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Le bébé sauvé des eaux

(4e partie)

-« L’enfant que j’ai recueilli dans la rivière est, en réalité, le fils du roi. J’en ai le conviction aujourd’hui. Cette dame qui travaille au palais et qui a voulu l’empoisonner en lui offrant un grand gâteau, doit être la même personne qui l’a jeté dans la rivière pour mourir. Rappelle-toi, quand il nous a dit, que la dame s’était intéressée à l’envie noirâtre qu’il a au cou. Cette marque, il l’a eue à la naissance, c’est ce qui a permis à la dame de l’identifier formellement. Elle veut l’éliminer, car il constitue un danger pour elle et pour ceux ou celles qui ont trempé dans le complot. « Notre fils » est en danger, de même que nous deux. Que Dieu nous garde ! »Le pêcheur est mort de peur. Il veut changer de domicile, mais il n’a pas où aller. Dès que la nuit tombe, il se calfeutre chez lui et reste attentif à tout bruit. Durant quelques jours, il ne va pas pêcher, de crainte que sa demeure ne soit attaquée et que son « fils » et sa femme ne soient tués.La place qu’il occupe d’habitude au marché reste vide. La dame qui a voulu les tuer, fait souvent la ronde au marché pour voir si son poison a fait de l’effet. Du fait qu’elle ne voit, ni le pêcheur ni son « fils » durant plusieurs jours, elle croit que son coup à réussi. Elle est contente et heureuse de s’être débarrassée, de cette famille dont la présence lui fait courir un grand danger qui peut l’amener au gibet. Le pêcheur ne pouvait pas rester indéfiniment à la maison, il lui faut pêcher pour pouvoir faire vivre sa famille. Et le voilà après plus d’un mois d’inactivité, obligé de se remettre à pêcher. Il reprend sa place au marché.Un jour, en voyant le père et le « fils » de loin, affairés à vendre du poisson, la dame qui avait voulu leur mort est frappée d’apoplexie. Elle retourne au palais et dit à l’ancienne souveraine que le plan qu’elle avait savamment concocté a échoué.Elle se fait de nouveau vertement réprimander. Les deux complices sont très inquiètes, le danger guette…Après avoir boudé durant quelques jours son inefficace servante, cette dernière revient à la charge, cette fois-ci avec un plan plus élaboré. Ce n’est pas à elle de l’exécuter, mais à des sicaires triés sur le volet. Mais pour qu’un tel projet aboutisse, il lui faut de l’argent, beaucoup d’argent.La reine est prête à débourser tout l’argent voulu, l’essentiel pour elle est qu’elle soit débarrassée à tout jamais, de cette menace permanente qui pèse sur sa tête. Car, si jamais le roi découvre le secret, elle finira sur l’échafaud ou écartelée par quatre chevaux. Cette perspective ne l’enchante guère. Elle donne à sa servante tout l’argent en pièces d’or qu’il faut.Son âme damnée contacte aussitôt un grand chef bandit qui écume les bas-fonds de la ville et la forêt environnante. Il a la réputation d’être l’exécuteur des basses œuvres de beaucoup de gens qui utilisent ses services pour se débarrasser de leurs ennemis ou de leurs rivaux ou rivales. Durant l’entrevue qui se déroule en secret loin du palais, il a été convenu que la servante lui remette la moitié du prix à payer, avant l’exécution du marché, et l’autre moitié sera versée après la mort de la victime désignée.La servante lui indique le « fils » du pêcheur à tuer en premier, ensuite ce sera autour de ses « parents ».Ce fut un jeu d’enfant au chef bandit que d’enlever le « fils » du pêcheur et de le ramener dans la forêt pour l’exécuter. Le chef des bandits qui ne payait pas de mine avait la peau burinée et le visage balafré de plusieurs coups de couteaux. Lui et ses sbires portaient tous des cicatrices indélébiles au visage ou aux mains. Ce qui dénote qu’ils ont eu beaucoup de coups durs.Le visage du jeune garçon contrastait fortement avec les leurs. Le chef des bandits le toise du regard et finit par le prendre en sympathie. Sa main refuse de le tuer. Il fait croire à la servante qu’il l’a tué en lui montrant un des habits du garçon taché de sang.Il prend possession d’une bourse pleine d’argent et retourne dans sa tanière en sifflotant. La servante est pressée de rentrer au palais pour rendre compte à la reine de la réussite, cette fois-ci, de sa macabre mission.

Benrejdal Lounes (A suivre)

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