Site icon La Dépêche de Kabylie

“La région a besoin de paix et de sérénité”

Dans un mini-dossier, consacré, cette semaine à la dissolution des assemblées locales en Kabylie, l’hebdomadaire Les Débats a demandé au premier responsable de l’Union pour la démocratie et la République (UDR) de s’exprimer sur ce sujet d’une brûlante actualité et sur d’autres thèmes, relatifs à la vie politique nationale. M. Benyounès affirme que la Kabylie “n’est pas divisée, elle est diverse et je suis contre le parti unique. Et d’ailleurs, il n’y aura jamais de parti unique en Kabylie. Moi, je dis une seule chose : la Kabylie a besoin de paix et de sérénité. Cette paix permettra la relance de la croissance économique et l’investissement. C’es le seul moyen de barrer la route au chômage qui touche plus de 70% des jeunes de cette région”. En outre, le secrétaire général de l’UDR conditionne la relance économique par un retour à la paix. “Par ailleurs, soutient-il, ce n’est que de cette manière que la Kabylie va revenir au débat public, pacifique, qui permettra à la population de choisir librement ses représentants (…). Ce qui est certain, c’est que le monopole sur la représentativité en Kabylie est bel et bien fini”. Dans le sillage de ses explications de l’enjeu des élections partielles en Kabylie, M. Benyounès développe sa thèse, qu’il défend depuis plus d’une année, sur la nécessité de l’organisation d’élections générales anticipées qui toucheraient l’ensemble du pays et à tous les échelons institutionnels. Il dira à ce propos : “Il est vrai que la Kabylie souffre d’un déficit de représentation beaucoup plus que les autres wilayas, mais en même temps, le ministre de l’Intérieur reconnaît qu’il y a des centaines de communes qui ne peuvent pas fonctionner, faute de majorité ou à cause de problèmes internes. Mais, en même temps, qu’on le veuille ou non, la majorité des députés actuels sont contre le président Bouteflika. Le peuple s’est exprimé pour Bouteflika. On peut valablement dire que cette majorité n’est plus représentative de l’option majoritaire dans la société. Ces élections générales anticipées pourraient régler le problème de la représentativité pour l’ensemble du pays et, en même temps, régler le problème de la Kabylie. Aller comme cela à des élections anticipées en Kabylie, cela va renforcer la singularité de cette région”. Sur ce point précis, les délégués des archs semblent se rallier — mais sans y mettre trop de pression ni de zèle particulier — à l’option de la dissolution de l’APN et des autres assemblées communales où l’élection a été perturbée ou trop controversée. C’est ce qu’a déclaré Abrika, ces derniers jours, en affirmant que “le Mouvement citoyen attend de voir les indus députés révoqués.” Dans l’entretien accordé aux Débats, Amara Benyounès s’en prend aux démocrates avec l’amertume d’un “dépit amoureux” : “Je suis sévère avec les gens dont je me sens le plus proche. Je suis sévère envers les démocrates, envers l’Alliance. Pour l’Alliance, nous sommes censés être du même bord ; nous sommes censés porter le même programme du Président. Lorsque j’observe des défaillances, un manque de solidarité, des défections, je les dénonce (…). J’attaque aussi mes amis démocrates parce que nous ne sommes pas assez nombreux sur le terrain des luttes démocratiques alors qu’il y a encore beaucoup de sujets à débattre. Le Code de la famille, le report des sciences islamiques, le week-end universel, la question de l’amnistie sur lesquels les démocrates doivent faire entendre leur voix. Et lorsqu’ils désertent, je les dénonce.” M. Benyounès regrette, également, que “des démocrates qui ont payé chèrement leurs positions anti-intégristes se soient tus ces derniers mois. Ou sont complètement absents. Lorsque j’entends un démocrate dire que le débat sur le Code de la famille concerne Bouteflika et les islamistes, je trouve cette position désolante. Là aussi, laisser l’amnistie générale entre Bouteflika et les islamistes pose un problème au pays. Moi, je déplore que ceux qu’on appelle les éradicateurs se taisent dans une conjoncture aussi déterminante pour l’avenir du pays”. Au sujet du projet d’amnistie précisément, le secrétaire général de l’UDR réitère le caractère démocratique et moderniste de son parti. “C’est une évidence, nous sommes résolument dans le camp des démocrates. Mais cela ne nous empêche pas d’avoir un avis sur la démarche présidentielle (…). Mais, si les démocrates ne parlent pas et si seuls les islamistes s’expriment, ce sera l’option islamiste qui risque de l’emporter (…). Sur l’option elle-même du retour à la paix et à la stabilité, je crois qu’il y a un consensus général dans le pays. Pour nous, c’est la préservation du caractère républicain de l’Etat algérien. Il ne faut pas que les islamistes transforment leur défaite militaire en victoire politique”. Dans la foulée de son argumentation, Amara Benyounès décoche des flèches à l’ensemble de la classe politique du pays en soutenant que “nous avons des responsables politiques de l’opposition ou du pouvoir qui sont bien en deçà des ambitions de leur peuple”. En comparant le niveau de la démocratie dans notre pays avec les autres pays maghrébins, le responsable de l’UDR se montre optimiste et soutient que le niveau de fonctionnement démocratique dans notre pays est largement supérieur à celui de nos voisins et à beaucoup d’autres pays de l’aire arabo-musulmane. Il en inférera qu’il faut avoir un “minimum de sens patriotique. Tout n’est pas noir dans ce pays”.

Amar Naït Messaoud

Quitter la version mobile