«Je fais l’art pour l’art car la musique est une langue universelle»

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Medjahed Hamid, le maestro de la musique kabyle est né le 6 février 1949 à Alger (la Casbah), il a fait ses premiers débuts dans la chanson en 1969. Il capitalise aujourd’hui un répertoire de 34 chansons à la Radio Chaîne II tel qu’«Ayul Ihazenane Dima», «Cheh dhegnagh», «tagujilt» et d’autres chansons qui témoignent de la beauté de la mélodie et la magie de la parole d’orfèvre de Hamid.

Riche de valeurs culturelles et ancestrales, l’animateur talentueux, l’homme à la belle voix, le roi de la mélodie, a fait la gloire de nombreux artistes dont Nouara, Djida, Mouloud Habib, Aït Meslayen, Karima, Ouardia Aïssaoui, Nada Rihane et d’autres.

Le seigneur des paroles et le roi de la mélodie nous confie dans cet entretien, le secret de la gloire, et de la réussite dans les deux domaines, l’identité et la musique.

La Dépêche de Kabylie : Vous avez mené une carrière très riche, vous êtes musicien, compositeur et animateur : quel est le secret de cette réussite ?

Hamid Medjahed : Ma carrière était très difficile, mais mon amour pour la musique, m’a aidé à suivre ce chemin, j’avais la chance de travailler ailleurs et de tenir le coup.

J’ai fait ma carrière loin du commercial car je fais l’art pour l’art dans le respect de la musique. Je n’ai pas produit plusieurs CD parce que je cherche la qualité et non la quantité.

Parlez-nous de votre première escale dans la chanson et la musique kabyles ?

J’ai commencé dans le domaine de la chanson très jeune, comme je suis né à Alger, je ne parlais pas kabyle. J’ai prononcé mes premiers mots à l’âge de 20 ans, et ce, grâce à la musique kabyle qui m’a permis d’apprendre la langue maternelle celle que je parle et que je chante aujourd’hui.

Quelle est la première chanson que vous avez chantée en langue kabyle ?

Au début, j’ai chanté les chansons de Cherif Kheddam c’est lui qui m’a révélé la chanson kabyle. C’est grâce à lui que je me suis rendu compte qu’il y avait un grand homme et qu’il faisait de la belle musique kabyle.

Entre la parole et la musique de quel côté se penche Medjahed Hamid ?

Je suis beaucoup plus attiré par la musique que par la parole, et ce à cause de mon enfance que j’ai vécue à la Casbah, d’ailleurs à l’école je m’intéresse beaucoup plus à la musique. Je suis plus versé dans la composition musicale que dans la poésie ou l’écriture.

Vous êtes donc un amoureux de la musique, quelle est celle qui vous attire le plus ?

Moi, je suis universel. J’aime toutes les musiques du monde entier, j’écoute et j’entends tous les grands genres de musique : du chaâbi, l’algérois, le kabyle, l’oranais, et même de la musique française, anglaise, chinoise, russe.

Je déguste tout. Je suis un grand amoureux de Jack Brel, Edit Piaf, Fayrouz. J’aime tout ce qui est beau car je le comprends.

Pour moi la musique n’a pas de frontière, d’ailleurs la chanson sans les paroles, elle parle, elle est une langue universelle.

Votre regard sur la chanson actuelle ?

De nos jours, il n’y a pas de création, malheureusement les jeunes chanteurs choisissent le chemin de la facilité, il font des non-stop et des reprises, ça ne fait rien de reprendre les chansons, mais ça devient trop, l’absence de la création est regrettable. Nous à l’époque, on écoutait les autres chanteurs mais on essayait de créer des nouveautés dans le domaine de la chanson et de la musique. D’ailleurs, cela ne fait qu’enrichir notre culture.

Après 40 ans de parcours pour la musique et la chanson kabyles, Medjahed Hamid, est-ce que vous avez réussi à atteindre votre Objectif ?

L’objectif on ne l’atteint jamais. En plus il ne faut pas l’atteindre, sinon on s’arrête et on stagne.

On cherche toujours plus, et à mieux faire, et moi je suis de l’avis avec le proverbe qui dit «doucement mais sûrement».

Aujourd’hui, je me rends compte que les gens aiment ce que je fais et ça me donne du courage pour avancer et progresser.

Votre dernier mot pour les lecteurs de la Dépêche de Kabylie et vos fans ?

Je demande aux lecteurs du journal ainsi qu’aux férus de la musique de ne pas tomber dans la facilité, de savoir écouter une chanson afin d’apprécier la belle parole et la magie de la musique. Je termine, en saluant très amicalement mes fans.

Entretien réalisé par Ouerdia Sait

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