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Amnésie royale ou diversion désespérée ?

Poussant le bouchon plus loin ne se souciant pas d’un éventuel incident diplomatique tant les relations entre nos deux pays sont précaires, Omar Hillal soulignera que “la fermeture des frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie est en contradiction avec les tentatives d’intégration maghrébine, et encourage la contrebande sous toutes ses formes”.

Intervenant lors d’une conférence à Beyrouth au Liban, l’ambassadeur affirmera que la position algérienne “va à l’encontre du processus d’intégration régionale qui constitue un choix stratégique pour le Maroc”.

Virulent dans ses propos, le diplomate s’insurge en indiquant que “l’intégration économique de toute la région requiert une ouverture bilatérale des économies de ces pays et de leurs partenaires étrangers”. Par ces pays, Omar Hillal vise évidemment l’Algérie.

Allant plus loin, il affirme que “la décision des autorités algériennes de camper sur ses positions bloque le développement des échanges et entraîne des pertes démesurées pour les économies des deux pays”.

Le Maroc ne cesse de réitérer ses appels pour l’ouverture des frontières terrestres entre les deux pays, néanmoins côté algérien, la question n’est pas d’actualité et la réouverture n’est pas une décision unilatérale.

Plusieurs inconvénients restent à régler et le litige majeur est la question du Sahara occidental. De leur côté, les autorités marocaines estiment que le différend autour de la question du Sahara ne doit pas être une entrave au processus d’intégration économique dans la région.

Baroque quand même, cette sortie, monsieur le diplomate a la mémoire courte. Souvenons-nous des années de braises où l’Algérie avait été isolée et où le Maroc avait jeté de l’huile sur le feu.

En 1994, les autorités marocaines avaient accusé les services de renseignements algériens d’être derrière l’attaque qui avait ciblé un hôtel à Marrakech.

Un incident diplomatique grave qui avait engendré la fermeture de la frontière terrestre en imposant un visa aux ressortissants algériens et appelant les Algériens en visite au Maroc de quitter le territoire marocain dans les 48 heures, ce qu’Alger avait considéré comme accusations insidieuses et une atteinte intentionnelle.

Le diplomate a affirmé que le commerce informel dont le chiffre d’affaires avoisine les 550 millions de dollars “nuit lourdement aux économies des deux pays”.

La réouverture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc favorisera le royaume chérifien surtout côté tourisme, sachant que la Tunisie absorbe une grande partie des touristes algériens. Il va sans dire que les appels de sirènes des autorités marocaines parsemés par des déclarations unilatérales et “maladroites” vont certainement encore raidir les relations entre les deux pays et porter préjudice aux efforts fournis côté algérien.

Reste à savoir la réaction des autorités algériennes qui écartent une éventuelle réouverture des frontières terrestres. La question du Sahara occidental reste l’inconvénient majeur surtout que le royaume campe sur ses postions.

“La normalisation des relations algéro-marocaines passe par le règlement des litiges sensibles et la décision de la réouverture des frontières terrestres n’est pas unilatérale”, avait déclaré le ministre de l’Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni récemment.

Hacène Merbouti

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