«D imazighen !»

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Sont aussi présentes dans la salle et dans la bousculade ces  »enveloppes » de plaintes et de complaintes que ces citoyens frustrés comptent remettre en main propre au Premier ministre. En plus, bien entendu, la plainte récursive de ces infatigables citoyens qui demandent la restitution des armes confisquées et qui fait le plus de bruit.

A 14 heures, l’heure à laquelle est prévue  »l’allocution électorale », le secrétaire général n’est toujours pas arrivé. Il n’arrivera qu’une heure et demie plus tard. Il sera tout de suite invité au pupitre. Youyous à profusion l’y accompagneront. Et, profil du public oblige, c’est dans les deux langues nationales qu’il saluera ses hôtes, avant d’avouer qu’il aime se retrouver à Bouira parce que « Bouira est un condensé de l’Algérie ». Mais aussi parce qu’il s’y sent un peu chez lui (au sens tasse de thé) « parce que Tamgut n’est pas loin de Bouadnane ». Il restera dans les voisinages culturels de Tamgut pour passer en revue les noms des figures marquantes de la région. Il citera entre autres, Doubaissi, Boubeghla, Al Thaâlibi et Chibane.

Toujours dans sa lancée culturelle et identitaire, Ouyahia s’exclamera à la manière des quatre-vingt-huitards du printemps berbère : « D imazighen ! ». Et c’est un tonnerre d’applaudissements qui accueillera cette vérité millénaire.

Surfant aisément d’une langue à une autre et d’un registre de langue à un autre, le secrétaire général du RND invitera contre toute attente, Lounis Ait Menguelet à son plaidoyer pour une  »Algérie amazighe » : « zik wa ihedder-itt i wayed, ass-a d lakaghed (hier elle était orale, aujourd’hui, elle est écrite) ».

Une manière de souligner que tamazight a gagné du terrain mais c’est aussi, à en croire son ton, une manière de dire : la balle est dans votre camp ! Ouyahia n’oubliera cependant pas de rappeler que nous sommes aussi des musulmans.

Cela étant, le récurrent « nous sommes des Amazighs arabisés par l’islam » n’a pas été retenu dans son intervention ni d’ailleurs dans celle du candidat président à Ouargla et à Béjaïa. Nous sommes donc des imazighen islamisés et non des imazighen arabisés.

Ouyahia abordera par la suite la question du terrorisme.

« A elles seules, les forces de sécurité ne peuvent pas en venir à bout: le citoyen doit rester vigilant », dira-t-il. Il profitera de l’opportunité pour retendre la main  »aux égarés » qui « n’ont aucun argument à faire valoir ». A propos des armes confisquées, il promettra : « Vos armes vous seront restituées, mais d’abord la paix ! » Ouyahia marquera aussi une halte devant la mémoire des victimes du printemps noir, avant de s’en prendre aux « marchands de boycott installés au bord de la Seine » et qu’il qualifiera carrément de traîtres. Entamant franchement ce pourquoi il est venu, Ouyahia puisera dans la structure sociologique de taddart (village de Kabylie) pour expliquer que l’Algérie, une grande taddart, qui a besoin d’un tamen. Et par tamen, l’hôte de Bouira entend Abdelaziz Bouteflika.

T. O. A

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