Les élus indépendants font exploser le FLN à Tizi-Ouzou

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Le mal a désormais pris des proportions inquiétantes au sein de l’APC de la “capitale” du Djurdjura. A vrai dire, le problème couvait depuis longtemps avec cette cohabitation de départ quelque peu bizarre et contre nature entre le FLN et le RND qui se sont alliés au RCD et aux trois indépendants.

Bizzare par rapport aux positions des directions centrales des formations politiques notamment celle du RCD et du FLN, mais aussi par cette folie du FLN à récupérer des élus indépendants pas du tout au-dessus de tout soupçon, notamment l’un d’eux éclaboussé alors par le récent scandale de l’aide à l’autoconstruction. A ce moment-là, c’était la grande lune de miel entre le maire et ces élus indépendants. D’ailleurs, si l’affaire de l’élu indélicat a pu être étouffée c’est grâce aux efforts du maire qui a tout fait pour convaincre les victimes arnaquées à accepter une solution à l’amiable.

Dans le temps, il était question de faire adhérer les trois élus indépendants au FLN avec l’accord du mouhafedh en vue de recomposer l’exécutif. Du moins, c’est ce que des initiés du sujet laissaient entendre sur la scène publique, ce qui expliquait cette amitié du maire aux indépendants. C’est sans doute dans cette logique des choses que les trois indépendants annonçaient à travers une déclaration rendue publique leur adhésion au parti de Belkhadem. Mais tout le monde au FLN était loin d’accepter ces arrivées annoncées. La réplique de la kasma ne se fera d’ailleurs pas attendre puisque cette dernière démentira sans ambages ce “ mariage” assumé uniquement par une partie. Depuis, le FLN n’a jamais contredit cette dernière mise au point émise par sa seule structure habilitée à enregistrer l’adhésion de nouveaux militants au niveau local.

Vers la radiation des élus frondeurs du parti ?

Mais voilà que les trois indépendants regroupés avec trois des six élus FLN surprennent tout le monde avec cette correspondance commune adressée au chef de la kasma du parti FLN, pour dénoncer le maire, le 1er vice-président, et le président de la commission sociale, et annoncer le gel de toutes leurs activités au sein de l’Assemblée. Les protestataires précisent qu’une copie de leur courrier a été adressée au mouhafedh. Et puis ce détail : l’entête du courrier porte l’inscription “ Elus militants du FLN”. Les indépendants ont-ils eu depuis leurs cartes d’adhésion ? Se considèrent-ils militants sans adhésion officielle ? Selon des indiscrétions, les trois concernées n’ont toujours pas reçu leurs cartes d’adhérents au FLN. Mais il n’y a rien de surprenant dans cette affaire du moment que dès le départ le trio était loin d’être le bienvenu à la maison FLN de Tizi-Ouzou. Ce qui est surprenant, en revanche, c’est ce revirement dans la position des trois militants du FLN. Ils se sont en effet regroupés avec “les ennemis” d’hier pour dénoncer leur maire et surtout plonger leur parti dans une crise qui risque de lui valoir bien des déboires à la veille de l’échéance présidentielle. Dans ce brouhaha, c’est certainement le mouhafedh, censé se consacrer à la future consultation, qui se retrouve handicapé, pour ne pas dire enchaîné par ces tiraillements internes de la formation dont il préside la gestion au niveau local. L’heure est franchement grave au sein du parti de Belkhadem à Tizi-Ouzou. Les observateurs ont droit à un véritable feuilleton “FLN contre FLN” sur la place publique. Une réalité orchestrée autour d’accusations mutuelles aussi graves les unes que les autres. Cela va de décisions banales sur de douteuses attribution de gestion d’espaces de parking à travers la ville aux affaires juteuses qu’on évoque à demi-mot. Dans le tas, ce sont les batailles intestines qui minaient jusque-là le FLN de l’intérieur qui ont eu, comme il fallait s’y attendre, les répercussions appréhendées sur le fonctionnement de l’APC. Assurément pour espérer mener campagne dans le cadre de l’Alliance présidentielle, le FLN se doit d’abord de faire le ménage dans sa maison éclaboussée. L’intrusion des trois indépendants a carrément fait voler en éclats la sérénité de façade jusque-là mise en évidence. Des bruits, non confirmés, font état de deux alternatives auxquelles le parti devrait se soumettre pour tenter de contenir la crise. En réalité, l’issue dépendra de celui à qui reviendrait le dernier mot dans ce rapport de forces porté d’un côté par le maire et ses deux fidèles, et de l’autre par les trois indépendants et les trois élus FLN qui les ont ralliés. Des informations ébruitées, tout en n’excluant pas une éventuelle démission du maire, évoquent la probabilité d’une réaction énergique de la direction du parti qui semblerait décidée à sévir dans le camp des frondeurs. Elle pourrait aller jusqu’à prononcer la radiation des trois élus FLN à l’origine de la crise et l’exclusion des trois indépendants prétendant à une adhésion. Car, estime t-on en haut lieu, quelle que soit la situation, le moment serait très mal venu pour laisser éclater un “mécontentement” interne sur la place publique. En attendant, les bons offices locaux tentent vainement de ramener les parties en conflit à de meilleurs sentiments.

B. T.

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