A chacun ses vacances !

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Il faut dire que rien ne décourage les Tiziouiennes, depuis quelque temps. On s’habille « In », quel que soit ce qu’on en pense autour et quel que soit le prix. Même si le « In » signifie quelque fois juste quelques centimètres de tissu sur le corps !

Mais on ose et on assume ! Ce n’est pas une critique et c’est tant mieux si le comportement décourageait les préjugés et autres « étiquettes ». Et cette fois-ci on ne parle pas de la marque du jean ou de la robe ! Ceci étant loin de notre sujet, on parlera une autre fois du comportement de nos jolies jeunes filles. Et Dieu sait qu’elles sont et restent jolies quel que soit ce qu’elles portent ! Les boutiques de prêt-à-porter sont, donc, bondées de monde. Les étals conçus pour l’habillement « femme et enfant » sont spécialement convoités. C’est à se dire que les hommes de Tizi-Ouzou ne prêtent pas beaucoup d’importance à leur look.

On ne trouve d’ailleurs pas autant de magasins d’habillement pour homme que l’on trouve pour la femme. Ces dernières doivent être plus coquettes et plus dépensières ! Les deux arrangent d’ailleurs les magasins de mode qui justifient leurs prix, bien souvent exagérés, par le « nouvel arrivage » alors que la moitié de la marchandise a été déballée des placards. Ceci dit, les séances shopping commencent au bonheur des femmes et enfants qui préparent déjà leurs vacances. On est déjà habillés à la façon été. Fatiha, 52, institutrice, cette maman de deux filles et un garçon : « Il fait tellement chaud que mes achats de l’été ne devaient plus attendre.

D’habitude, nous attendons un peu, au moins, début juin. Cette année, nous avons décidé avec mes filles de commencer notre shopping un peu à l’avance. Les boutiques ont déjà étalé leur nouvelle collection. Et nous avons peur de rater le meilleur et de nous contenter des restes. Mes filles n’aiment pas s’habiller d’une façon commune à leurs copines. Elles aiment tout ce qui est original et rare. Alors vous imaginez ce que ça nous prendra comme temps. Coté sous, mon aînée a commencé à travailler il y a quelques mois. Alors elle m’aide un peu à faire plaisir à sa sœur et ne se prive de rien aussi. Il faut dire que les prix ne sont pas très alléchants. Pour avoir les meilleurs prix, il faut attendre un peu. Mes filles ne veulent pas patienter. Il faut dire que les vitrines sont envoutantes et vous guident sans le savoir à l’intérieur.

Je plains les gens qui ne peuvent s’offrir ce plaisir ! ». Faiha avoue que pour ce dernier elle ne se fait pas beaucoup de soucis. Un après-midi avec son père et le placard est enrichi. Par contre pour les filles c’est plus compliqué. Les mamans se font plus de soucis et se donnent plus de mal. Elles commencent déjà à remettre à neuf la garde-robe d’été de leurs princesses. Les décolletés, les robes aux mille couleurs et autres pantacourts sont déjà déballés, lavés, repassés pour attaquer un nouvel été. Il faut dire qu’il n’y a pas que les fringues qui sortent des placards, les machines à glace font aussi leur apparition, depuis quelques semaines. On en trouve partout et à chaque coin de rue. Les magasins d’alimentation générale, les pizzerias et les cafétérias en sont tous dotés. Celui, qui n’a pas de machine, à au moins un congélateur ou « cornitto » aux mille saveurs et autres esquimaux attendent preneur. Ces derniers ne se font généralement pas prier. Femmes, enfants et hommes se baladent avec un cornet de glace, notamment aux heures les plus chaudes de la journée.

