Beaucoup de nuisances

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C’est une véritable descente aux enfers pour les citoyens habitués à une vie de qualité loin des vacarmes citadins et des gaz toxiques qui infestent leur ville. Raisons économiques obligent, le CW 42 A est très convoité par un défilé de poids lourds convertis pour la circonstance au juteux créneau de transport de marchandises.

L’affluence record de cette voie économique émergeante fait le bonheur de beaucoup de transporteurs et participe de la dynamique d’alimenter de grands chantiers nationaux indispensable à la mutation du pays. Pourtant, les villageois, eux, y voient une véritable malédiction qui frappe de plein fouet leur village où jusqu’alors, il était bien possible de mener un vie décente.

Des essaims de camions de gros tonnage défilent à une cadence effrénée. Ces engins transportant du sable et des gravats depuis l’oued Sahel vers des chantiers autoroutiers de l’Est du pays sont considérés à tort ou à raison comme la source de tous les maux qui frappent en ce moment la population.

Sans relâche, les bruits assourdissants des moteurs propulsant des bennes chargées jusqu’à 40 tonnes mettent à défi la quiétude des citoyens. Les riverains immédiats du chemin de wilaya éprouvent le plus grand mal à trouver leur sommeil, pris en tenaille entre les vrombissements des moteurs puissants en action et les grincements de freins et autres bruits qui s’ajoutent lorsque les camions abordent un ralentisseur. Autres nuisances pour le moins préoccupantes, ce sont les gaz toxiques d’échappement que les piétons respirent à longueur de journée. Enfin, cerise sur le gâteau, un nuage de poussière est dégagé constamment par cette armada d’engins qui s’entrecroisent.

Des poussières qui ne sont pas sans effets nocifs pour les poumons des villageois vulnérables. Au niveau du centre-ville, on a vraiment l’impression d’être au fin fond du désert, quand il est balayé par un vent de sable. Avec des pots d’échappement généralement orientés vers le sol (on ne sait pas pourquoi) chaque camion qui passe apporte son lot de poussières aveuglantes et asphyxiantes.

Des poussières qui n’épargnent pas les commerces où s’approvisionnent les citoyens en produits alimentaires et fruits et légumes. Parfois irrités et lassés d’avoir à subir tant de nuisances, des bénévoles, tôt dans la matinée, nettoient en arrosant le sol. Les abords du chemin de wilaya qui prend les allures d’un lit d’oued sans eau, offrent quelques instants de répit à la poussière tant que le sol demeure humidifié. Le bonheur des commerçants et des piétons est limité dans le temps puisqu’il suffit que la terre arrosée soit sèche pour que les citoyens soient de nouveau la proie des nuées de poussière dans l’attente du revêtement du CW 42 A. Voilà le prix fort que doivent payer les citoyens ballottés entre les promesses sans lendemain faites depuis 2004 par l’administration et l’espoir d’aspirer à un cadre de vie décent. La grande inconnue demeure est la question qui se pose : pourquoi l’étude a été faite en deux parties pour réhabiliter ce chemin que l’on considère comme un poumon de l’économie nationale ?

Ce qui reste incompréhensible c’est le fait que le tronçon le plus détérioré (Béni Mansour-Boudjellil) a été relégué au second plan et programmé en phase finale de la rénovation. L’administration s’en défend mettant en avant des arguments trop fragiles pour tenir la route. Les villageois continuent à endurer les conséquences d’une gestion anarchique. Si on tient compte des lamentations qui s’expriment quotidiennement alors il est fort probable comme nous le disent des délégués exaspérés par le statut quo, que le village voué à l’oubli, est bel et bien sur un baril de poudre.

“Si les citoyens réinvestissent la rue, ça ne sera pas facile à les canaliser cette fois, avertit Karim Bara, rappelant tout le mal éprouvé lors de la dernière levée de boucliers populaire de mars 2009 pour ramener les manifestants à de meilleurs sentiments et les convaincre de lever le siège de la voie ferrée et du CW 42A fermés à la circulation”. Les autorités vont-elles accéder à un éventail de revendications pendantes depuis 2004 ?

Z. Z.

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