Le père et le “fils adoptif”

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C’est une grosse bouffée d’oxygène venant droit d’une Algérie à trois cent pour cent algérienne qui nous a permis de respirer, autour d’un café, Monsieur Kamal Hamadi (nous y reviendrons dans nos prochaine éditions) et Abdelkader Bendameche, un autre monsieur de la culture et “fanatique” d’algérianité. Les quelques deux heures que nous avions passé ensemble à discuter, plutôt à écouter s’agissant de nous, nous ont plongé dans un passé culturel que l’inculture aux commandes à empêcher de devenir notre avenir.

Les deux artistes ont réussi à nous rendre nostalgiques d’une époque que nous n’avons pas vécue. Nous savourions les yeux grands comme ça de succulentes petites anecdotes et des fragments de vie d’artistes partis dans l’anonymat. Bendali, Slimane Azem, Temmam, Farid Ali et beaucoup d’autres maquisards de la culture ont été rappelés avec émotion à la souvenance. “Tu te rappelles …”, s’interpellent, à notre grand bonheur, de temps à autre les deux hommes, les deux complices. Oui, la complicité est flagrante. Le téléphone sonne, c’est celui de Kamal Hamadi. Au bout du fil sa femme, la grande Noura qu’il avait laissée à Paris le temps que durera le colloque sur Bahia Farah. « Je suis avec des amis et mon fils adoptif (Abdelkader Bendameche) », dit-il à sa bien aimée avec le sourire. “Le fils adoptif” aussi ne se départit pas d’un sourire contagieux. Il nous parlera d’honnêteté intellectuelle et de plagiat, un mal qui ronge la culture. Il nous parlera à titre indicatif et sans avancer de nom, de l’usurpation de 9000 textes (poésie) par une seule personne. Terrible !

Mais toute cette vérité remontera un jour à la surface, y croit dur comme fer Monsieur Bendameche. L’homme ne cache pas son optimisme. “Ce colloque à Bouira en est la preuve”, argumentera-t-il. Lors des débats qui avaient suivi sa communication, un citoyen dans le public reprochait : “Comment se fait-il que c’est aujourd’hui que nous découvrons Bahia Farah ? Où étiez-vous”. Ce à quoi répondra le conférencier : “Et vous, où étiez-vous ?”. Autrement dit la culture, l’algérianité dans toute sa splendeur, est l’affaire de tous. De toute façon, elle est plus celle du citoyen avec un grand C que celle des cols blancs

T. Ould Amar

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