Le leitmotiv de Hanoune et les stéréotypes de Younsi

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Enchaînant les meetings, les six candidats à l’élection présidentielle du 9 avril continuent de mener leur campagne contre l’abstention, un terme perçu comme une monomanie afin que le scénario des législatives ne se duplique pas. Rugissant tels des lions « affamés » par un populisme distillant allant de promesse en promesse envers une population partagée entre frénésie et désintérêt, les candidats ou plutôt le candidat et ses « colistiers » ont entamé jeudi dernier leur deuxième semaine de campagne. La candidate du parti des travailleurs Louisa Hanoune continue de mener campagne avec le leitmotiv « rupture, souveraineté et dissolution du Parlement » taillé sur mesure pour la socialiste qui veut en découdre avec les gouvernants, un stratagème pour se démarquer des autres candidats usant parfois d’un trotskisme révolu. Ainsi, la candidate du PT, qui était le week-end dernier l’hôte d’El Bahia et de la ville de Tlemcen, s’est félicité de l’engouement des citoyens envers sa campagne : « J’ai animé une quinzaine de meetings et à chaque fois le même enthousiasme de la part des citoyens, je me félicite de ce succès et je suis convaincue que les haltes qui me restent seront aussi louangeuses que ce que j’ai connu ». Avant d’enchaîner : « Le peuple a pris conscience de l’enjeu de cette élection car seule une rupture totale avec la politique actuelle permettra à l’Algérie de sortir de la crise ». Aussi, elle fera une rétrospective des années noires qu’a traversées l’Algérie : « Assez de sang, rappelez les attentats, les massacres, les exécutions dont a été victime le peuple algérien, les policiers, les gendarmes ainsi que les institutions de l’Etat allant jusqu’à toucher la plus haute sphère du pouvoir, à savoir le palais du gouvernement, le tout dans un isolement total, personne nous a tendu la main, alors aujourd’hui on n’a pas besoin de leçons en matière de militantisme ou de démocratie”. Haussant le ton, elle martèlera : « Votez pour nous, votez pour le changement et la rupture avec un pouvoir qui a démontré ses limites, vous avez votre destinée entre les mains ».

Pour sa part, le candidat du mouvement El Islah, Djahid Younsi, commence déjà à se rebeller en dénonçant à qui veut l’entendre les dépassements relevés par les militants de son parti ainsi que les intimidations et le fossé existant entre le président sortant et les cinq autres candidats : « On dénonce l’inégalité dont nous sommes victimes, nous qui sommes traités comme des figurants, la commission politique de surveillance des élections ne pourra pas tenir ses promesses, c’est un leurre pour crédibiliser cette élection. » Aussi, Djahid Younsi dénonce l’inégalité des moyens financiers mis à la disposition des citoyens.

Sur un autre registre, le candidat d’El Islah promet « une indemnité de 70 % du salaire de base pour les chômeurs, c’est la seule solution pour que l’Etat réagisse et offre des emplois ». Aussi, il propose pour la femme au foyer « un salaire à 30% du SNMG pour lui permettre de vivre dignement et lancer une activité au sein de son foyer, c’est son droit ». Sur un autre volet il dira : « On n’est pas ici pour servir un courant religieux, une région, une frange mais de servir le peuple algérien et l’Algérie, c’est notre devise. »

Aussi et lors d’une conférence de presse, le candidat Younsi dira que « son programme se démarque des autres en apportant des solutions très proches des préoccupations des citoyens qui restent otage ses pratiques douteuses du pouvoir en place ».

Djahid Younsi reste la grande gueule de cette campagne électorale avec des déclarations méphistophéliques et stéréotypées comme son appel à rétablir les ex-dirigeants du FIS dissous dans l’activité politique tout en appelant le candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika à un face-à-face à la télévision à « l’américaine » comme le prône-t-il. Aussi, il encouragea la femme à rester à la maison en lui proposant une prime. Il fera des jeunes un terrain de chasse et un sujet de prédilection sachant que celle-ci représente 70% de la population et multiplie les déclarations hostiles envers les pays occidentaux même s’il encourage les Algériens établis à l’étranger à venir investir en Algérie en leur promettant des facilités pour l’investissement afin de participer à l’édification d’un Etat fort et indépendant économiquement. C’est lui aussi qui incriminera la diplomatie algérienne en la qualifiant d’incompétente en critiquant ses positions envers la question du Polisario et le génocide perpétré par Israël sur la population de Gaza. Des provocations envers le pouvoir et un coup de pub pour faire parler de lui.

Hacène Merbouti

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