La Dépêche de Kabylie : Comment êtes-vous venu à la chanson ?
Aziz Soula : Mes premiers poèmes, je les ai composés à l’âge de 12 ans et depuis, chaque fois que j’assiste à une scène émouvante ou à une action injuste que je ne puisse réparer, je me trouve inspiré ! Cette inspiration, un don du ciel, m’engage dans une voix qui me parait aujourd’hui comme un destin inévitable ! Bien que je sois né dans une famille conservatrice où le travail est la seule valeur qu’on reconnaisse comme le propre de l’homme, “la poussée artistique” qui m’anime est invincible. Mon père me reprochait toujours le penchant que j’avais pour l’art, et bien que des années se soient passées, je l’entends toujours me dire : “les hommes travaillent et toi tu les amuses !”. A cause de cela et de ma timidité, je ne voulais pas devenir artiste et j’ai tout fait pour m’en éloigner !
Mais le poète que vous étiez est devenu aujourd’hui chanteur compositeur, comment expliquez-vous cette évolution ?
Je jouais de la guitare depuis l’âge de l’adolescence et la chanson m’est apparue comme le meilleure support pour transmettre mon message aux autres, mais aussi comme une voix royale d’exprimer ce que je ressens!
Vous avez un style de musique propre qui s’apparente au blues, il nous rappelle vaguement les Abranis des années 70, est-ce un choix délibéré ?
Non ! Au contraire, mon souhait est d’avoir un style propre à moi pour ne pas vivre dans l’ombre d’un autre.
En cela, je pense que la création artistique est démunie de toute valeur dés lors qu’elle est imitation ou adaptation ! Lors de la composition, je n’ai accordé aucune importance au genre musical, mon unique préoccupation était d’exprimer mes sentiments et pensées fidèlement. L’apport de Samir Sebbane comme arrangeur est majeur dans la mesure où c’est lui qui a donné le cachet “bleues” à cet album.
Lorsque on écoute vos chansons, notamment les thèmes qui y sont abordés et la teneur du verbe utilisé, le souvenir du Printemps berbère et de la chanson engagée resurgit dans nos mémoires : Qu’en est-il exactement ?
Les événements du Printemps berbère ont joué un rôle déterminant dans ma vie ! Aujourd’hui, 30 ans sont passés, je me rends compte que nous sommes nombreux à avoir mal géré cette phase importante dans la vie de tout un chacun !
C’est-à-dire ?
Adolescents que nous étions, notre engagement en faveur de recouvrement institutionnel de notre identité a perturbé notre scolarité, passée en l’occasion au rang de préoccupation secondaire. L’échec scolaire qui s’en est suivi est déplorable ! En termes de victimes, le Printemps noir est plus dramatique car ayant causé la mort de 126 jeunes dont la majorité sont des adolescents. Notre engagement envers la question identitaire reste entier et nous espérons voir ce problème réglé définitivement pour ne plus faire de victimes à l’avenir !
Votre album est fin prêt pour l’édition, quand est ce qu’il sera mis sur le marché?
Les négociations avec l’éditeur Tamdanit sont à un stade très avancées, nous espérons mettre le produit sur le marché avant le 20 avril.
Propos recueillis par B. Sadi