Découverte d’un cachot dans la cour d’une école primaire

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Le conducteur de l’engin de terrassement et les ouvriers s’attendaient à tout mais pas à la découverte d’un cachot entre un logement et une salle de classe dans une école primaire sise à Souama. Enfoncé profondément au milieu de la cour, le cachot est une salle de 4 m sur 3m, avec un accès par une bouche d’égout recouverte de terre. Combien d’écoliers et d’écolières ont fréquenté ces lieux sans savoir qu’ils passaient dessus ? Combien d’enseignants et d’enseignantes ont exercé dans cet établissement sans en connaître le secret ? C’est en procédant à des fouilles en vue d’une construction future (une bibliothèque communale) qu’on est “tombé pile” sur ce “vestige” des années où cette école servait de camp militaire pour l’armée d’occupation.

Ce cachot servait-il à la torture ? Etait-ce un lieu de refuge ? Aucun document d’archives n’y fait référence. Et la question reste posée : “A quoi a-t-il servi ?” De mémoire d’homme, beaucoup de citoyens, de tous âges et tous sexes confondus, ont connu et vécu, en ces lieux durant la colonisation les affres d’une arrestation où l’arbitraire était de rigueur.

C’est dans cette école primaire que l’on a découvert, durant les années 57, le corps inanimé de H. Arezki, directeur d’école et maire de la région (commune du Haut Sebaou aujourd’hui commune de Souama). Cela a été relaté brièvement par Mouloud Feraoun dans son livre “Jours de Kabylie”.

L’école était un centre stratégique pour l’observation de toute la région d’en face, de l’autre côté de l’Oued Sebaou, de Azazga, Ifigha à Bouzeguène. Des pièces demeuraient pointées sur ces zones de jour comme de nuit. Les militaires y étaient sur le qui-vive. C’était le quartier interdit. En ces temps-là, les trois logements et les trois salles de classe étaient le domaine strictement réservé aux officiers et aux hommes de troupe zélés dont toute la population a subi la cruauté. Le préau, servant jadis de réfectoire aujourd’hui disparu, a été temoin de beaucoup de souffrances et d’atteinte à la dignité humaine.

La cave située sous le premier des trois anciens logements a dû enregistrer des tas de souffrances et de cris de douleur. Le terrain, en amont de ce versant de montagne, a recueilli les corps anonymes de tous ces gens qui devaient disparaître et dont personne n’a plus jamais entendu parler. Des fouilles plus approfondies révéleront certainement des tombes et des souvenirs douloureux de la guerre de Libération nationale qui a vu la région donner les meilleurs de ses enfants.

D’ailleurs, la stèle réalisée à Sidi Amar – emplacement du marché hebdomadaire du dimanche, reporté au mercredi – dresse la liste de tous ceux – vivants éternellement dans les cœurs et les esprits – qui se sont sacrifiés pour l’indépendance de notre Algérie.

S. M.

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