Triste sort que celui réservé au cimetière chrétien de Sidi Aïch, situé en surplomb de la ville. La vingtaine de tombeaux qu’il renferme est l’objet d’un saccage en règle, n’épargnant ni les pierres tombales ni les épitaphes. Rongé par la patine, le cimetière semble être devenu le refuge idéal pour les défoulements orgiaques comme l’atteste les bouteilles de bière et autres packagings en plastique qui jonchent un parterre par ailleurs envahit par les herbes folles. Dans cet élan de profanation, la sépulture s’est vue assignée d’autres “vocations” par des hurluberlus qui, suprême offensive, y font paître leurs moutons ! “Cette conduite qui frise l’ignominie se donne à voir à intervalles réguliers. La pratique fait des émules à l’approche de la fête du sacrifice qui voit cet enclos se transformer en parc à bestiaux”, témoigne M. A., habitant dans les parages.
“L’attitude irrespectueuse d’une partie, certes infinie, des citoyens n’atteste pas seulement d’un déficit en éducation et de civilité, elle traduit une posture d’automutilation car en attentant à un cimetière, c’est leur propre conscience que les auteurs de tels actes atteignent”, enchaîne un autre citoyen de Sidi Aïch. C’est, en définitive, un énorme travail qui attend les institutions compétentes de l’Etat et la société civile pour réintroduire dans l’espace public des habitudes aussi fortement normalisées ailleurs dans le monde que le fait de respecter les morts et de protéger les lieux de mémoire.
Lorsqu’on en arrive à agresser les éternels gisants, à piétiner les sépultures, c’est que la part d’humanité qui fait la citoyenneté s’est fait… la malle !
N. Maouche
