La Dépêche de Kabylie : Pourquoi avez-vous choisi Tiwizi comme thème du scénario ?
J’ai choisi le thème du scénario Tiwizi parce que c’est une vérité pour construire et non détruire. Tiwizi, veut dire l’entraide, le coup de main. C’est l’une des coutumes les plus importantes de notre “aârch at aâmr y yub” qui est actuellement presque perdue et même méconnue par la nouvelle génération, c’est pour cela, que j’ai choisi ce thème et le réaliser avec un effectif composé de vieux et de vieilles, des hommes et des femmes, des garçons et des filles pour rendre hommage aux uns et faire bénéficier les autres.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à choisir vos élèves pour le tournage du film ?
J’ai réalisé ce film Tiwizi avec la majorité de mes élèves, garçons et filles, pour plusieurs points : je les connais et ils me connaissent, ils sont plus au moins prêts physiquement et moralement pour réaliser les séquences que je leur ai demandées comme Taqar, Tabahul, Imeghtal, Amayaf, et autres jeux traditionnels, ils sont assurés et j’ai aussi l’autorisation de leurs parents. Et je veux aussi que ce privilège leur soit dédié par leur maître, pour avoir participé au 1er film de ce genre. J’espére voir ces derniers suivrent ma voie surtout en ce qui concerne la culture. Parce que vous savez autant que moi que la vérité ne pourra jamais être cachée indéfiniment, car elle s’appelle toujours “tidets” et “tidets” : d nettat id dduh n idelsan. Et idles : d netta id lainsar n tudart. Effectivement, il y a aussi d’autres participants de notre ârch et aussi la section théâtrale de la maison de jeunes Mouloud-Feraoun leqsar qui ont participé avec nous pour 2 séances. Pour donner plus d’importance à ce film, nous avons ramené une vieille femme de 92 ans et une autre, femme de chahid de 87 ans pour deux raisons essentielles ; l’une c’est de les immortaliser, l’autre pour honorer les autres participants, il y avait même des bébés et cela grâce à la famille Benouaret Idir, qui participe avec toute sa famille. Notre appel, moi et l’association, à toute la population du douar Azrou N’Bechar en général, et toute la population de ârch Ath Aâmr U Yub en particulier, afin de se regrouper et de trouver une solution qui mettra fin à l’interdiction qui a été décrétée depuis 1954 par l’armée française et qui est toujours en vigueur.
Et bien, l’occasion vous est offerte pour terminer cette discussion ?
Je remercie infiniment le journal La Dépêche de Kabylie, qui nous a donné l’occasion de nous exprimer et tous ses lecteurs. Mes grands remerciements vont aussi à mes élèves de l’Usamk qui ont participé à la réalisation de ce film et aussi ma famille, qui m’a facilité la tâche sans oublier tous les autres qui nous ont aidé de près ou de loin, surtout l’APC d’Amizour et l’APC d’El-Kseur (en moyens de transports). J’espère que ce film sera un plus pour tamazight. Les séquences réalisées dans ce film sont extraites de mes deux livres L’enfant du village et Tiwizi : Acercur yessawalen (poésie) que j’ai écrit, il y a déjà plus de 10 ans et qui étaient enfouis dans ma mémoire depuis plus de 50 ans, parce que ce que j’ai écrit n’est pas de la science fiction. C’est mon vécu et mon douar, bien sûr, il y a autre chose de très important qui sera dans le film et qui n’est pas écrit dans mes deux livres, c’est l’histoire de Aârmr Yub. La vie des moudjahidine dans le maquis durant la Révolution, en particulier, lors des accrochages. Mon objectif est la réhabilitation de notre douar, les autorités compétentes doivent se pencher sur notre situation, actuellement désastreuse : sans eau, sans électricité, et sans route. Il y a même des villages qui sont inaccessibles même aux ânes, c’est pour cela que les villages sont restés vides et en ruines, depuis la Révolution de 1954 à nos jours. Ce film montrera concrètement la situation de notre ârch Ath Aâmr Y Yub. Mes remerciements à Maître Benouaret Mohand pour sa contribution financière et aussi, à Point pub pour son courage. Oui, le film n’est pas totalement fini, il y a encore des petites retouches à faire et on a besoin d’aide, que ce soit étatique ou sponsoring.
Entretien réalisé par Zahir Hamour