Le chacal et la mésange

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Je veux cet oiseau, attrape-le moi papa ! – Le père dépose à terre le garçonnet et tente d’attraper la mésange qui s’éloigne de lui en sautillant.Ne pouvant l’attraper tout seul, il appelle à la rescousse sa femme.- Dépose le couffin un instant et viens m’aider à attraper cet oiseau blessé pour notre garçonnet !La femme s’exécute et dépose le couffin plein de victuailles sur le bord du chemin. C’est le moment attendu par le chacal, pour se précipiter sur le couffin et ingurgiter jusqu’à satiété couscous et viande réunis.Quand la mésange s’aperçoit que le chacal a fini de manger, elle met fin à la mascarade et s’envole, échappant à ses poursuivants. Quand ces derniers retournent pour prendre le couffin, ils le trouvent dévasté, il n’y a plus rien à manger. Nous avons été bernés, lance de dépit le mari.- Je le constate de visu, retournons chez nous. Préparons un autre couffin !Le troisième jour, la mésange vient voir le chacal et lui dit :- J’ai excaucé tes deux premiers vœux, c’est le moment du troisième. Tu as rigolé, tu as mangé, il est temps pour toi de pleurer.Après la pluie, le beau temps !- Je veux pleurer, cela fait longtemps que cela ne m’est pas arrivé. Je veux bien dégager.- Tu vas bien pleurer. Je te le promets. Suis-moi cher ami !La mésange l’emmène vers un figuier précoce (avak’our) plein de fruits mûrs. Pour empêcher les prédateurs, le propriétaire l’a entouré d’une haie d’épines et pour faire croître les difficultés, il a placé plusieurs collets (thicharkiouine) à nœuds coulants. Pour manger les meilleures figues hors d’atteinte du sol, le chacal monte sur le tronc, mal lui prend. Il met ses deux pattes de devant dans un collet, pris au piège, il reste suspendu. De douleur, il se met à crier comme un écorché. Le paysan, en entendant ses cris se précipite armé d’un gros bâton, il le bat copieusement. Le prenant pour mort, il le libère du collet et le jette dans les orties. La mésange, qui avait assisté à tout le manège attend qu’il reprenne ses esprits pour lui dire :- J’ai excaucé tous tes vœux.- Je le sais, je te remercie mais j’aurais dû m’arrêter aux premiers. Le dernier est pénible à supporter, j’ai pleuré en recevant des coups, et j’ai même failli perdre la vie. On ne me reprendra plus à vouloir pleurer : thikelt ithetsâdi af ouchen. (J’ai été eu cette fois, mais on ne me reprendra pas. Foi de chacal).

Benrejdal Lounès

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