Anzar ou la pluie fécondante

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L’eau fait partie des quatre éléments fixes depuis la pluie haute antiquité par la sapience humaine : la terre, l’air, le feu et l’eau. Le corps des êtres vivants est constitué à 70% d’eau. La surface de la planète terre est, elle aussi, inondée dans les mêmes proportions.L’historien Hérodote a dit que l’Egypte serait une simple masse de sable désertique sans la bénédiction du Nil.C’est pourquoi, dès le commencement de la vie, l’eau a été appréciée à sa juste valeur comme élément vital irremplaçable. Elle a été vénérée même dans les contrées où elle surabonde à l’exemple de la Scandinavie. Dans ces terres nordiques ont eu lieu les premières recherches qui ont abouti au recyclage des eaux industrielles et domestiques.Dans les pays méditerranéens, les pays du Croissant fertile (Sumer et Babylone) et dans l’Amérique précolombienne, les peuples ont consacré à l’eau des divinités auxquelles sont prêtés des sentiments,des humeurs et des volontés. Pour obtenir de l’eau dans les moments de sécheresse et de disette, il est fait appel à ces dieux pour lesquels on fait des immolations, des parades nuptiales ou des rites magiques. Dans l’ensemble, ce sont des cérémonies prioritaires, destinées à amadouer le dieu, à apaiser sa colère et solliciter sa générosité qui finit presque toujours par se délier par l’arrivée de la manne du ciel.Dans la civilisation des Mayas, le dieu de la pluie et de la fécondité s’appelait Chac.Les Aztèques, eux, sont connus pour la mythologie dont ils entourent Tlaloc, le dieu de la pluie.C’est le huitième maître des jours et le neuvième seigneur des nuits. Il demeure au sommet de la montagne et on lui sacrifiait des enfants au 1er et au 3e mois de l’année. Les Aztèques se baignaient dans un lac et se mettaient à imiter les gazouillis des oiseaux. Ils utilisaient des cloches de brouillard pour obtenir de la pluie. Tlaloc était aussi vénéré que redouté. Parfois, dans sa générosité débordante, il lance sur la terre tempêtes, torrents et foudre, et dans ses moments de colère vindicative, il fait régner la sécheresse.Dans le mithraïsme, une religion ancienne de l’aire civilisationnelle indo-iranienne, Soma représentait la divinité de la pluie fécondante qui tombe de la lune.Les Naïades de la Grèce antique sont des nymphes gardant les ruisseaux, les rivières et les fontaines.Habitant les versants escarpés du Djurdjura, des Bibans et des Babors, les Kabyles ont une relation viscérale, intime, voire mythique avec l’eau. Ils ont su, très tôt, dompter la nature hostile pour en faire un joyau. Des torrents de montagnes furent domestiqués jusqu’à en faire une énergie mécanique qui faisait fonctionner les huileries et les meuneries. Des mares d’eau, avec les canalisations nécessaires, ont été aménagées pour irriguer des jardins et des vergers avec un sens d’organisation extraordinaire qui n’a son pareil qu’au niveau des foggaras, du Sahara. Dans les hameaux et les villages, les sources ont été captées pour en faire des fontaines familiales ou publiques où — images d’un romantisme secret et merveilleux — viennent puiser l’eau les femmes et les jeunes filles avec des amphores en poteries locale. Le paysan de Kabylie a aussi aménagé pour son cheptel vasques et abreuvoirs attenants à la fontaine ou retirés dans un autre emplacement. Lorsque, par une saison exceptionnelle, le ciel se fait parcimonieux, et lorsque toutes les autres solutions auront été épuisées (rationnement, réorganisation des rotations d’irrigation, apport des fourrages secs pour le bétail), les petits et les grands sortent dans une grande aire, puis avancent dans le champ en appelant Anzar au secours au cours de cérémonies aussi solennelles que festives.

A. N. M.

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