Houria, 38 ans, femme au foyer et maman d’un petit Danyl, 4 ans. « Mon fils a pris de mauvaises habitudes. C’est avec son père qu’il a pris sa première glace, l’été dernier. Et depuis, il fait sa crise à chaque fois qu’on passe devant une machine à glace. Je ne peux pas aussi lui dire non même si je suis contre. Et puis je me dis qu’il me reste trois mois. si je résiste un jour, il restera 89 jours de crises à gérer. Je choisis la facilité et je cède. Et puis je comprends bien mon fils. moi-même je suis une accro des glaces. Quand j’étais enceinte de lui, son père ne rentrait jamais sans glaces à la maison. Sinon, il devait repartir pour en chercher quelle que soit l’heure ! Je suis aussi une enfant quand je m’y mets. Et puis il fait tellement chaud, qu’une bonne glace rafraichissante n’est pas de refus ». Houria semble oublier qu’il n’y a pas plus rafraichissant qu’une bonne bouteille d’eau minérale. Et ce n’est pas le moins sain pour son fils. Seulement, les fausses habitudes alimentaires et les premiers pics de chaleur enregistrés, ces dernières semaines, ne font qu’arranger les marchands de glace. Les pics de chaleur nous renseignent aussi sur ce qui nous attend pour le reste de l’été. Il faut dire que même si la croyance populaire qui dit qu’un hiver froid est toujours suivi d’un été chaud, n’est pas vérifiée scientifiquement, l’expérience a démontré que bien souvent c’est le cas. A quoi devrons-nous nous attendre cet été, en termes de températures. Il faut dire que, si l’on n’est pas très bien équipé, l’été deviendra un véritable enfer pour certains citoyens.

En termes d’équipements, le minimum serait de se doter d’un ventilateur, le mieux serait l’acquisition d’un ou plusieurs climatiseurs. Les magasins d’électroménager commencent d’ailleurs à être sollicités. Ie ne s’agit pas encore d’acheter. C’est la chaleur qui guide généralement les gens à se procurer un climatiseur. On achète souvent dans l’urgence. Certains, plus prévoyants, guettent les bonnes affaires. Ils font le tour des magasins pour avoir le meilleur prix pour la meilleure marque. Les vendeurs disent souvent que la meilleure période des ventes est la fin du printemps et en plein cœur de l’été, les effets de ce dernier s’étalant souvent jusqu’en fin novembre.

« Je suis à la recherche d’un bon climatiseur mais je ne veux pas me ruiner aussi. Alors je passe, depuis au moins une semaine, dans tous les magasins d’électroménager pour trouver la perle rare. Une bonne marque pour un bon prix. C’est difficile mais si je prends mon temps, je devrais bien trouver une bonne affaire. Je l’espère du moins. Le climatiseur est devenu une nécessité dans nos ménages. J’habite une localité plutôt exposée au soleil. Ma vielle mère est malade. Et je ne veux pas lui faire supporter un supplice dont elle se passerait bien cet eté. C’est aussi le premier eté qu’elle passe chez moi dans ma nouvelle construction. Et je veux qu’elle en garde un bon souvenir. Je prévois d’acheter pour cette fin de mois », nous raconte Mokrane, 46 ans, comptable dans une entreprise privée. Mokrane n’est pas le seul à adopter cette stratégie pour l’acquisition d’un climatiseur. Ils sont nombreux à s’y prendre à l’avance pour avoir un meilleur choix. Hocine, vendeur dans un magasin d’électroménager nous raconte : « Nous avons un eté très long. Les gens savent qu’ils n’investissent pas pour rien. Que leur acquisition sera utilisée pour une bonne période de l’année et même toute l’année s’ils le veulent, faisant fi de la consommation électrique. On achète souvent vers la fin du printemps. C’est-à-dire en avril et en mai. Mais on achète aussi en pleine période de chaleur. Là c’est l’urgence qui prime. On achète souvent par contrainte et sans résonner « Prix ». Nous sommes très sollicités en eté. Les climatiseurs sont particulièrement prisés. Mais nous vendons également des frigos et des cuisinières pour les nouveaux ménages. l’été c’est aussi la période des fêtes de mariage ». Il est vrai que les préparatifs des fêtes de mariage, généralement programmées en l’été, font bien des heureux parmi les commerçants. Des magasins d’habillement aux boutiques de chaussures, en passant par la literie et les bijouteries pour le trousseau de la mariée, aux magasins d’électroménager et d’ameublement pour l’aménagement de la maison, aux magasins de vaisselle pour les cadeaux, les fêtes de mariages constituent la source de bénéfice de nombreux commerces à Tizi-Ouzou, pour cette période de l’année. Les prix des articles cités subissent d’ailleurs bien souvent de bonnes « retouches », à tendance haussière bien-sûr. On profite de la période des fêtes pour faire le maximum de bénéfices, selon la plupart des personnes rencontrées dans différents commerces visités par nos soins. Aucun article n’est épargné. On fait ses courses généralement en couple ou avec un membre de chacune des familles, du futur époux et de la mariée. La meilleure façon de respecter la transparence des comptes, sans doute !. Chaussures, sacs, robes du soir, tenues traditionnelles, maquillage, bijoux, literie, tout passe dans la razzia.

