Seul candidat à l’élection présidentielle d’avril prochain issu de la mouvance islamiste, Djahid Younsi, secrétaire général d’El Islah, invité hier sur les ondes de la Chaîne II, se veut optimiste et positif quant à la participation de sa formation politique aux prochaines échéances électorales disant : « On est une force politique redoutable avec laquelle il faut compter à l’avenir, sinon on ne sera pas là aujourd’hui. Nos idées sont en harmonie avec les attentes du peuple.” Refusant d’adhérer à la thèse que « les dés sont pipés », la grosse gueule du prochain scrutin argumentera ainsi : « Laissons les Algériens s’exprimer librement, le parti se distingue par une vision qui se détache des autres partis avec comme unique préoccupation le bien des Algériens ». El Islah qui a perdu du terrain depuis 2004 avec une crise interne qui a terrassé le premier leader à savoir Djaballah, ne veut nullement faillir aux principes et à la devise du parti fondé sur les principes de la loi islamique et se dit un parti qui bousculera les choses en prônant un changement radical dans le pays! Son slogan de campagne est « C’est votre chance pour le changement », il se traduit par la volonté de cibler un électorat bien précis sans toutefois détailler son programme de campagne, du reste assez farfelu. Côté présidentielle, le parti a choisi d’entamer sa campagne, qui débutera le 19 mars, depuis un endroit historique à Alger avant de se rendre à Blida. Djahid Younsi sillonnera 30 wilayas à travers le pays lors de la campagne électorale, il décortique son programme en prônant, comme sa rivale politique Louiza Hanoune, la souveraineté nationale. Côté relance économique et réformes, Djahid Younsi martèle : « Nous sommes pour une campagne nationale afin de créer des pépinières d’entreprises au profit des universitaires ainsi que des jeunes exclus du système scolaire et mettre fin ainsi à la politique d’assistanat, accompagner les jeunes dans leur parcours professionnel et bâtir une économie basée sur les PME/ PMI ». Il appelle également les banques à fonctionner selon la « charia islamique ». Abordant la situation sécuritaire du pays, “l’inconnu” des élections fera l’éloge de Bouteflika même si dans ses propos, on retrouve un brin de désaccord. « La politique de réconciliation nationale est la seule solution pour régler la crise en Algérie, néanmoins il faut aller encore plus loin en amnistiant tous ceux qui ont causé la décennie noire ». Il se déclare favorable au retour des ex-dirigeants du FIS dissous. « Il faut les rétablir dans leurs droits civils et politique, c’est un droit avéré avec bien sûr comme condition de respecter les lois de la République ». Remet-il en cause indirectement la politique de Bouteflika ? Un paradoxe qui en dit long. Concernant la présence des observateurs étrangers au prochain scrutin, la première délégation de l’Union africaine est arrivée mercredi dernier à Alger. L’actuel homme fort d’El Islah se veut irréductible et critique cette venue : « En quoi cela sert-il l’Algérie la présence de ces observateurs, leur souci n’est pas de surveiller le scrutin mais bien autre chose, au contraire ils encouragent la fraude, leur présence est une atteinte à la souveraineté nationale ». Allant dans le même sens que Louisa Hanoune. Djahid Younsi n’a pas manqué de fustiger les partis de l’opposition qui ont choisi de boycotter l’élection d’avril en les qualifiant de « partis rigides ».
En décidant de participer au scrutin, El Islah veut démontrer la force de mobilisation qui le caractérisait jadis. Même si les conditions et les ambitions ne paraissent pas les mêmes que du temps de son ex-président Abdellah Djaballah mis en quarantaine, un parti qui tente, tant bien que mal, de renaître de ses cendres après une crise qui l’a plongé dans les abysses de la politique.
Hacène Merbouti