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Un métier, une passion

Aujourd’hui, l’élevage des abeilles pour l’exploitation du miel, connaît un nouvel engouement de la part des agriculteurs et l’on se souvient des aides octroyées par le Parc national du Djurdjura pour promouvoir l’apiculture. Cependant, les bénéficiaires de ces ruchers n’ont pas su entretenir leur élevage et les abeilles ont tout bonnement déserté les ruches. La ruche est une maisonnette de bois percée d’une fente horizontale (trou de vol) où vit la colonie d’abeilles. Les anciennes ruches en paille ou faites dans des troncs d’arbres ont été remplacées par des ruches à cadres mobiles, en bois ou en plastique, celles-ci se composent d’un corps et d’une housse que l’on ajoute au moment de la miellée (période de grande récolte de miel), elles renferment des cadres de bois verticaux dans lesquels les abeilles construisent leurs rayons de cire et que l’on peut enlever indépendamment du voisin sans déranger la colonie. L’emplacement du rucher doit être correctement choisi. Certaines régions de Kabylie permettent des récoltes abondantes par la proximité de ressources naturelles (prairies, arbres fruitiers) ou donnent des miels particuliers (bruyère, sapin, acacia, colza etc…). Les races d’abeilles sont nombreuses et l’abeille commune noire ou brune appelée chez nous Thizizwa lekbayel est bien adaptée au climat local, mais elle peut être agressive. Il existe également une race dite “Italienne”, une abeille au corps doré qui produit bien mais qui ne résiste pas aux hivers rigoureux et ses croisements avec d’autres races donnent des abeilles très actives et très agressives. La visite d’une ruche demande certaines précautions et afin d’éviter les piqûres, l’apiculteur s’abstient d’être en sueur ou parfumé en couvrant ses cheveux et son visage, des combinaisons d’une seule pièce protègent l’ensemble du corps. Avant d’ouvrir une ruche, l’apiculteur enfume celle-ci par le trou de vol en actionnant le soufflet de l’enfoumoir, les abeilles effrayées, se gorgent alors de miel et deviennent moins agressives. Lors de la visite du printemps, la présence de grandes plaques compactes de couvain d’ouvrières est l’indice d’une bonne reine. Si une colonie est trop faible ou orpheline, on la réunit à une autre après les avoir toutes deux aspergées d’un sirop parfumé afin de donner aux abeilles la même odeur. Le nourrissement des abeilles s’avère nécessaire lorsque les provisions sont insuffisantes ou quand le printemps est trop froid ou pluvieux. On alimente également les abeilles en versant un sirop de sucre dans une boite spéciale placées sur la ruche. Le miel est récolté de avril à mai selon les régions, lorsque les rayons sont pleins de miel opercule et dès la première quinzaine de mai, on place les housses ou magasins à miel.La transhumance (ou apiculture pastorale) est pratiquée par certains apiculteurs, qui transportent pendant la nuit les ruches d’une région où la miellée se termine vers une contrée où d’autres espèces florales permettent une récolte plus tardive pour augmenter le nombre des miellées et diversifier leur production de miel en fonction des plantes mellifières. L’essaimage se produit entre mai et juin par beau temps chaud, l’essaim se pose sur une branche proche de la ruche. Une ruche qui essaime perd la moitié de ses travailleuses et diminue donc de sa production. De ce fait les apiculteurs essayent de limiter l’essaimage en plaçant les hausses assez tôt. La cueillette de l’essaim se pratique quand l’essaim est bien formé, on place sous celui-ci un panier dans lequel on recueille la grappe d’abeilles en secouant la branche d’un coup sec, à ce moment les abeilles sont inoffensives. On enruche rapidement l’essaim. Le droit de suite permet au propriétaire d’un essaim de réclamer celui-ci et de s’en ressaisir tant qu’il n’a pas cessé de la suivre. Le peuplement d’une ruche s’effectue traditionnellement par la capture d’un gros essaim sorti d’une ruche au mois de mai. On prépare la ruche en fixant sur les cadres des feuilles de cire gauffrée qui constituent la cloison mitoyenne des alvéoles et guident les constructions des abeilles. La protection du rucher contre les parasites et les maladies demande des soins attentifs. La fausse teigne est un papillon gris qui essaye de pénétrer dans les ruches pour y pondre des œufs, d’où sortent des chenilles qui créent d’importants dégâts dans la colonie. Des maladies contagieuses (loque, acariose, nosémose) peuvent atteindre les abeilles, leurs déclaration est obligatoire. On lutte préventivement contre ces maladies en observant des règles d’hygiène et en ne gardant que des reines vigoureuses. Les piqûres d’abeilles peuvent être souvent évitées si l’on reste immobile lorsqu’une abeille s’approche. Toutefois en cas de piqûre on enlève le dard sans presser sur la poche à venin car l’odeur du venin excite les abeilles et une première piqûre risque d’en attirer d’autres si on ne s’éloigne pas rapidement. Ces piqûres provoquent généralement des réactions allergiques avec enflure de la région atteinte. Après un certain nombre de piqûres, certains apiculteurs sont immunisés et la tradition veut que le venin d’abeille évite les affections rhumatismales. Alors à défaut de miel, soigner-vous bien.

Hafidh B.

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