D’autres, par contre, sont venus acheter des produits du terroir introuvables sur le marché local particulièrement ceux provenant de l’élevage cunicole avec ses espèces très variées telles la race californienne, espagnole et française qui ont été présentées par Kadour Aïssa, précurseur de cet élevage au niveau de la vallée, qui attend un éventuel crédit pour l’extension de son élevage et l’ouverture d’une tuerie de lapins. “Il n’y a pas de tuerie de lapins en Algérie, nous espérons installer la toute première !”, envisage-t-il.
La même ruée des visiteurs a été remarquée chez la SNC MK (Mirabtine et Kaïd) spécialisée dans le conditionnement et la commercialisation des viandes avicoles, dinde, poulet et caille.
L’après-midi a été réservé à la projection du film : “L’agriculture à Tazmalt : patrimoine, réalités et espérances”, conçu et réalisé par Idir Azeradj et produit par l’association des agriculteurs “Tazeraajtt”. Les premières séquences du film ont été tournées à Ath Hamdoune, un village relevant de la commune d’Aghbalou, le réalisateur nous montre le déroulement du premier labour de l’année “awejev” et le rituel qui l’accompagne, “taâgharbalt”. Comme quoi, il reste encore des agriculteurs qui demeurent attachés plus que jamais aux traditions et valeurs ancestrales.
La suite du film est consacrée aux interventions des différents acteurs dans le secteur (les membres de l’association, les membres de l’exécutif communal, les agriculteurs et les différents opérateurs dans le secteur agro-industriel) qui ont insisté sur la nécessité et l’utilité de cet événement comme opportunité à saisir par les agriculteurs de la région pour exprimer leurs doléances, faire part des problèmes quotidiens auxquels ils sont confrontés, s’échanger leurs expériences et mieux s’organiser.
Un traitement particulier a été réservé au métier de la “forge” hérité de père en fils selon M. Amirouche, artisan, exerçant actuellement ce métier à Tazmalt. “Passage obligé pour les agriculteurs, notamment ceux de la montagne, la “forge”, confrontée à la mondialisation et à la multiplication des charges à l’exemple du prix excessif du charbon, soit 85 DA le kilo, risque de disparaître”, dira en substance l’intervenant.
I. Azeradj, le réalisateur du film nous dira : “Le patrimoine moral et matériel du secteur agricole à Tazmalt constitue, sans l’ombre d’un doute, une assise solide, une plate-forme sur laquelle doit se greffer une politique agricole à la mesure des grandioses espérances des paysans de la région, certes, les réalités du terrain sont parfois médiocres en matière de savoir et je reste persuadé que ce genre d’événement est à multiplier pour rehausser le niveau, d’une part, des connaissances des acteurs, et d’autre part, de leur organisation en association professionnelle”. Juste après la projection du film, une conférence sous le thème : “Situation de l’olivier et de l’huile d’olive en Algérie : Transmission du savoir-faire, perspective d’exportation” a été animée conjointement par MM. Sbai (directeur de l’ITAF Takeriet) et Rachid Oulbsir, auteur du précieux livre intitulé L’olivier en Kabylie : entre mythes et réalités. Le directeur de l’ITAF a axé son intervention sur les techniques de culture de l’olivier et la valorisation des sous-produits de l’oléiculture. Pour sa part, M. Oulbsir, en parfait connaisseur de l’olivier et de l’oléiculture de la Soummam, a articulé son intervention sur l’historique de l’olivier dans la région en général et à Tazmalt en particulier. Approché à la fin de la conférence, il nous dira : “Le paysan n’est pas un démuni qui cherche de l’assistance sociale, il est un acteur et un opérateur économique créateur de richesses et à ce titre il a besoin d’accompagnements et d’encouragements”.
L. Achiou / B. Sadi
