Une foule évaluée à des milliers de spectateurs a assisté au gala de clôture de la Fête des cerises qu’a donnée le chanteur Zedek Mouloud au stade municipal. bien avant 18 h, heure prévue pour le gala, les jeunes et moins jeunes rejoignaient le terrain tandis les familles étaient canalisées vers les tribunes par un service d’ordre efficace assuré par la police. Beaucoup de familles avaient fait le déplacement pour écouter le chanteur natif des Ath Douala. L’animation était assurée par Arezki Azzouz de la Radio Chaîne II. Zedek donna une prestation digne de sa notoriété ; il puisa dans son riche répertoire, alternant les thèmes de la passion amoureuse, de la nostalgie, de la détresse juvénile… Une chanson sur l’Algérie meurtrie suscita un silence de recueillement. Zedek sait marier à la perfection la mélodie au thème de la chanson car tandis que les appels à la danse et à la joie étaient portés sur des rythmes endiablés, les vagues furieuses de sa musique refluaient ensuite doucement sur les registres de la nostalgie, de la réflexion et de la peine des petits gens. Et il guidait alors en maestro la masse de spectateurs vers les chemins d’une douce tristesse, de l’émotion, de la douleur intime. Mais même en ces moments de gravité, le ton ne cédait jamais au découragement ou à l’abandon, l’espoir est toujours au détour d’une phrase, d’un ver bien ciblé. Il y a un appel constant à la vie. Sa voix d’une gravité suave s’accordait parfaitement à l’accompagnement musical amplifié par une sonorisation impeccable. Un homme, la quarantaine, dira : “Quand Zedek chante sur scène, on n’est jamais déçu tellement la qualité de sa production est égale à celle de ses enregistrements”. Sur le terrain, les jeunes se défoulaient à qui mieux, en dansant et accompagnant l’artiste de la voix et du geste. Quand il entama “amouseraoul” tout le monde se mit à danser et l’on s’essaya à quelques pas de danse même dans les étroites tribunes. Un tonnerre d’applaudissements et des cris accueillit la reprise d’une chanson de Matoub.
Ce fut le délire. Les spectateurs prouvaient leur attachement indéfectible à l’idole disparue. Pendant plus de deux heures, sans faire de pause, le chanteur créa une ambiance d’envoûtement, en totale osmose avec le public. Des hauts parleurs répercutaient la musique aux alentours. A la fin, la chanson Il est temps de partir sur une mélodie plutôt triste, presque une complainte, annonça avec regret la fin du gala qui fut en tous points une réussite. Les bons moments durent bien peu. Le dernier mot de Zedek au public : “Je vous aime” et les gens quittèrent doucement et dans le calme le stade, en espérant que des soirées comme celle-ci puissent se renouveler.
M. Amarouche