa première sortie avec celui qui est devenu son mari et le papa de son fils. Même si les autorités ont promis une amélioration des conditions d’exploitation des plages, Hayet ne semble pas confiante mais se dit prête à passer ses prochaines vacances à Azeffoun. Les efforts faits dans ce sens ne semblent pas la convaincre. Les deux régions balnéaires de la wilaya de Tizi-Ouzou, à savoir Azeffoun et Tigzirt, ont, en effet, bénéficié de mesures assez rassurantes. Ces derniers ont concerné les accès, les postes de la Protection civile et de sécurité, l’AEP, l’assainissement, l’éclairage public ainsi que les travaux de séparation des zones de baignade et de circulation. De quoi rassurer les estivants qui se plaignent souvent des mauvaises conditions régissant nos plages. Comme on est loin de la saison estivale, on ne va pas trop s’étaler dessus. Il est clair qu’Azzefoun et ses plages constituent une des destinations les plus prisés des familles, le port offrant la garantie de sécurité est plutôt le coin de chute de par les familles cherchant quiétude et détente. Si les envies d’ailleurs, de frissons ou de rêves, sont assures par la mer qui répond aux désirs les plus extravagants, les envies de quiétude, de sécurité et d’assurance ne peuvent se trouver que sur la terre ferme. La campagne y répond immanquablement. Nous avons vu plus haut les gens qui optent pour les pique-niques en famille. Plus à l’aise et mieux équipés, ceux que nous abordons maintenant sont d’un autre genre. Ce sont les randonneurs. En famille, en solitaire ou en groupe, ce sport procure les mêmes sensations et bienfaits pour ceux qui le choisisse. Là aussi, ce n’est pas trop facile, par manque d’espace et de circuit destinés à ce hobby. Mais le système D revient encore au bonheur des adeptes de ce loisir. Les randonnés peuvent être programmées ou improvisées. Ceci dit, on est plus au moins bien équipés en chaussures et provisions et c’est généralement le hasard qui nous mène vers les pseudo-circuits qu’empruntent nos randonneurs. Et là aussi, il faut s’assurer que le circuit d’infortune ne soit pas une propriété privée. Gare aux bourdes ! Elles peuvent couter cher ! Les circuits faisant défaut, nos adeptes de randonnés ont généralement toute l’année, hors hiver, pour en faire. Et là, il n’existe aucun risque sur les circuits de Tikjda. Seulement, actuellement, Tikjda qui s’est paré de son burnous blanc, n’est pas l’endroit idéal pour la randonnée intense. Les petites balades à petits pas sont permises, ceci dit. Tikjda reste l’endroit le plus fréquenté, quels que soient la saison ou le temps qu’il fait. En été on y cherche la fraicheur, en hiver on y cherche les sensations fortes et la neige qui se fait de plus en plus rares sur nos sols. Les amoureux du ski y trouvent particulièrement leur compte en cette période de l’année. Là, il suffit d’être bien équipé et la nature vous offre le reste. A 1 475 mètres d’altitude même les odeurs changent en même temps que le paysage et la vue sur la vie elle-même. Située à 95 km de Tizi-Ouzou, à 132 km d’Alger, à 32 km de Bouira et 110 km de Béjaïa, Tikjda est une véritable toile digne des artistes les plus doués de la terre et de tous les temps. En dépit des manques constatés et de l’état d’abandon dans lequel elle se trouve depuis quelques années, Tikjjda a su rester parmi les lieux féeriques d’Algérie. La nature qui a résisté aux aléas du temps a prouvé sa détermination à préserver cet endroit et à en conserver la magie. La beauté de ce site lui vaut sa réputation et l’affluence qu’il connaît. La « fiancée du Djurdjura » subjugue les plus blasés. Une carte postale insaisissable et que le plus sophistiqué des appareils à photo ne peut fidèlement capturer. C’est cette beauté que les familles viennent admirer et c’est cette magie dont elles viennent se ressourcer. Inutile de raconter les bienfaits de cet endroit sur la santé et le moral de ses visiteurs. Rien ne vaut le bol d’air qu’on y respire. Aucune thérapie ne vaut le plein d’énergie et de bonne humeur qu’on s’y procure. « Je ramène souvent ma famille ici. C’est généralement une fois les quinze jours quelle que soit la saison. C’est vrai qu’on n’est pas très loin d’ici. Nous habitons Ouacif. Cela nous aide aussi. On peut venir et partir à n’importe quel moment. Mon fils qui me fait de l’asthme me réclame souvent cette sortie. Il se sent bien généralement aux lendemains de chaque sortie », nous confie M. Saïd, originaire des Ouacifs venu avec sa petite famille et sa mère. Cette dernière semble apprécier particulièrement la sortie. Telle une enfant, elle suivait partout ses petits enfants, tant pour les surveiller que pour s’amuser avec eux. La beauté des panoramas hivernaux, n’est plus tout à fait celle de l’été, les visiteurs s’équipent en fonction des temps et climats. La station touristique de Tikjda qui se situe à 1 475 mètres d’altitude, au centre du Parc national du Djurdjura. Alors on n’y voit pas que de la neige. Cet eden est également le point de chute de tous les amoureux de la beauté de Dame Nature et des amoureux tout court ! Ces derniers, déjà au septième ciel, trouvent souvent abri sous les gigantesques rochers et sous l’ombre des cèdres séculiers. Plus romantique que ça, tu crèves ! Seul hic pour ces jeunes, sans le sou généralement, le manque de transporteurs qui assurent la navette jusqu’à Tikjda. Heureusement, diraient certains, notamment les pères de famille. C’est le cas d’Achour. « Si la navette était assurée, nous n’aurions plus notre place ici en tant que familles. Il y aurait beaucoup plus de groupes de jeunes et de couples.

