Etablissement public de la santé de proximité (EPSP) : exiguïté et débordement

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Ce service du secteur de la santé qui a hérité d’une aile de l’ex-polyclinique évolue dans un espace réduit qui est loin de répondre aux besoins des capacités d’accueil indispensable pour ce centre du chef-lieu de daïra.

En effet, les patients affluent de la majorité des communes en raison de la diversification des offres de prestations en matière de couverture sanitaire à savoir : un cabinet de consultation en médecine générale qui reçoit une moyenne de 150 patients/jour, un autre cabinet pour les consultations spécialisées en chirurgie, dermatologie, génécologie, et internes qui traitent une moyenne de 40 malades par jour en consultation programmée (sur RDV), une salle de soins qui accueille environ 120 patients/jour, un cabinet dentaire qui fait face, à 15 malades chaque matin et enfin, une PMI (Protection infantile et maternelle) qui reçoit entre 30 à 40 consultations.

Tous ces patients sont reçus quotidiennement dans un local étroit qui ressemble à l’un des marchés couverts d’Alger où règne une anarchie totale, faite de bousculades, de vociférations, brouhaha et gémissements auxquels s’ajoutent une chaleur torride, suffocante en l’absence d’ouvertures d’aérations et où se mêlent d’insupportables odeurs d’éther, de transpirations et d’alcools. Des femmes enceintes, à termes de leurs grossesses, sont contraintes d’attendre debout durant des heures ou s’asseoir carrément par terre dans les couloirs et qu’il faudrait enjamber pour pouvoir passer, le hall transformé en salle d’attente ne pouvant contenir le tiers de tout ces malades, ce qui crée un désordre permanent.

Des agents de sécurité dépassés par cette déférlante humaine quotidienne n’ont d’autre alternative, que d’appeler en renfort des policiers pour… “régler la circulation dans les couloirs», de plus, l’attente est interminable à cause d’un effectif réduit au stricte minimum du personnel du para- médical.

Nous apprenons sur les lieux, que les congés de ce corps sont bloqués, à cause du manque de remplaçants.

En guise de bureau, le chef de ce service s’est aménagé le…débarras avec un orifice comme fenêtre, un bureau qui ressemble beaucoup plus à une cellule, ce qui nous a dissuadé d’aller à sa rencontre pour éviter d’augmenter sa gène. Nous nous sommes contentés d’observer la scène. Coincé dans un coin du couloir sans pouvoir faire le moindre mouvement, le cœur soulevé par de fortes odeurs, et transpirant abandonnant. Ce qui se passe dans ce service plein comme un œuf d’une foule bigarrée et d’où montent des gémissements et sons plaintifs de douleur, est intolérable, ce service de la santé est tout simplement un…centre de souffrances qui est loin de faire honneur à tous ceux qui ne ratent aucune occasion, pour se planter devant les caméras des télévisions et se targuer en bombant fièrement le torse, d’avoir redressé la situation d’un secteur qui ne peut être qualifié que d’agonisant.

Les hautes instances de la wilaya doivent y faire une tournée au niveau de cet EPSP en début de matinée par une journée de semaine pour se rendre compte d’elles-mêmes. Des nourrissons sont «parqués», des femmes enceintes et des vieillards livrés à eux-mêmes. Une vision qui rappelle les «camps de concentrations» du temps du colonialisme. Une solution urgente doit être dégagée sans délais au moment où des maladies pandémiques circulent dans les moindres recoins du territoire national, ce centre constitue un effroyable milieu de contamination particulièrement pour les nourrissons.

Oulaid Soualah

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