Pas d’espace pour le trabendo

Partager

El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, intervenu avant-hier au Forum d’El moudjahid, a annoncé que des facilitations seront accordées aux marchands qui activent dans un cadre informel dans l’optique de les aider à s’intégrer dans le circuit légal. Autrement dit, les régulariser. Dans ce genre de décision, la volonté politique ne suffit guère. Car la lutte contre ce fléau qui menace l’économie nationale nécessite de déployer des moyens appropriés susceptibles de mettre un terme à sa prolifération. Le secteur informel n’a de cesse de ronger la part de l’économie « légale ». Si on se réfère aux chiffres avancés par le ministre du Commerce, l’ampleur qu’a prise le marché informel est, pour le moins que l’on puisse dire, inquiétante. Pas moins de 732 marchés ont été recensés à l’échelle nationale, regroupant ainsi plus de 100 000 intervenants, soit près de 13% des commerçants inscrits au registre du commerce. Eu égard à ces chiffres effarants, il y a lieu de se demander comment le département de Djaâboub compte-t-il procéder pour parer au plus pressé ?. Pourra-t-il intégrer les 100 000 « commerçants » dans le circuit légal comme il l’avait promis ? Cette tâche est loin d’être facile à réaliser, pour ne pas dire qu’elle relève de l’utopie, du moins, à l’heure actuelle. Le premier responsable du secteur a soulevé le problème d’espace commercial. Ce dernier fait défaut, souligne le ministre. D’après Djaâboub, sur les 732 marchés informels recensés, seulement 30 ont été insérés dans le circuit légal, totalisant 5 000 intervenants, soit 5 % de la totalité des intervenants dans ce secteur. Un taux dérisoire ! Le reste sera-t-il éradiqué ? Une éventualité que le ministre du Commerce n’a pas écartée dans la mesure où il a explicitement affiché sa détermination à déterrer la hache de guerre contre tous ceux qui nourrissent ce marché informel. « Nous nettoierons notre commerce », a t–il dit d’un ton catégorique. Dans la capitale, ou le phénomène a atteint son apogée, sachons que pas moins de 68 marchés ont été recensés dans 41 communes, 25 marchés ont été éradiqués et, par conséquent, le nombre de personnes qui y activent, de l’ordre de 4090, s’est vu sensiblement réduit. L’assainissement du marché devient, pour reprendre les dires du premier responsable du commerce, une priorité. Des brigades de contrôle sont, selon ce dernier, à pied d’œuvre sur le terrain. Un effectif de 3 300 agents sont mobilisés, dont 1500 sont versés aux contrôles de la qualité et 1800 aux contrôles des pratiques commerciales et anti-concurrentielles. Dans la capitale, 50% des effectifs de contrôle d’impôts et de commerces sont consacrés à la lutte contre les activités informelles. Une opération de contrôle a été lancée le 23 juillet dernier. Celle-ci s’étalera, selon la direction des impôts, jusqu’au 31 décembre de l’année en cours. Les interventions d’ores et déjà réalisées ont porté leur fruits, selon un responsable des impôts. Cette même source indique qu’au premier semestre 2005, la direction des impôts de Bir Mourad Rais a récupéré une somme colossale en produit fiscal sur 703 dossiers contrôlés. En termes de recettes effectives, les agents ont enregistré 27.7000 milliards de dinars. Toutefois, l’effectif de contrôle mobilisé demeure insuffisant, selon Djaâboub. Ce dernier a précisé que « le ratio est de 1 agent pour 500 commerçants régulièrement établis nonobstant ceux activant dans le secteur informel. Ce qui est insuffisant pour assurer une bonne couverture spatiale et technique ». En effet, dans certaines régions de la capitale où les autorités publiques sont présentes, l’opération de contrôle a donné ses fruits. C’est le cas d’El Hamiz, une circonscription très fréquentée par les trabendistes, où près de 60% des « commerçants » ont baissé rideau le 23 juillet dernier suite à la visite des services du commerce et des impôts. Sur les 800 commerces qui existent à El Hamiz, 300 d’entre eux ont reçu la visite des inspecteurs des impôts et ceux du commerce. Les contrôleurs n’ont rien laissé au hasard. Les registres du commerce, les factures, l’identification des activités non déclarées et la poursuite des recouvrements ont été réclamés et vérifiés. Un autre exemple qui mérite d’être signalé, c’est bien celui du marché de Bachdjarah. Mais cette fois-ci, pour dénoncer l’absence des autorités locales. Une anarchie indescriptible y règne. L’informel bas son plein dans cette commune. La délinquance également. En absence des forces publiques, les « intrus » font leur loi. Ils ont squatté pratiquement toutes les artères, la rue principale y compris. Celle-ci est devenue impraticable. Les marchants étalent leurs produits à même le sol. C’est un grand bazar en plein air. Tout s’y vend. Mais la quantité l’emporte sur la qualité. Ce sont les produits chinois qui sont les plus proposés à la clientèle et ce, à de bas prix. Ces derniers inondent le marché. Les commerçants qui activent dans un cadre formel ont, à maintes reprises, protesté contre leurs « concurrents ». « Nous subissons une concurrence déloyale », fulmine un commerçant rencontré au marché de la cité. « Ils ont accaparé tous nos clients. Et par-dessus tout, ils ne sont même pas sommés de payer de taxes ». Un autre ajoute : « C’était prévu de créer des marchés » parisiens « du côté de Michelin, mais rien ne pointe à l’horizon ».

Wassila Ould Hamouda

Partager