Ce serait incontrôlable. Ce n’est déjà pas trop vivable à cause des jeunes qui viennent boire ici comme s’ils n’avaient pas le choix parmi les milliers de bars de la ville. parfois on est obligés de descendre de voiture pour débarrasser la route des tessons de verre laissés par ces ivrognes au risque de voir l’ensemble des pneus de nos véhicules endommagés », se plaint Achour qui aborde également le manque d’aires de jeux pour les enfants à part celles qui existent depuis deux décennies et qui s’avèrent dépassées et insuffisantes. Même si le constat qu’il fait du site n’est pas reluisant, Achour continue à revenir à Tikjda. Même si Dame Nature est au dessus de tous, Achour comme la plupart des personnes rencontrées sur place déplorent la lenteur des travaux de rénovation, notamment de l’hôtel Djurdjura. « Une auberge et une piscine. C’est tout ce qui a été restauré », dit-il. Personne ne peut oublier la tragédie qui a touché le site dans les années 90. Tikjda avait été mise à feu et à sang par les groupes terroristes. Ce n’est qu’en 2002 qu’une partie du site a été rouverte. Achour parle de lenteurs qui pénalisent le site. « Il faut effacer toute trace de la tragédie pour que le site soit fréquenté comme avant. Comment voulez-vous attirer les touristes et les visiteurs en leur montrant que le coin a été l’endroit le plus dangereux de la région. Il faut tout gommer et recommencer », propose Saïd, à son tour. Ouverte au grand public en 1983, l’auberge qui appartient à l’EGT-Centre, a une capacité d’accueil de 18 chambres doubles, un restaurant de 100 places et une cafétéria-bar de 50 places. Après la fermeture qui a duré une dizaine d’années, l’établissement a rouvert ses portes en 2002. Avec la réouverture de l’hôtel, le visiteur de Tiljda a la possibilité de passer la nuit à un prix qui défie toute concurrence d’ailleurs. La nuit à 2 000 DA en une annexe avec des appartements et d’autres chambres à louer est également mise à la disposition du visiteur. Leur nombre s’élève à 6 appartements et 10 chambres. La nuitée est fixée à 4 500 DA, petit-déjeuner et dîner inclus.

C’est du gratos presque vu ce qu’on a en contrepartie comme paysages et possibilités de découvertes. L’hôtel Djurdjura, construit en 1977. L’abandon des télésièges et de la remontée mécanique a été également au centre des « plaintes » des visiteurs. Mais en dépit des critiques, le site qui fait partie du Parc national du Djurdjura, reste aimée et adorée.

Le Parc national du Djurdjura, reconnu en 1997 réserve biosphère et patrimoine de l’humanité et qui s’étale sur une superficie de 18 500 ha, a, quant à lui été crée en 1983 en vue de protéger une variété d’espèces animales en vue de disparition dont le singe magot, l’aigle botté, le sanglier, l’hyène rayée, le faucon ou le héron cendré et la sittèle kabyle : espèce unique et récemment découverte. Il faut dire que même encouragée, l’affluence touristique peut représenter un danger pour le parc. Les visiteurs souvent dépourvues de culture écologique et ignorant tout de la préservation de l’environnement, font des bêtises. Beaucoup reste à faire dans ce domaine, notamment du côté des employés du parc qui doivent être là pour l’éveil du citoyen.

Samia A-B

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