La chasse aux grives bat son plein

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La passion de la chasse aux grives, tadduyt i umergu, revient de plus belle ces dernières années et tout particulièrement pendant cette période hivernale dans la commune d’Ighil Ali. Chaque soir, en dépit du froid glacial et de la neige, ce sont des dizaines de personnes, jeunes pour la plupart, qui empruntent les chemins qui montent vers les forêts situées sur les hauteurs des Ath Abla et Tizi Tebladhin pour guetter ces oiseaux passereaux d’Eurasie et d’Afrique, au joli plumage brun et gris, appréciés pour leur chair, qui viennent se reposer sans souci sur les branches des pins.Si jadis on faisait fondre du crêpe qu’on étale sur les brindilles d’alfa et qu’on fiche dans de petits morceaux de figuier de Barbarie (Akermus) placés sur des branches de pin (Tayda, azumbay), la mode d’aujourd’hui est à la colle à rat. C’est plus pratique et c’est moins coûteux, pense-t-on. Certains, les plus jeunes généralement, préfèrent également tendre des pièges (Tiqeftin, tiqellaâin) dans les lauriers-roses et les ronces fréquentés par les grives, merles, rouges-gorges et alouettes, etc…“Yella umergu aseggas-a !” (La grive bonde cette année !), ne cesse-t-on d’annoncer avec enthousiasme. La chasse aux grives alimente même les discussions de rue. Cette fièvre touche également certains écoliers qui quittent les bancs de leurs classes, à l’insu de leurs parents, pour aller à la chasse aux oiseaux ! C’est l’ambiance bon enfant du bon vieux temps. Ce qui est symptomatique du retour de la sécurité et de la quitétude dans la région. On la l’impression réapprendre à vivre après les années moroses où les forêts de la région furent infréquentables. Par ailleurs, le giblier peut atteindre jusqu’à 50 grives chaque soir pour les plus doués en la matière ! On les cède à 50 DA la pièce à des commerçants qui les revendent au prix fort de 70 DA ! De quoi gagner un peu d’argent de poche pour les chômeurs et les potaches.Signalons, enfin, que les forêts des Ath Abbas ont vu ces derniers temps le retour de nombre d’espèces d’oiseaux disparues pendant les années de sécheresse qu’a connues le pays. Au murmure des chants d’oiseaux de toutes sortes, s’ajoutent les paysages verdoyants, le gazouillement des eaux dans les sources et les rivières, la neige, les amandiers fleuris, …Un décor parfait pour accueillir la saison printanière !

K. Kherbouche

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