L’oued Sahel, l’un des affluents de la Soummam, arbore une triste figure. Si Dame Nature, en le soumettant à une diète hydraulique sévère, l’a réduit à sa plus simple expression, l’effet pervers de l’action anthropique lui a porté le coup de grâce. Les riverains, qui ont souvenante du passé de cet éco-système qui, il n’y a pas longtemps, offrait une large étendue acquière faisonnante de vie, sont horrifiés. Et pour cause, le contraste entre cette splendeur passée et son état actuel, est pour le moins saisissant. Le milieu crève littéralement sous les immondices dont il est devenu le réceptacle.
Le cours d’eau, déjà fortement éprouvé par un étiage sans précédent, n’est plus qu’un filet d’eau lamentablement dénaturé par les flux résiduaires puants et polluants, achevant ainsi ce processus de stérilisation de l’oued.
Le danger le moins patent mais qui, en final, peut s’avérer lourd de conséquences est celui que fait planer l’infiltration des eaux polluées qui finiront favorablement par atteindre la nappe phréatique. Un risque d’autant plus probable qu’il est potentialisé par l’extraction inexorable de quantités industrielles de sable. “Il y a les puits qui sont creusés à un jet de pierres du lit majeur de l’oued. Il y a même des forages à gros débit alimentant des communes comme Ighil Ali et Aït R’zine”, fait observer un agriculteur d’Allaghan entretenant un verger à deux pas de la rive droite de l’oued Sahel.
A hauteur du point d’Allaghou en jonchant le cours d’eau, l’odeur âcre de la fumée résultant de la combustion des déchets solides se mélange à la poussière générée par l’activité d’une sablière toute proche pour envelopper l’atmosphère d’une épaisse brume polluante.
A même les berges Les monticules de déchets dispersés à perte de vue offrent un spectacle des plus insolites.
C’est un exemple édifiant et une preuve tangible que rien ou presque n’a été enregistré dans ce domaine qu’on ne finit plus de regarder par le petit bout de la lorgnette.
N. Maouche
