La dissolution des assemblées locales de Kabylie n’est plus qu’une formalité juridique. Après sa consécration par un décret présidentiel, l’administration locale des wilayas concernées s’est chargée de notifier les fins de mandats aux élus, et ce, pour procéder aux passations de consignes. D’ici le scrutin, la gestion des affaires courantes de ces municipalités sera confiée aux secrétaires généraux. Les choses sérieuse ont bel et bien commencé.Au FFS, principal concerné par ce renouvellement partiel des instances élues, l’heure est à la confusion et à l’incertitude. Le parti fait mine de continuer à résister, mais le cœur n’y est vraiment pas. Les passations de consignes en sont la meilleure illustration, puisque celles-ci se déroulent, à Tizi Ouzou dans des conditions incroyablement rocombolesques.En effet, et en l’absence d’une décision définitive tranchant la question, l’état-major du parti a décidé de se maintenir sur ses positions et de n’afficher aucun signe d’abdication, ne serait-ce que pour offrir à ses élus la possibilité d’agir comme bon leur semble.Ces derniers, eux, se sont retrouvés, par ce fait, dans une situation fort incommodante, puisque coincés entre les directives de leur parti et les pressions de l’administration locale qui ne cesse de les tarabuster sur la nécessité de céder leurs prérogatives aux SG dans les meilleurs délais. De fait, certains maires ont fini, apprend-t-on, par jeter l’éponge et remettre les clés des APC qu’ils ont présidées depuis octobre 2002. D’autres, apparemment plus attachés aux consignes du parti qu’ils représentent, refusent de se laisser faire. Même s’il est clair que cette option ne peut aucunement s’inscrire dans la durée, du moment qu’elle sera imminemment anéantie par la force des textes juridiques, ces maires “récalcitrants” affirment qu’ils continueront à agir de la sorte jusqu’à ce qu’ils soient parfaitement mis devant le fait accompli. C’est le cas notamment des P/APC de Tizi Ouzou et de Beni Yenni qui se sont affichés intraitables sur le sujet des passations de consignes.Toutefois, ces deux maires ont eu la présence d’esprit d’affirmer (au cas où !) ils rendront public un bilan détaillé retraçant leur passage à la tête de leur commune.La population locale, elle n’arrive toujours pas à se départir de la déconcertante impassibilité qui l’envahit depuis l’annonce officielle de la dissolution.Préférant vaquer à leurs occupations quotidiennes, les citoyens ne semblent pas accorder un intérêt particulier aux tracasseries du FFS. On observe la chose, on la commente et puis c’est tout ! Vouloir s’immiscer dans les affaires des partis politiques n’étant pas à l’ordre du jour.Pour ce qui est des archs sortis grands vainqueurs du bras de fer avec le FFS, ça jubile beaucoup moins outrageusement que lors de l’annonce de la tenue des partielles. Et pour cause, le Mouvement citoyen a sérieusement focalisé son attention sur ce scrutin qui sera, il faut le rappeler, le premier qu’il tolérera en Kabylie depuis son ascension en mai 2001.D’après les informations en notre possession, les archs semblent accorder un intérêt tout particulier à l’option du parrainage des listes élec-torales. Si l’idée n’est plus niée au sein de la communauté archiste, sa mise en application demeure, elle, tributaire de la réflexion que le mouvement compte lancer autour de la question. Une réflexion qui sera appuyée ajoute-t-on, par une “large concertation populaire” dans les quatre coins de la Kabylie.Ceci dit, et entre les incertitudes du FFS et les perspectives des archs, certaines formations politiques auraient déjà opté pour l’économie du temps et des efforts : pour elles, l’élaboration des listes électorales a déjà commencé !
Ahmed Benabi
