Il y a quelques mois seulement, le fils d’un commerçant de Boghni a été enlevé pas loin de son village natal, à Aït Ali, sur les hauteurs de la commune de Bounouh, libéré après paiement d’une rançon… A qui le tour ? C’est la question qui revient à chaque fois qu’une affaire d’enlèvement connaît un dénouement. Le phénomène fait peur. A elle seule, la wilaya de Tizi-Ouzou a enregistré plus d’une quarantaine de kidnappings, se transformant, ainsi, en une véritable plaque tournante et un champ de prédilection pour les ravisseurs, privilégiés par un contexte sécuritaire particulier, un manque de couverture et un relief accidenté qui font de certaines localités des zones à hauts risques où le sentiment de peur et d’appréhension se fait sentir dès que l’on y pose les pieds. Lassée de subir les affres d’une situation intenable, la population se révolte et réagit bruyamment. Les habitants du village Aït Ali, dans la daïra de Boghni, ont été les premiers à monter au créneau pour dénoncer le rapt d’un jeune de la localité. Les citoyens se sont mobilisés durant tout le week-end pour crier leur ras-le-bol de vivre éternellement sous la menace. “On ne peut pas continuer à vivre sur ce rythme. On est sur le qui-vive et en alerte tout le temps. Sur ces hauteurs oubliées par tous, sauf par les ravisseurs, un couvre-feu qui ne dit pas son nom est imposé. Personne, sauf urgence, n’ose emprunter les routes du kidnapping, c’est vraiment infernal. Il est temps que les autorités réagissent pour mettre le holà à un phénomène qui fait beaucoup de mal à la région entière”, nous dit, en colère, un citoyen des Ouacifs.
Grève générale des commerçants et rassemblement de la population à Ouacifs
C’est ainsi que la région des Ouacifs a connu une fin de semaine mouvementée. Après la grève générale des commerçants initiée justement pour dénoncer le fait qu’ils soient les premiers (aux côtés des entrepreneurs) à être la cible privilégiée des ravisseurs, c’est un imposant rassemblement qui a été tenu par des centaines de citoyens devant le siège de la daïra des Ouacifs pour montrer leur exaspération. “Il faut que ça change !”, nous déclare un autre citoyen originaire de Zaknoun, sur les hauteurs de cette commune. Ces deux actions simultanées qui viennent des habitants du village Aït Ali, sont révélatrices de la volonté qu’affiche, plus que jamais, la population. Le mur de la peur, érigé depuis des mois, semble se briser peu à peu. Les citoyens de Tizi-Ouzou se mobilisent pour venir à bout d’un phénomène dévastateur, aux conséquences fâcheuses, fuite des investisseurs, entre autres. Ils espèrent à ce sujet que les autorités civiles et militaires interviendront pour endiguer le phénomène car cela fait trop pour une région de subir à la fois le diktat du terrorisme, le banditisme et toutes sortes de délinquance en plus de vivre la peur au ventre, en raison des enlèvements.
A. Z.