C’est une véritable curée qui s’est produite depuis le début du ramadhan sur les figueraies et les champs de figues de barbarie.
Cette subite ruée sur ces fruits de saison s’explique par la flambée des prix des autres fruits au niveau des marchés et placettes à laquelle s’ajoute la précarité de la majorité des ménages.
Partout dans les villages de la daïra de M’chedallah, les propriétaires de vergers continuent selon un rite ancestral à partager gratuitement les récoltes de ces deux fruits avec parents, amis ou simples voisins sans tenir compte de liens de parentés ou de situation sociale comme le veut la coutume.
Aussi toute personne qui se présente au niveau des vergers est invitée à se servir gracieusement par les propriétaires, même ceux qui se servent sans être invités le font en toute confiance sachant que nul n’oserait enfreindre cette coutume millénaire qui leur assure leur part dans ces fruits.
A M’chedallah cette tradition toujours respectée est d’actualité. Ainsi on trouve tous les fruits et légumes provenant de la production locale au niveau des marchés sauf les figues fraîches et les figues de barbarie. Quelques énergumènes étrangers a la région mais qui s’y sont installés ont bien essayé de les commercialiser mais ont vite renoncé pour cause d’absence de clientèle ; de plus, ils ne peuvent s’approvisionner, les fellahs refusent de leur céder ces fruits par pur respect à cette ancienne coutume.
L’arrivée du Ramadhan cette année qui coïncide avec celle de la maturité des figues a fait que les champs sont pris d’assaut particulièrement par les démunis que la cherté des autres fruits à fait rabattre sur ces figues qui n’ont rien à voir aux autres fruits en matière de goût ou de pouvoirs nutritifs ; bien au contraire les figues de barbarie et celles de figues fraîches ne subissant aucun traitement à base de produits chimiques, elles gardent leurs goûts d’origine très recherché ce qui constitue la deuxième raison de ce rush sur les vergers.
Cependant, la figue de barbarie épineuse bien protégée par une peau épaisse donc peut être consommée directement après qu’elle soit extraite de son enveloppe, mais gare à l’abus ! Elle peut provoquer de terribles constipations ; à commencer par un lavage minutieux, ayant d’abord une peau fine et très sensible, dés qu’elle arrive à maturité ce fruit se recouvre d’une matière sucrée et collante qui accroche tout ce qui flotte dans l’air, poussière, microbes et toutes sortes d’insectes contrairement à la figue de barbarie, elle provoque des diarrhées quand elle est consommée chaude, donc il faut la laisser refroidir dans de l’eau ou la mettre au réfrigérateur, c’est une manière sûre d’éviter des désagréments, malheureusement, la production de ces deux fruits est en nette régression car les figuiers qui demandent un entretien et des soins permanents ont été pour la plupart complètement abandonnés durant la décennie rouge de plus c’est un des arbres les plus difficiles à pousser mais aussi les plus fragiles. Plus de la moitié des vergers ont complètement disparu et leur déclin se poursuit. Sans une réelle politique de relance, la région de M’chedallah risque de perdre à jamais l’un des premiers arbres fruitiers avec l’olivier qu’ont commencé à cultiver nos ancêtres et qui constituait durant plusieurs générations l’une des principales richesses de cette région.
Oulaid Soualah
