Des poètes de référence

Partager

Par Anouar Rouchi

Le microcosme politique algérien est un univers à nul autre pareil et ses animateurs sont des bêtes à part. Leur rythme biologique est unique au monde. Sauf bouleversement climatique, ils sont réglés pour hiberner quatre années et se réveiller durant la cinquième, rendez-vous électoraux obligent. Alors, sans doute par excès de modestie, ils se gardent bien de chanter leurs propres vertus, préfèrent mettre à nu et exagérer les tares réelles ou supposées de leurs “ennemis” réels ou supposés.Cette année, un scénario original s’est mis en place, tirant de sa léthargie une faune qui ne demandait qu’à sommeiller deux années encore. Les élections partielles en Kabylie valent bien un dérèglement climatique et justifient à elles seules un réveil prématuré. On peut alors aisément comprendre que les uns et les autres, brutalement sortis d’un sommeil de trois années transformé en coma profond par les présidentielles de 2004, aient quelque peu perdu leurs marques. Encore hébétés, ils confondent tout et se trompent sur tout…Il en est ainsi de ce chef politique qui a oublié que BRTV est une chaîne satellitaire reçue partout dans le monde et à travers toute l’Algérie. A écouter ses interventions, on ne peut se défaire de l’impression qu’il s’adressait exclusivement aux quelques habitants établis le long du tronçon de route séparant Fréha d’Azazga.Lui qui jadis avait le verbe haut, a parlé à voix basse. Mais il est vrai qu’il ne sert à rien d’élever la voix lorsqu’on s’adresse à si peu de gens… Lui qui jadis remplissait les stades de football à l’occasion de ses meetings avoue préférer désormais la stratégie de Si Muhand U Mhend qui prêchait la bonne parole dans les cafés maures.On ne sait d’ailleurs pas ce qu’il partage le mieux avec le célèbre poète : l’amour de la métaphore ou le goût de l’aventure…Lui qui vénérait les généreux qu’il appelait affectueusement “les truffions”, dresse contre eux un véritable réquisitoire…Lui qui vouait son frère ennemi aux gémonies l’appelle pour la première fois publiquement à faire alliance avec lui pour faire barrage à une bande d’oisillons qui tiennent dans une cage… d’escalier ! Très peu de gens le savent, mais son appel a reçu une réponse qui se passe de commentaires : un lot de pièges à moineaux venu tout droit de Lausanne ! D’aucuns auront remarqué qu’au-delà des vertus qu’il trouve au système de communication de Si Muhand U Mhend, il s’inspire d’autres poètes. Jean de La Fontaine, lui-même, ayant largement puisé dans les contes du grec Esope, est devenu une source privilégiée d’inspiration. C’est tellement commode de parler de bêtes quand on cible des hommes ! Il demande rien moins aux électeurs qu’à choisir entre la “colombe d’avril” (lui !) et les “cigognes d’Ouyahia” (les autres !).En politique on oppose généralement aux colombes les faucons.Mais il est trop intelligent pour ignorer que s’il traite ses adversaires de faucons, il risque d’être pris pour un vrai…Conclusion : de mauvaises langues assurent qu’en puisant dans le lexique de la Grèce antique d’Escope, il s’est encore trompé… d’époque !

A. R.

Partager