»Pas question de privatiser la privatisation »

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Le processus de privatisation enclenché, depuis 1995 à ce jour, et dont l’objectif était purement budgétaire a été voué à l’échec du fait des insuffisances de structures économiques fiables, dira le docteur Nacer-Eddine Sadi, économiste et spécialiste des questions de privatisations et professeur à l’université Pierre Mendès-France à Grenoble, invité hier au Forum d’El Moudjahid. Dans son ouvrage intitulé La privatisation des entreprises publiques, réflexion autour du processus engagé par l’Algérie et expérience dans le monde, M. Sadi, a, dans son analyse, développé les causes de l’échec liées essentiellement à des facteurs politiques, juridico-institutionnels, socio-économiques et culturels, et ce, en s’appuyant sur des modèles étrangers et les expériences des pays de l’Est. « L’Algérie est en pleine construction de son économie de marché (..), il n’est pas question de privatiser la privatisation », explique notre interlocuteur qui ajoute qu’“à ce moment-là, on ne peut pas interdire à l’Etat d’intervenir pour assumer la transition économique. La privatisation n’est pas la transition elle-même, elle est une mesure de réformes comme tant d’autres mesures. C’est une opération de longue haleine. En Algérie, on a donné à la privation un but strictement budgétaire. La privatisation est un moyen pour récupérer de l’argent. Or, là, se situe l’erreur, dira l’économiste pour qui la privatisation est une réforme qui permet de passer de l’économie administrée à l’économie de marché. En effet, « tous les pays qui ont accordé à la privatisation un objectif exclusivement budgétaire ont eu des désillusions. » Il souligne de plus qu’il s’agit plutôt « d’une action imminemment politique », « elle n’est pas une fin en soi ! » Dans ce contexte, il recommande à l’Etat d’abandonner la théorie et de s’imprégner de la réalité et des expériences des pays de par le monde. « Le rôle de l’Etat restera déterminant, il n’est pas question de vouloir privatiser la privatisation », dit-il en faisant allusion à la politique actuelle du gouvernement qui a mis en vente les 1200 entreprises. L’action de l’Etat doit s’inscrire dans la stabilité, la durabilité. Hormis le secteur des hydrocarbures qui a mené une politique de privatisation selon l’acceptation anglo-saxonne qui se veut large —puisqu’elle englobe le transfert physique, le leasing, la location, un transfert indirect des biens de l’Etat—, la privatisation qui a concerné tous les autres secteurs d’activité économiques a consisté en la vente des biens de l’Etat. Il dira enfin que si on veut qu’il y ait un secteur privé, les mécanismes structurels du marché tels le marché des capitaux, la bourse, etc, doivent suivre.

Sabrina Bouras

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