Entretien réalisé par Hamid Oukaci
La Dépêche de Kabylie : Pour commencer, voulez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Lyès Bahbouh : je suis né le 06 avril 1957à Alger-Centre, j’ai commencé à taper sur le ballon très jeune, j’ai intégré la formation de Saint-Eugène, où j’ai signé ma première licence en minime, par la suite j’ai évolué à l’ES El-Biar en cadet, après j’ai dû rejoindre l’équipe de Hydra AC.
Comment êtes-vous venu à la JSK ?
Mes contacts avec la JSK remontent à la saison 1974/1975. Je jouais alors à Hydra AC, on a affronté la JSK en Coupe d’Algérie, j’ai fait un grand match et les dirigeants de l’époque m’ont approché et m’ont proposé de rejoindre le club, mais le règlement de l’époque l’interdisait donc, j’étais obligé d’attendre l’année de la réforme, soit 1977, pour défendre les couleurs du club kabyle. Il y avait aussi Abdelkrim Khalef qui était derrière pour mon transfert, il était surveillant général au lycée Amara Rachid dont je faisais partie, donc on jouait à l’inter-lycées et il m’a vu à l’œuvre à plusieurs reprises, et il a proposé ma candidature à son frère qui était président du club.
Comment avez-vous trouvé l’ambiance au sein du club ?
Tout simplement formidable, et très encourageante.
J’ai été vite adopté par mes nouveaux coéquipiers qui deviendront des amis par la suite. La JSK est très connue pour son esprit de famille qui la caractérisait, donc les anciens préparaient toujours le terrain pour les nouveaux, afin qu’ils puissent les aider et les orienter, et moi j’ai trouvé toutes les conditions pour que je puisse donner le meilleur de moi-même.
Vous avez trouvé sur place une grande équipe qui a remporté le premier doublé de l’histoire du club, on imagine que les places étaient trop chères au sein de cette équipe-type ?
Effectivement, la JSK possédait à l’époque, une grande équipe qui a remporté le doublé, mais moi j’ai été titularisé dès le début, mais c’est grâce à l’entraîneur qui m’a fait confiance.
Au début, je jouais comme ailier droit, par la suite j’ai pris la place de Makri qui est parti à la retraite, donc j’évoluais comme inter gauche et c’est le poste que j’ai gardé durant toute ma carrière.
Vous avez gagné beaucoup de titres avec la JSK, quels sont ceux qui vous sont restés en mémoire ?
Pratiquement j’ai gagné tous les titres avec la JSK : les Championnats, les Coupes d’Algérie : Coupe d’Afrique et super Coupe d’Afrique, et chaque trophée a une saveur particulière, mais celle qui m’a marqué le plus c’est la Coupe d’Afrique des clubs champions puisqu’on a représenté dignement notre pays et, bien entendu, le doublé de 1986 où nous avons terminé champions avec 18 points d’avance sur notre poursuivant.
Vous faites partie de la grande équipe du Jumbo-Jet qui a écrasé tout sur son passage : à votre avis quel était le secret de cette force ?
Les gents pensent peut être que la grande équipe du Jumbo-Jet est venue comme ça ! Au contraire, on a beaucoup souffert pour arriver à ce niveau.
A l’époque, il y avait tout un mécanisme et un travail de base, tout marchait à merveille : la gestion du club, la discipline, le travail et la stabilité… Je me souviens que durant le stage de l’intersaison on croisait des joueurs d’autres formations qui passaient leurs vacances à la plage par contre nous, on n’avait droit qu’à seulement à 15 jours de repos, on sacrifiait de notre temps pour le club, on aimait les couleurs et on les défendait à fond, et le fruit récolté ; vous les connaissez tous, une grande équipe que les adversaires redoutaient, d’ailleurs à l’époque, certaines formations craignaient l’humiliation quand elles jouaient contre nous et il fallait repartir avec moins de dégâts. Je vous dirais que si les conditions étaient aussi meilleures que celles d’aujourd’hui, chaque année on remporterait le doublé, malheureusement à l’époque on jouait contre tout le monde, l’arbitrage, l’insécurité et l’état catastrophique de certains terrains.
Avec lequel de vous coéquipiers vous vous entendiez le plus sur le terrain ?
A l’époque, on avait une attaque que toutes les défenses craignaient ; sans me vanter, je vous dirais qu’aucun club ne peut résister à nos capacités, d’ailleurs on a gagné des matchs 11 à 0, 7 à 0, je peux jouer les yeux fermés avec Tchipalo, Menad et Aouis, sincèrement on s’entendait très bien sur le terrain.
Avec du recul, regrettez-vous d’avoir signé à l’USMA ?
Pas du tout puisque quelque part j’ai été forcé de quitter la JSK. A l’époque il y avait une loi qui interdisait à un militaire de jouer pour un club qui est éloigné de sa caserne à plus de 100 km. J’ai passé mon Service national à Alger et j’ai signé pour l’USMA où j’ai fait seulement la phase retour, mais je vous avoue que ce fut l’une des meilleures performances dans ma carrière puisque j’ai marqué 15 buts
Et l’un de ces buts contre la JSK ?
Oui, effectivement, nous avons affronté la JSK en demi-finale de la Coupe d’Algérie, au début je n’allais pas jouer, mais j’ai agi comme professionnel et j’ai réussi à marquer un but. Si vous revoyez les images de ce match vous remarquerez sûrement que je n’étais pas content quand j’ai signé cette réalisation mais que voulez-vous que je vous dise, c’est ça le football. Après avoir terminé mon service militaire, j’ai réintégré la JSK, et mes coéquipiers me taquinaient de temps en temps, en me disant que je les ai éliminés en Coupe d’Algérie mais c’est juste pour plaisanter.
En quelle année avez-vous quitté la JSK ?
J’ai quitté la JSK en 1988 pour intégrer la formation de Boudouaou – qui était très ambitieuse à l’époque. Donc, la première saison je l’ai faite comme joueur et la saison d’après comme entraîneur-joueur, on a réussi une accession historique en 2e division, à la fin de saison 1989-1990 j’ai arrêté complètement de jouer.
Pourquoi n’avez-vous pas entamé une carrière d’entraîneur ?
Si ! Une année après, les dirigeants de Boudouaou m’ont approché pour être à la barre technique du club, chose que j’ai acceptée, on a fait un très bon début de saison avec cinq victoires. Par la suite les choses commençaient à changer, étant donné que certains dirigeants voulaient m’imposer certains joueurs, alors j’ai décidé de me retirer. Par la suite je me suis installé au Sud où j’assume à ce jour la fonction d’animateur sportif et en même temps sélectionneur régional à Aïn Amenas.
Un mot pour conclure
Je remercie beaucoup La Dépêche de Kabylie à qui je souhaite une longue vie, je profite de l’occasion pour souhaiter bonne chance à notre équipe nationale pour son match capital contre l’Egypte sans oublier bien sûr les supporters de la JSK que je porterai toujours dans mon cœur.
H. O. Pour vos contacts : itranddk@yahoo.fr
