Ruses en série, mort assurée

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Muni de la poule, le chacal se rend dans la soirée chez un chevrier (Amek’sa n-etghet’t’en) et lui demande l’hospitalité pour la nuit. Au moment d’aller dormir il demande au chevrier, la permission de faire dormir sa poule à côté d’une chèvre. La permission accordée, il s’endort et se réveille au beau milieu de la nuit, pour dévorer l’infortuné gallinacé. Pour faire accuser la chèvre avec preuve à l’appui, il lui enduit de sang le museau. Le lendemain matin, il est le premier à se réveiller et à s’écrier comme un forcené à l’adresse du chevrier.“- Thaghat’ Nek the tcha th ayaz’it’ inou ! (La chèvre a dévoré ma poule !)Le chevrier accourt, ahuri et lui dit :“-Thasghat’ our-th tets iouzadh ayagi d’i laâmar idhri ! (La chèvre ne mange pas le poulet impossible que cela se soit passé ainsi!)“-Ressaisis-toi mon ami, et regarde bien le museau de ta chèvre, il porte encore les traces de son forfait. C’est la triste réalité, la chèvre est devenue carnassière en l’espace d’une nuit”.Ne voulons pas avoir mauvaise réputation au sujet de ses chèvres, l’homme lui propose une poule, puis plusieurs en échange. Le chacal refuse les propositions et continue à réclamer à cor et à cri, sa poule trépassé.“-C’est elle que je veux et rien d’autre, mais puisque tu ne peux lui rendre la vie pour compenser sa perte, donne moi la chèvre qui l’a mangée.”Pour se débarrasser du chacal avant qu’il n’amente du monde, il lui donne la chèvre. Heureux de l’avoir berné le chacal prend possession de la chèvre et continue son chemin. En fin de journée, il arrive avant la demeure d’un bouvier (amek’sa g-izgren). Il lui demande l’hospitalité pour la nuit et l’autorisation de mettre à l’étable “adaymine” sa chèvre. Il l’attache près d’une vache. Au milieu de la nuit il se lève, tue la chèvre et mange les meilleurs morceaux. Pour incriminer la vache, il lui barbouille le museau. Aux premières heures de l’aube en entrant dans l’étable il se met à crier à l’adresse du bouvier : “Thafounasth Nek thetcha thaghat’ inou ! (La vache a dévoré ma chèvre !”)Le bouvier n’en croit pas ses oreilles, pour qu’il se rende compte des faits, le chacal invite l’homme à examiner le museau plein de sang de sa vache, il doit se rendre à l’évidence, des propos qu’il avance. Pour qu’il s’arrête de crier, le bouvier lui propose en compensation une chèvre. Il refuse la proposition, il lui propose trois en échange, mais il refuse toujours. “Si tu ne peux pas me donner ma chèvre, donne-moi la vache qui l’a mangée ! Pour éviter que la situation dégénéré en conflit, le bouvier consent à lui remettre la vache”.Poussant sa vache devant lui, il arrive dans la soirée chez un homme riche, propriétaire d’un haras. Il demande l’hospitalité pour la nuit avec l’autorisation de mettre sa vache dans l’écurie. Il l’attache à côté d’une jument. Vers le milieu de la nuit, il se réveille et tue la vache dont il ne mange que le cœur et le foie. Pour incriminer le jument, il lui barbouille le museau de sang. Le lendemain matin au chant du coq, en se rendant à l’écurie, il se met à pleurer et à se lamenter sur le cadavre de sa vache sans vie. Il alerte de ses cris le propriétaire, et il accuse sa jument d’avoir tué sa vache, et comme preuve à l’appui, il lui montre son museau plein de sang. En guise de compensation, l’homme consent à l’indemniser en lui offrant une autre vache.“-Je ne veux pas d’une autre vache, je veux ma vache !-Puisqu’elle est morte on ne peut la ressusciter, je consens à t’offrir deux à sa place.-Je ne veux ni une, ni deux, mais à la rigueur, je peux me contenter de la jument qui l’a mangé.”Accédé, pour se débarrasser de lui l’homme lui donne la jument. Monté sur cette dernière, il rencontre sur son chemin un cortège funèbre, parti mettre en terre une vieille mémère, il propose aux hommes un curieux marché.-Donnez-moi le corps de la défunte et je vous donnerai en échange cette superbe jument !Le prenant pour un fou, ils acceptent la proposition mettant le cadavre sur son dos, il se rend dans un village tout prêt où se déroule un mariage. Voyant le bénéfice qu’il pouvait en tirer, il demande l’hospitalité au père du fiancé avec si possible, de faire dormir la vieille très fatiguée, près de la couche de la mariée. On la déposant pour donner le change au maître des lieux, le chacal lui dit :“-E t’t’es a yemma et-henni ! (repose-toi, chère mère !)Sans être vu, il lui tranche la gorge, et sort pour s’amuser.

Lounès Benrejdal (A suivre)

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