(1e partie)
«Amachahou rebbi ats iselhouAts ighzif anechth ousarou»(Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).Dans la vie, il faut choisir ses amis, mais surtout ses associés. S’associer à des roublards, des fourbes ou des menteurs peut vous jouer des tours. A ce propos, nous vous invitons à lire cette histoire du terroir mettant en scène un chacal et un hérisson. Elle est édifiante à plus d’un titre. Suivez-nous.Ce conte se passe à l’époque où les animaux avaient le don de la parole. A la lisière d’une forêt, vivaient dans deux terriers, situés à proximité un chacal et un hérisson. Ils sympathisent et deviennent des amis inséparables. Un jour, le chacal propose à l’hérisson de labourer et de semer des fèves (ivaouen).Ne voyant aucun inconvénient, l’hérisson accepte la proposition. Au moment de récolter les fèves, pour les ensiler “athen g’en d’eg k’oufan”, ils trouvent par hasard un pot de miel (aqvouch n tament) à moitié enfoui dans le sol, et mis à nu par les pluies. Ils l’ouvrent et constatent que le miel était en parfait état. Quelqu’un l’a mis là, pour le faire vieillir et servir de médicament. Prompt à prendre des décisions, le chacal dit à l’hérisson :- Je vais le cacher dans un autre endroit pour ne pas le casser. Ce soir, à la fin des travaux, on va le partager entre nous deux. C’est entendu !Ne doutant de rien le hérisson continue à moissonner. Quelques instant plus tard, le chacal lui dit :- Semh’iyi ay inissiTsough our-k’d nigh araAd arvou illi-s khaltiAh’ouadjen iyi maraOui-d iloulen assagiAs semigh i lvaraka!(Pardonne-moi cher associé, j’ai oublié de t’aviser, la fille de ma tante va enfanter il me fauit assister, je dois bénir le nouveau-né et le prénommer).- Puisque c’est ainsi, tu peux y aller, mais reviens une fois que tu l’as prénommé.- Compte sur moi cher ami. Cela ne me prendra que quelques instants. Le temps de liquider la formalité, je reviendrai reprendre mon activité.- Je savais que tu allais me répondre ainsi, tu n’est pas de ceux qui abandonnent leurs amis en proie à des difficultés !Ayant convaincu son associé du bien fondé d’assister à la cérémonie, le chacal s’éclipse comme l’éclair.Mais au lieu d’aller assister à l’accouchement comme il prétendait, il fait un détour et, se rend à l’endroit où il avait caché le pot de miel. Il l’ouvre et lape goulûment de sa langue, le tiers du pot. Le miel est excellent, consistant et rassasie le chacal en, un instant.De retour auprès du hérisson, ce dernier lui dit :-Amek’is thsemadh i lekhelq agi ?(Comment as-tu prénommé le nouveau-né ?)- Semagh as belqemouch !(Je l’ai prénommé bouche ! allusion à bouche du pot de miel dont il a mangé la partie supérieure).- C’est un prénom étrange, je n’ai jamais entendu quelqu’un appeler un enfant ainsi !- C’est le seul prénom que j’avais à l’esprit et je le lui ai donné, de nos jours il ne faut s’étonner de rien cher ami !Le chacal et le hérisson reprennent leurs travaux. En début d’après-midi, le chacal eut la fringale. Pour l’apaiser il demande au hérisson :- Je ne sais pas ce qui se passe aujourd’hui, je viens de me souvenir à l’instant, que “illis n aâmi” la fille de mon oncle va aussi enfanter et il est impératif que je sois présent pour prénommer son nouveau-né. Si tu le permets, je ne vais pas trop tarder. le chacal s’éclipse et va droit devant lui. Une fois hors de la vue du hérisson, il change d’itinéraire et se rend pour la seconde fois à l’endroit où est caché le pot de miel. Il le déterre et avale le miel jusqu’au deux tiers. Rassasié il revient dare-dare ragaillardi vers son ami le hérisson.Le voyant visiblement content le hérisson lui dit :- Our th ât’ledh ara ay ouchenAmek’ is thsemadh i ouagi ?(Tu n’as pas trop tardé, comment as-tu prénommé ce second nouveau-né,).- Semagh as belâlit’(Je l’ai prénommé “ventre” (allusion au milieu du pot de miel, ventre du pot).- Ce nom est insolite, je n’ai jamais entendu quelqu’un appeler un enfant ainsi !- C’est la mode mon ami !
Benrejdal Lounes (A suivre)