“Mon rêve, m’imposer sur la scène mondiale”

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La Dépêche de Kabylie : Un grand public qui a, dès les premières heures de la soirée, rempli les gradins du stade Oukil-Ramdane de Tizi-Ouzou, une prestation à la hauteur de l’événement, on peut dire que votre passage est un franc succès …

Mohamed Allaoua : Franchement, je suis très heureux. Je vous assure que j’ai eu la chair de poule au moment où je foulais la scène, c’est impressionnant. Ce grand public me donne vraiment de la joie et surtout de la volonté pour aller de l’avant. Animer un spectacle comme ça à Tizi-Ouzou me comble, c’est un grand plaisir. J’espère pouvoir dans les prochains jour réussir la même chose à la coupole d’Alger.

Avant cela, vous avez tout de même rempli le Zénith de Paris que dire alors de la coupole…

Réussir mon passage à Alger me tient aussi à cœur. À voir ce grand public j’ose espérer que c’est possible. Cela dépendra aussi de l’implication de plusieurs parties, car l’effort d’une seule personne ne suffit pas.

Justement, jeune artiste que vous êtes, comment avez-vous pu accrocher un public formé de jeunes et de moins jeunes ? Un secret ?

Le secret c’est le travail en continu. Dans la carrière d’un artiste, la chance joue parfois un grand rôle. Cependant, grâce à Dieu, en premier lieu, et à mon travail que je fais en toute sincérité, j’ai pu m’imposer, le meilleur est à venir. Je suis à ma dixième année de carrière, je pouvais disparaître à n’importe quel moment. Toutefois, avec le travail, l’abnégation et la continuité, j’ai pu garder, Dieu merci, mon public.

Oui, mais votre carrière remonte tout de même à plus de 10 ans …

Tout a fait. Mais je nevous parle pas des années de radio qui ont contribué incontestablement à ma formation surtout avec la présence du regretté Rachid Alliche. A cette époque, je travaillais pour avoir une formation solide, une base sur laquelle je pouvais envisager une carrière professionnelle réussie. Je veux parler surtout du début effectif de ma carrière, c’est-à-dire mon premier album Thamghra Oughilas l’été de l’an 2000 par la suite A baba Chikh dans la même année

Le public a très longtemps attendu la sortie de votre dernier album qui connaît un franc succès…

C’est un rêve d’enfance qui se réalise. J’ai toujours rêvé de réussir la sortie d’un nouveau produit sans lui faire une campagne promotionnelle. Depuis la sortie officielle de mon dernier album L’houbiw àmezwaru, il a été très bien accueilli par mon public. Ça marche très bien même si pour ma part je n’ai fait à ce jour aucune sortie publique, ni déclaration à la presse écrite ou audiovisuelle.

Votre renommée dépasse à présent les frontières algérienne, des spectacles grandioses en France, au Maroc… Peut on parler de Alloua une star internationale ?

Non…non ! Je m’excuse, mais il est encore tôt de parler de cela. C’est vrai que nous avons réalisé l’exploit de se produire dans un Zénith archicomble à guichets fermés en plus, puisque les billets ont été écoulés 15 jours avant la date du spectacle, cependant, c’est grâce à notre communauté établie en France que le gala a pu être grandiose. Au Maroc, nous n’étions pas connus, notre récente participation au festival culturel d’Agadir (Maroc) nous a permis de découvrir notre public là-bas. Il y a beaucoup de travail qui reste à faire avant de répondre par l’affirmative à votre question.

Justement, parlez nous de votre passage à Agadir au Maroc :

Il s’agit d’un festival culturel amazigh. J’ai eu personnellement l’opportunité de découvrir des gens qui connaissent très bien la chanson kabyle plus que cela, un grand public qui répétait avec moi mes chansons, c’était vraiment de grands moments d’émotion. C’est pour cette raison que je me dis que je dois encore travailler toujours plus afin que je puisse, comme vous le dites, dépasser nos frontières, faire connaître la chanson kabyle au fin fond du monde. Vous avez récemment obtenu, en France, un Disque d’or, un fait rare pour la chanson kabyle …

Oui et je suis très content, même si cette distinction a été attribuée conjointement avec le groupe RNB fever. Mon rêve est d’obtenir le Disque d’or individuellement comme Idir, Slimane Azem et Nouara.

Dans les derniers albums de Allaoua, le public constate que vous vous êtes rapproché des styles musicaux tels que le gnawi ou le flamenco …

C’est beaucoup plus pour faire plaisir à mon public que je l’ai fait au départ. C’est pour permettre à ceux qui n’apprécient pas le folklore de se retrouver dans mes œuvres d’autant plus que mes débuts, je les ai faits sous les airs du style andalous.

Mais vous, qui êtes plutôt connu et aimé pour le folklore kabyle, ne pensez-vous pas que jouer les autres styles est un risque que vous avez pris ?

Je suis d’accord avec vous. Je citerais l’exemple de la chanson Assed Arghuri. J’ai hésité, à un moment, avant de l’enregistrer car elle tend vers le style oriental. Dieu merci, le titre s’est avéré un grand succès, aimé et repris par le public, car je pense qu’il a trouvé quelque chose de nouveau. Vous savez bien qu’il n’est pas du tout évident que le public kabyle vous adopte facilement. Il est très exigeant.

Alloua prend-il conscience de l’envergure et de la dimension qu’il prend auprès de ce public, se considère-t-il comme un star ?

Premièrement, je ne me considère pas comme une star, car je pense qu’il me reste du travail devant moi pour atteindre ce niveau. Je suis quelqu’un de très exigeant avec moi-même déjà. Ça m’arrive de ne pas être satisfait de l’un de mes produits, j’essaye à chaque fois de me perfectionner et de donner toujours le meilleur de moi-même pour satisfaire mon public.

Peut-on dire que vous êtes un artiste engagé ?

Oui. Je me considère comme un artiste engagé. Je lutte pour une cause noble. Je suis effectivement engagé dans le combat identitaire. Vous savez bien que je suis Algérois. Je ne maîtrisais pas bien le kabyle, mais malgré cela, j’ai pu aimer en kabyle (rire).

Que pensez-vous de l’introduction l’usage de la langue française dans la chanson kabyle ?

Ce n’est pas tellement important. J’ai intégré à plusieurs reprises des mots en arabe et en français, le défunt Matoub Lounès faisait également de même dans ses chansons. Cependant, cela ne doit pas porter atteinte à la structure de la langue kabyle. Des fois j’essaye d’introduire des mots en langue étrangère afin de permettre à un large public de comprendre le sens de mes chansons.

Votre dernier album connaît un grand succès. parlez-nous de ce produit…

Je n’ai pas introduit beaucoup de changements dans mon style musical. Le cas contraire pourrait ne pas plaire au public. Ce dernier se reconnaît toujours dans mon style, tant mieux!

Des projets ?

Je prépare actuellement une tournée mondiale qui me mènera aux USA, Canada, France en plus de l’Algérie.

Que fait Allaoua avant de monter sur scène ?

Je récite toujours des versets coraniques.

Alloua et le foot ?

Je suis un fidèle de la JSK et de l’équipe nationale. Lorsque ces deux équipes jouent, il m’est toujours difficile de me retenir, la tension monte (rire)

On vous laisse le soin de conclure.

Je remercie du fond de mon cœur le public kabyle qui m’a adopté. C’est grâce à eux que je suis en train de réussir ma carrière.

Entretien réalisé par Omar Zeghni

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