Tels sont les réactions ségrégationnistes qui entourent la question berbère et identitaire en Algérie. Pourtant, le président Bouteflika en a fait son cheval de bataille durant sa campagne électorale, qui l’a menée, pour la troisième fois, aux commandes du pays. Même son ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, nous a promis de revoir la nomenclature des prénoms, et ce, avec le concours des spécialistes, historiens et chercheurs dans le domaine, (voir notre édition no : 1938 du 13/10/2008), mais rien n’est fait depuis ! Et pour preuve, après l’APC de Tizi-Ouzou qui s’est illustrée, pitoyablement, par le refus d’inscrire des nouveaux-nés sous des prénoms amazighs, tels que Mass-Tyass, Mass-iles…, cette fois-ci, c’est à l’APC d’El Harrach, à Alger, de refuser de porter sur le registre des naissances, un nouveau-né sous le prénom de Syphax.
Il faut signaler que Syphax (250-202 avant Jésus-Christ), fut un roi de la Numidie occidentale, dont la capitale était Siga, actuelle Aïn Témouchent, et ce, depuis 213 à 202 avant J.-C. Le royaume du grand roi Syphax participa à la Deuxième guerre Punique aux côtés des Romains. Syphax est vaincu et capturé en 203 av. J.-C. par le commandant romain Gaius Laelius. Il mourut à Rome en tant que prisonnier vers 202 ou 203, de la même ère toujours. Toute cette digression pour rappeler que le roi est au moins tout autant Algérien que quiconque… Contacter par téléphone, le père de Syphax, non déplaise aux responsables de l’APC d’El Harrach, nous a affirmé que les responsables de l’APC lui ont ordonné de déposer une requête auprès du procureur de la République » pour apporter des preuves de l’existence de ce prénom « . Drôle de réaction de la part d’un élu du peuple, d’abord pour une telle méconnaissance d’un pan entier de l’Histoire de son pays, et ensuite, le fait de faire preuve d’un anti-berbérisme primaire, qui a longtemps régné dans l’Antique pays des Amazighs, l’Afrique du nord ! Ces histoires de refus, qui s’assimilent à une autre manière de répression du fait amazigh, exigent un engagement de tout un chacun, afin, d’abord, de rendre à cette culture ses lettres de noblesse, après qu’elle fut, longtemps rabaissée au rang d’une honte historique que l’Afrique du nord a dû trop supporter. Ensuite, barrer la route à certaines réactions despotiques et racistes à l’égard de cette langue et culture. Comme nous l’avons plusieurs fois souligné, pourquoi les préposés aux guichets d’état-civil acceptent des prénoms à consonance islamo-intégriste orientaux comme Seif El Islam, des prénoms, totalement étrangers, donc, à notre culture, ou dans certains cas des prénoms européens. Des institutions pour la promotion de la langue et culture amazighs ont été, pourtant promis par le chef de l’Etat, mais d’un autre côté, des petits élus, comme celui d’El Harrach et celui de Tizi-Ouzou qui sont d’obédience FLN, éternel ennemi de la revendication identitaire depuis l’Indépendance, avec leurs tentatives de » linguicides « , mettent les bâtons dans les roues aux Algériens qui veulent rétablir le fait amazigh dans ses droits les plus légitimes. Qui veulent tout simplement jouir de leurs droits de citoyens algériens dans une République que l’on sache…
Mohamed Mouloudj