On essaie de faire de bonnes affaires mais on n’insiste pas trop, notamment si on s’y prend à la dernière minute. Les hommes aussi font leurs emplettes mais d’un autre genre. Pour les couples qui ont la chance d’habiter seuls, le futur époux s’occupe de l’ameublement, généralement choisi à deux auparavant, et de tout article constituant les premières nécessités du ménage. Le choix du costume ne prend généralement pas le tiers du temps passé par la future épouse à choisir la dernière des paires de pantoufles !

C’est le cas de Sofiane, 36 ans : «Mission accomplie. J’ai fini mes achats. Enfin ceux dont j’ai été chargé par ma fiancée. Nous sommes passés dans les magasins de meubles et elle a choisi tout ce qui lui plaisait. J’ai versé la moitié du prix et réservé la marchandise en attendant la réception de notre appartement qui s’est fait la semaine dernière. Je reviens aujourd’hui pour guider le marchand. Il me livre dans l’après-midi. Je n’ai plus rien à faire sauf attendre ma fête dont les préparatifs sont pris en charge par mes frères. Ma fiancée s’occupe de ses derniers achats avec mes sœurs. Elles découvrent qu’elle est dure en affaire ! on en rigole tous les soirs ! », Il insiste sur le fait que sans l’aide financière de sa mère, il ne se serait marié qu’à 50 ans vu la cherté de la vie. « Sans ma mère je n’aurai jamais pu me marier avant des années. Mon mariage a coûté une fortune. Ce n’est pas évident pour les petites bourses », termine Sofiane.

Le cas de Sonia, est tout autre : est d’accord. Elle se marie aussi cet eté. Avec son fiancé, ils sont de condition très modeste. Ils ont choisi de se contenter d’offrir un petit diner pour la famille directe pour leur mariage. Et il n’est pas question d’habiter seuls. Une chambre dans le cocon familial de son fiancé, Khaled, suffit pour faire son bonheur. « Je ne vais pas attendre éternellement d’avoir assez de sous pour me marier. Je me marie. Et on travaillera à deux pour avoir des sous », nous dit Sonia optimiste. Nous l’avons rencontré chez un bijoutier de la ville où elle choisissait son alliance. Elle a tout fait pour prendre la moins chère. « Ce n’est pas une alliance sertie de diamants qui fera mon bonheur. Je suis seule apte à le créer et à le préserver », conclut-elle. Ça c’est pour les gens prêt à franchir le seuil de la cage d’or. Pour ceux qui mettent ce projet au frigo, on préfère préparer les vacances. On se prend souvent des mois à l’avance. En cette période de l’année on ne trouve jamais rien à louer aux abords des plages. Les retardataires devront se contenter des nombreux allers et venus durant les weeks-ends et les périodes de congé. Ils sont nombreux à choisir cette option, par souci d’économie. Il faut dire qu’un bungalow à 40 000 dinars, et c’est le minimum, ce n’est pas donné à tout le monde. Achour, père de trois enfants nous raconte : « J’emmène ma famille pars chaque week-end à la plage. Les frais sont supportables, d’autant que je n’ai que le carburant et les glaces à payer, le déjeuner étant préparé généralement à la maison. J’essaie de faire plaisir à ma petite famille même si pour moi qui travaille toute la semaine le comble serait une bonne journée de repos à la maison. Mais je fais un effort pour mes petits qui passent leurs vacances à la maison par manque de moyens ». Le congé annuel pour Achour, notamment ces dernières années, est idéalement consommé au mois de ramadhan. « Avec les chaleurs que nous vivons ces dernières années au mois de carême, je préfère le passer à la maison.

