« Il n’y a ni perdant ni gagnant dans cette tripartite. Notre seul souci est le devenir de notre pays ». C’est ainsi qu’Ahmed Ouyahia a répondu à un journaliste qui lui faisait remarquer qu’il était le grand gagnant de cette 11e session de la réunion entre les trois partenaires sociaux. Pour le chef de l’Exécutif, le plus important était le projet du fameux pacte social qui n’est pas encore signé, mais qui reste toujours au stade du projet au moins jusqu’au mois de septembre prochain. En d’autres termes, les 22 heures de négociations serrées n’ont réussi, à l’exception de certaines nuances, qu’à ajourner le document cher aux trois vis-à-vis à la rentrée sociale prochaine.Au début des travaux de la tripartite, jeudi vers 9h, tout indiquait que les divergences étaient minimes sinon insignifiantes sur le fond. Les sept représentants du patronat, le secrétaire général de l’UGTA et le chef du gouvernement parlaient presque le même discours. La relance économique, la création de richesse et d’emploi étaient les leitmotive qui revenaient systématiquement dans les bouches des intervenants. Seulement, les uns et les autres ne se gênaient pas d’étaler leurs positions et défendre leurs intérêts.Les patrons exprimaient surtout leurs appréhensions quant à l’adhésion de l’Algérie à l’OMC et l’accord d’association signé avec l’Union européenne. Ils se disaient préoccupés par la hausse des impôts. Cependant, l’intervention de Abdelmadjid Sidi-Saïd a marqué l’assistance avec son ton tranchant et ferme. Il s’agit pour lui de défendre les intérêts des travailleurs qui doivent pouvoir « emmener leurs enfants à la forêt ou au cinéma ». Le patron de l’UGTA ne s’est cependant pas gêné de s’adresser de façon virulente aux patrons. « On doit casser les tabous si vous voulez qu’on réussisse. Il ne s’agit pas seulement pour vous de demander la baisse des impôts. Il vous revient aussi et surtout d’assurer les travailleurs et de sauvegarder les emplois. Au lieu de vouloir créer des rentes, il vous appartient avant tout de créer des richesses », leur a-t-il dit sans détour. Tout cela a duré une heure et demie. La suite s’est déroulée à huis clos. Aucune information n’avait filtré. Il aura fallu attendre jusqu’à 20h30 pour que les premières informations émanant des différents participants atterrissent enfin. En 12 heures de discussion, seuls cinq points étaient débattus. Et puis, plus rien. La dizaine de journalistes qui avait passé la nuit dans le rez-de-chaussée de la résidence El Mithak n’avait d’autre choix que de spéculer et d’anticiper sur le résultat de la rencontre. A 3h, les divergences entres les trois partenaires quittaient la salle de réunion pour atterrir chez les journalistes. Si Abdelkader Malki de l’UGTA voulait plutôt positiver, le président de la CNPA, Naït Abdelaziz avait donné libre cours à ses propos. « Il n’y a pas de sections syndicales tant que les conditions de fonctionnement de véritables entreprises ne sont pas réunies. Il ne faut pas tout mettre sur le dos des entrepreneurs », a-t-il lancé sur un ton grave.Mais les esprits se sont vite calmés dès l’annonce de la fin de la réunion à 6h 45. Tout le monde semblait satisfait. Il ne s’agit pour les uns et les autres que de concessions « normales dans ce genre de dialogue ». Tous disaient qu’ils avaient réussi à atteindre leurs objectifs. Quant au document final, il ne contient que des généralités.
Ali Boukhlef