Les retards économiques que notre pays a accumulés ne peuvent pas se suffire de démarches dominées par des préoccupations de court terme dont l’objectif serait simplement la recherche de solutions conjoncturelles pour apaiser les difficultés sociales ». Ce point de vue est exprimé par Omar Ramdane, président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), à propos du « pacte économique et social », lors de la session extraordinaire du forum, tenue le 27 juin dernier, et à laquelle ont pris part 69 membres ou leurs représentants, dont une copie du discours intégral de M. Ramdane et un procès-verbal sanctionnant cette réunion, sont publiés dans la dernière lettre du FCE (juillet 2005). Le forum a tenu à apporter sa contribution aux débats autour du projet de « pacte économique et social », rebaptisé pour la circonstance « Pacte de stabilisation et de croissance économique en Algérie ». Tout au long de son allocution, le patron du FCE a tenu à réitérer les positions de cette association concernant la situation économique et sociale du pays, et donner son avis sur un certain nombre de questions liées à la sphère économique et surtout à l’entreprise. Il se félicite par ailleurs du programme quinquennal d’investissement énoncé par le président de la République, qu’il juge « nécessaire et opportun ». Omar Ramdane tient, cependant, à exprimer une certaine crainte que pourrait susciter « la tentation qui consisterait à considérer que le développement peut mécaniquement résulter de la simple consommation de crédits budgétaires et de quelques transformations dans l’organisation de l’économie ». Pour le président du FCE, il est impératif de ne pas gâcher cette « chance historique pour rattraper ces retards, corriger les défaillances organisationnelles et créer les conditions pérennes d’une croissance forte et durable ». Ce n’est pas l’embellie financière qui fait défaut ces dernières années. Le FCE, par la voix de son premier responsable, reste convaincu qu’en présence des moyens de relance économique et de développement soutenu, ce sont les conditions de réalisation de cette politique qui devraient clairement constituer « la base de tout dialogue avec les acteurs économiques et sociaux ». Il fera également part du « besoin absolu de visibilité des politiques publiques », et qu’à cet effet, le moment est venu, selon lui, pour l’Etat d’afficher, en toute transparence, ses choix stratégiques de long et moyen termes, ses préoccupations de court terme, ses objectifs en matière de service public, la nature des instruments qu’il compte utiliser. Concernant l’entreprise et son rôle, M. Ramdane estimera qu’il y a un besoin et une nécessité absolus de reconnaissance du rôle économique et social de l’entreprise et de l’entrepreneur, car « l’entreprise algérienne est un acteur majeur du développement, il est par conséquent fondamental qu’elle soit reconnue comme un partenaire à part entière dans une économie de marché qui se construit ». D’autres questions « essentielles » seront également évoquées par le président du FCE, comme celles du poids de l’économie informelle, des implications de l’ouverture commerciale en cours, de la disponibilité et de la qualité de l’information économique, tant de questions « inévitables dans tout débat économique sérieux ». Sur la question sociale, le patron du FCE soulignera un point relatif aux salaires des employés dans les entreprises. Selon lui, un lien direct doit exister entre le développement de l’entreprise, l’accroissement de ses revenus et le niveau des salaires de ses employés. Un lien qui devrait être, selon lui, conçu d’une manière dynamique afin de stimuler, poursuit-il, les efforts communs et non pas constituer une voie ouverte à la confrontation entre le syndicat et les entrepreneurs. Plus explicite, il affirmera que « la fixation des salaires doit être laissée à l’initiative de l’entreprise qui doit pouvoir décider à son niveau, en concertation avec ses collectifs de travailleurs et selon sa propre situation financière. L’Etat gardera naturellement un rôle d’arbitre dans ce domaine ».
Elias Ben