Mon congé annuel y est consacré », prévoit Achour. Les enfants d’Achour ne sont pas les seuls à passer leurs vacances à la maison. Elles sont nombreuses les familles qui ne s’offrent pas de vacances. Ils sont nombreux aussi les enfants qui travaillent durant l’été pour préparer leur rentrée scolaire.

C’est le cas de Yacine, en plein quête d’emploi, rencontré dans une boutique du prêt-à-porter : « Je cherche un job pour l’été. Les vacances étant hors programme, je préfère passer l’été à travailler ou du moins une partie pour pouvoir me permettre une bonne rentrée. Mon père ne peut pas m’acheter tous ce dont j’ai envie pour la rentrée. Il arrive à peine à assumer les affaires scolaires de mes frères et moi. Je travaille pour l’aider un peu et pour me sentir à l’aise en choisissant mes affaires à la rentrée. L’année dernière j’ai pu prendre en charge les trois tenues de rentrée de mes deux frères et moi-même. J’ai travaillé dans la cafeteria d’un cousin à mon père dans le centre de la ville. Je prévois de travailler cette année aussi. Je serais en terminale et j’aurai besoin de beaucoup de manuels. Je ne veux pas être une charge pour mon père. Je préfère m’y préparer mi même et laisser à mon père les éventuelles surprises. Cette année, il n’est pas question de se gâter côté vestimentaire. Je laisse tout pour les cours et les manuels ». Si Yacine cherche un job pour l’été, ils sont nombreux à profiter de cette saison pour suivre une formation. Elles sont nombreuses les écoles du centre-ville de Tizi-Ouzou à préparer des petites formations pour l’été.

De l’initiation en informatique à la maitrise de la photographie en 3 mois, aux différents cours de langues étrangères proposés, les écoles de formation ne devraient pas chômer cet eté, vu le nombre d’inscription déjà enregistrés dans certaines écoles Kahina, 18 ans préfère suivre une formation. « Je prépare une licence d’Anglais. Je viens de terminer ma première année. Je profite de l’été pour suivre des cours d’Allemand. Une langue que j’ai eu trois ans durant au lycée et que j’adore. Je ne veux pas la perdre. Je prévois alors de suivre des cours pour reprendre ce que j’ai déjà acquis et une meilleure maitrise, notamment dans le parlé. Je ne suis pas sûre de pouvoir continuer à la rentrée, mes études me prennent tout mon temps ».

Kahina n’a pas où aller, elle aussi, cet eté. A part un bref séjour chez sa grand-mère à Alger, elle devra se contenter d’aider sa mère à la maison et des rares invitations de ses cousines pour passer une journée à la plage. Ceci dit, les programmes ne manquent pas aux Tiziousiens pour cet eté, même si c’est l’improvisation et les systèmes D qui priment souvent. Les pics de chaleurs propres à Tizi-Ouzou devront encourager l’imagination. Quels que soient le programme, et le projet de chacun, deux recommandations sont de mise : déstresser et se désaltérer !

Pour la premières, il vaut mieux ne pas se coincer dans les embouteillages, un véritable enfer à Tizi-Ouzou, en saison estivale. Pour la deuxième, il ne faut pas hésiter à « glouglouter » à tout moment et à n’importe quelle heure de la journée. Aucune mesure n’est conseillée. Il suffit juste de boire à sa soif !

Samia A. B.

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