La direction de l’éducation de la wilaya de Boumerdès a organisé, du 1er au 4 juillet derniers, sous la tutelle du ministère, un concours national ouvert de musique avec la participation des lycées et CEM du territoire national. S’il est vrai que la musique est enseignée, effectivement, comme matière dans les écoles algériennes, les élèves qui ont des chances de devenir des prodiges ne se contentent aucunement de ce qu’on leur apprend dans leur établissement scolaire. C’est le cas de la jeune lycéenne bougiote du lycée Les Oliviers de Bgayet, Cindy Aïssanou, qui a obtenu, à Boumerdès, le Premier Prix au piano. Ayant représenté son lycée, Cindy est une élève de piano de l’école privée Le Carré d’Arts dirigée par Mme Boucheffa et qui a en à peine trois années d’existence comme activités, la musique et le dessin en attendant d’autres disciplines artistiques. Par ailleurs, d’autres élèves de l’école Le Carré d’Arts se sont produits à Boumerdès, en hors concours, en représentant leurs écoles respectives : il s’agit de Fayçal Dahmani (piano) du CEM Ibn-Toumert de Bgayet, du duo Farah Moualek et Adam Aïssanou (piano-flûte) de l’école Les Iris de Bgayet, ainsi que du duo de guitaristes Lounis Mahrouch et Yacine Mekhnèche du CEM Yahiaoui d’El-Kseur.
Faut-il rappeler que Bgayet était appelée La ville des artistes avant la traversée du désert qu’a connue le secteur de la culture dans la ville de Yemma Gouraya pendant de longues années? Concernant la musique, les jeunes ont toujours été connus pour leur engouement à jouer d’un, ou même de plusieurs instruments.
D’ailleurs, les sections existantes au sein des établissements culturels et de la jeunesse ont toujours été complètes à travers la wilaya de Bgayet Malheureusement, l’inexistence de moyens, et surtout, d’infrastructures artistiques adéquates a découragé énormément des jeunes qui auraient pu devenir des prodiges. A titre d’exemple, il faut reconnaître que c’est honteux qu’une ville comme Bgayet n’ait pas, à ce jour, une école de musique classique universelle alors que cela fait des décennies qu’elle est demandée. Bgayet, une ville kabyle, n’est connue que par la musique andalouse à travers l’association culturelle Ahbab Cheikh Saddek El-Bjaoui et l’association de musique andalouse En-Nacéria… un genre de musique qui ne fait pas l’unanimité au sein de la région de la Soummam et qui ne reflète nullement son identité culturelle. La preuve est qu’en l’absence d’alternative qui réponde aux attentes de nos jeunes, ceux-ci se « rabattent » sur le style agaçant du « Spécial fête » à longueur d’année.
Ainsi, pour que Bgayet recommence à « faire parler d’elle », il fallu que Mme Boucheffa investisse dans ce domaine en créant cette école de musique et de dessin Le Carré d’Art. Trois ans plus tard, le résultat est là et ce n’est pas le fruit du hasard puisque nous avons visité cette école qui offre toutes les commodités pour l’apprentissage efficace de la musique classique universelle. Avec deux enseignants, Lyès Chemali, PEF diplômé de l’ITE de Bouzaréah, et Nouredine Boukhiar, éducateur spécialisé en arts lyriques diplômé de l’Ecole supérieure des cadres de la jeunesse de Sidi-Mabrouk (Constantine), il a quand même fallu des sacrifices et de la persévérance puisque ces enseignants exercent dans leurs secteurs respectifs. En tout cas, le défi est peut-être en train d’être relevé lorsqu’on sait que les autres villes d’Algérie ne manquent pas de grandes écoles, Le Carré d’Arts seul ne pourra répondre aux besoins de toute une jeunesse avide d’apprendre.
Amastan S.
