Sur les traces de leurs aînés…

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Bien que ces dernières années, dans nos fêtes, la tradition soit quelque peu changée, en écoutant ces DJ et autres instruments de musiques, “à Tizi Gheniff, les groupes d’Idhabalen ont de beaux jours devant eux. Acherchar, Imasdurar et Djurdjura sont fort heureusement là et continuent à perpétuer la tradition dans la région et les environs. Dans l’une de nos enquêtes, nous avons rencontré la troupe Djurdjura.

Composée de cinq membres (Lounis Fatah, Abachi Amrane, Ibari Arezki, Boumrar Aziz et Boumrar Abdeslam), cette troupe fait parler d’elle. Sur les traces de leurs pères disparus, eux aussi ayant leur troupe, Fateh et Amrane ont ressuscité ce folklore bien de chez nous. Leur succès, ils le doivent à leur album sorti en 2006 dont le titre phare est “Amirouche”.

Fiers de ce métier, ces cinq jeunes hommes portent encore ces gandouras jaunes floquées du signe 2 d’Imazighen et de turbans jaunes dorés. Nous nous sommes rapprochés des membres de cette troupe ; le chef du groupe, Lounis Fateh, fils d’un Adhebal nous a accordés cet entretien.

La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez formé cette troupe ?

Lounis Fateh : Avant tout, je vous dirai que j’ai commencé à taper sur le tambour à la fin des années 70. Déjà, à cette époque-là, mon père était lui aussi dans une troupe. Je l’accompagnais dans toutes les fêtes.

Ah ! c’étaient des agréables moments que je n’oublierai pas.

Voulez-vous nous présenter les membres de votre troupe ?

Eh, bien ! Vous avez Amrane, Arezki, Aziz et Abdeslam.

Avant d’oublier, j’ajoute que Amrane est lui aussi fils d’un autre Adhabel. Nous avons choisi d’appeler notre troupe Djurdjura.

Est-ce que vous avez un produit sur le marché ?

Bien sûr. Nous avons un album dont le titre est Amirouche.

C’est un album qui a bien réussi. Mais, notre plaisir est d’animer des fêtes car nous sommes en contact direct avec le public.

Qu’est-ce que vous ressentez après avoir continué le parcours de votre groupe ?

D’abord, c’est un grand honneur. Et puis, comme vous le voyez nos coutumes tendent à disparaître de nos fêtes, nous sommes très contents de revivre la joie des années 70 et même celles des années 80.

Avez-vous remarqué que les gens reviennent de plus en plus à la tradition?

Beaucoup de gens commencent à nous solliciter. Il y a même une très forte demande. D’ailleurs, je vais vous surprendre en vous disant que c’est complet d’ici la mi-août, nous sommes très satisfaits.

Sans être un peu curieux, combien demandez-vous pour animer une fête ?

Ce n’est un secret pour personne. Accompagner un cortège revient à quinze mille dinars. Une nuit plus cortège à dix-huit mille dinars.

Enfin si le trajet est long par exemple sur Alger, jusqu’a vingt-cinq mille dinars. Cela ne veut pas dire que nous n’allons pas animer une fête gratuitement quand il le faut.

Qu’est-ce que vous n’acceptez pas dans votre métier ?

La chose qui nous choque est quand on voit des artistes comme nous troquer la tenue traditionnelle en costume. Nous ne quittons jamais nos tenues.

C’est une marque culturelle indissociable de notre folkore. C’est la cerise sur le gâteau.

Un dernier mot ?

D’abord, je rends hommage à toutes les troupes d’Idhablen qui ont continué à embrasser ce métier malgré la profusion de styles musicaux. Par la même occasion, je rends un grand hommage à mon père qui n’est plus de ce monde ainsi qu’Ibari Arezki, Amrane Saïd, Boeztine Arezki car on leur doit beaucoup pour nous avoir guidés sur cette voie.

Pour les jeunes, je dirai qu’il ne faut pas baisser les flûtes et les tambours. Idhabalen est une autre marque de notre culture.

Veillons sur ce qui reste de cet art. Je remercie vivement votre journal qui nous a accordés cet entretien pour faire art de ce type de folklore à vos lecteurs et à tous les Kabyles jaloux de leur culture.

Entretien réalisé par Amar Ouramdane

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