Flambée des prix des fruits et légumes dans les marchés

Partager

Rien ne semble freiner la folie mercuriale ces derniers jours. Les prix des différents fruits et légumes affichés sur les étals des marchés de la capitale ne sont guère enchanteurs. Quelles sont les causes de cette montée subite des prix ? Les intervenants dans la chaîne se rejettent la balle, tandis que le commun des citoyens, ayant une famille à charge, semble blasé par des dépenses auxquelles sa maigre bourse ne peut plus faire face. Une virée au marché Ali Mellah pour en savoir plus.

Lala batata, la star !

« Probablement, vous voulez aller du côté de la pomme de terre, puisque c’est ce qui fait l’événement ces jours-ci », nous lance l’agent du bureau du marché, sollicité pour une tournée en notre compagnie. « En effet, la pomme de terre est devenue une star ! », lui rétorque t-on. « Elle est même cotée en bourse », lâche-t-il en souriant, pour signifier que le prix du tubercule a pris une allure exagérée ces jours-ci. Un marchand de fruits et légumes n’arrive pas à situer la faille et affirme ne rien comprendre : « Les grossistes disent qu’ils la vendent à 40 – 45 DA le kilo, quand nous l’achetons, on nous fait saigner », dira-t-il. Et d’ajouter : « Comme on achète on vend ; si on achète cher, c’est normal qu’on vend cher, non ?! » Les quelques citoyens faisant les allées du marché ne semblent guère branchés. Rapidement dissuadés, ils se détournent aussitôt qu’ils daignent jeter un regard furtif aux étiquettes, affichant des prix à bousculer même les bourses les plus moyennes. Un autre détaillant sollicité pour un commentaire concernant la flambée des prix nous assène sèchement : « Allez-y au marché de gros, il n’ya rien à cirer ici chez nous! ». Ne pouvant plus se contenir, il se dit outré et étonné par notre présence. « Tant que les marchés de gros ne sont pas organisés, on ne pourra rien contre l’anarchie. Que venez-vous faire ici ? », Lance-t-il. Et de renchérir: « Tous les ministères ; celui du Commerce, celui de l’Agriculture… même le président récemment réélu; sont tous au courant. Le problème c’est le manque de contrôle…Même la sardine se vend à 14h ». Son collègue lui emboite le pas, déclarant d’un air désabusé : « Je suis désolé, les fellahs ne viennent jamais au marché, ils restent dans leurs fermes. Ce sont les revendeurs qui achètent, la marchandise nous arrive en 3e, voire en 4e main… C’est une véritable mafia qui sévit. « Se voulant plus explicite, il argumente : « Tenez, tout le monde remarque que les fruits, les légumes sont stockés dans des chambres froides, puis, le moment propice, ils sont cédés à des prix à vous donner le tournis », lâche-t-il. Une grappe de marchands de détails se forme autour de nous en un laps de temps court. Cette année, la récolte n’a pas atteint le seuil escompté à Ain Defla, région réputée habituellement pour la production du tubercule. Ce que confirmera le président de l’association El-Amel d’Alger (Association des marchés de gros).

Entre l’enclume et le marteau, le citoyen.

Les allées du marché Ali Mellah sont presque vides, les citoyens ne se bousculent pas. Les vendeurs semblaient s’ennuyer seuls derrière leurs étals bien garnis et arrangés. Une pratique qui prend de l’ampleur en raison de la frénésie mercuriale qui ne cesse de narguer les maigres bourses du petit peuple. C’est la vente des légumes à la nasse ; une unité de chaque légume, confinées en un bouquet assaisonné de quelques brins d’herbe, le tout vendu à un prix variable allant de 50 à 80 DA. Quelques citoyens abordés ne cachent plus leur désenchantement face à la cherté qu’ils ont du mal à s’expliquer. Une vieille dame en passe de quitter le marché après une virée qui n’aura duré que quelques minutes, nous déclare. « Les prix, vous les voyez… Sans commentaires ! On se demande que fait l’Etat face à cette anarchie qui règne », s’est-elle exclamée et d’ajouter : « Tout le monde se jette la responsabilité et trouve un subterfuge pour se tirer d’affaire. Le pauvre citoyen, quant à lui, continue de saigner, ne savant plus à quel saint se vouer ». Reprenant son souffle, elle enchaîne : « Les prix sont inabordables. On ne peut pas vivre que de légumes secs. De nos jours, il faut un salaire de 50 000 DA pour prétendre à une vie moyenne. » Une autre femme affirme qu’au marché de Birkhadem les prix affichés sont plus cléments, tout en déclarant que la mercuriale des derniers mois est fiévreuses pour la pluparts des bourses.  » On n’arrête pas de nous faire saigner ; des œufs à 360 DA le plateau !! « , s’indigne-t-elle.

…Lorsque les intempéries sont incriminées

Les citoyens rencontrés au marché des fruits et légumes Ali Mellah, pour la plupart, n’arrivent pas à comprendre les prises d’ascenseur des prix des fruits et légumes :  » Avant, on évoquait le déficit pluviométrique pour expliquer la flambée des prix des différents produits, notamment ceux des légumes produits localement. Que trouvera-t-on maintenant ? Je pense que la maîtrise des prix des produits à forte demande doit être la priorité de l’Etat, par un contrôle rigoureux « , nous déclare un père de famille. Le président de l’association El-Amel nous a déclaré hier que « Les intempéries » sont à l’origine de la flambée des prix de la pomme de terre ces jours-ci, alors que les uns accusent les spéculateurs et, les autres, les marchands de gros. « Je n’incrimine personne, moi j’incrimine les dernières intempéries qui ont induit un manque de produit. Dans un mois, les prix du tubercule baisseront considérablement (pour les autres produits, il faudra attendre deux mois). Le manque d’engrais a restreint la production de presque la moitié », nous dira-t-il.

Il est à noter que l’exemple du marché Ali Mellah se reproduit partout ailleurs, au marché Clausel, à Bir-khadem. Des mesures d’urgence s’imposent pour un contrôle rigoureux du réseau de distribution et de commercialisation. Ce qui permettra de mettre un hola à l’informel et à la spéculation.

Reportage réalisé par Ahmed Kessi

Partager