“C’est le fruit d’un long travail”

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Dépêche de Kabylie : Vous venez de décrocher le premier prix des 3e Journées de la poésie d’expression amazighe, quel sont vos impression ?ll Mourad Rahmane : Je suis très satisfait, puisque c’est le fruit d’un travail de longue haleine fait d’abnégation et de persévérance. J’ai dû recourir à une recherche et puiser dans notre patrimoine. En poésie, il faut toujours mettre le mot qu’il faut à la place qu’il faut, pour avoir une meilleure rime, mais il y a également le choix du sujet qui est très important.

Dans chacune de vos participations, vous figurez, au moins parmi les trois premiers, quel est le secret de ces réussites ?ll Il n’y a pas une recette spéciale, je crois qu’il y a au départ la passion et le don, et en second lieu, il y a le travail continu. A mon avis, c’est les seuls ingrédients qui existent pour qu’un artiste puisse réussir dans son domaine.

A quand remonte votre premier poème ?ll Mon premier vers, je l’ai composé à l’age de 10 ans, je l’ai intitulé «Tudert» (La vie). A cette époque-là, je crois que je me suis exprimé sur de tas de choses, telles que les conditions de vie, la misère : C’est une réaction spontanée vis-à-vis de l’entourage.Au collège, je me suis initié à la poésie humoriste, c’est là que j’ai su que j’ai un don.

Combien de poèmes avez-vous composé ?`ll Premièrement, un poème est l’œuvre exclusive de son auteur, il est produit justement lorsque le poète est inspiré. Si par exemple on me demande de produire un poème sans que je sois inspiré, je ne peut pas le considérer comme un travail achevé. Pour vous répondre, je crois que j’ai une centaine de poèmes.Songez-vous un jour à faire un recueil de vos poèmes ? ll ça m’arrive de réfléchir sur un tel projet, mais malheureusement j’ai constaté que les gens ne lisent pas, la culture de lire a perdu ses valeurs chez nous.J’ai constaté également que la cassette audio n’est pas trop prisée, et c’est l’aspect mercantile et commercial qui dominent.En sus, je n’ai pas les moyens financiers pour traiter avec les maisons d’éditions. En d’autres termes j’ai peur de me noyer, là où je ne sais pas nager.

Quels sont les sujets que vous traitez ?ll Actuellement, je cherche un style propre à moi. Une sorte d’une nouvelle approche individuelle, dans l’optique de donner à la poésie kabyle un aspect moderne.La thématique que j’aime traiter est le surréalisme, la métaphysique et la douce mélancolie.Le poème avec lequel j’ai obtenu le premier prix s’intitule «Tijewwaqin n’ath lakhart» (les flûtes des mots).C’est une histoire d’un revenant qui revient de l’au-delà pour narrer au monde des vivants le printemps en enfer.Sa mission principale est de convaincre son ex-amour afin qu’elle le suive.Il n’aménagera aucun effort pour atteindre son objectif, en faisant face aux multiples problèmes, jusqu’au jour où il parviendra à l’avoir avec lui.

Quel est le poète qui vous a le plus influencé ?ll Si Moh est une personne que je respecte beaucoup et j’aime «savourer» ses poèmes. pour moi, c’est un artiste complet, qui a révolutionné la poésie, avec un style très différent des autres artistes.

Votre dernier mot ?ll Je souhaite que les poètes kabyles fassent plus d’efforts pour améliorer notre poésie, sans toucher à son authenticité et son originalité, l’objectif étant de s’imposer devant les autres cultures.Je reétire toutefois mes vifs remerciements au staff qui a veillé à l’organisation de ces journées, puisqu’il nous a donné une tribune d’expression, et c’est une occasion qui a permis aux poètes de la Kabylie de tisser des liens permanents entre eux.

Entretien réalisé par M. Ait Frawsen

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