La malheureuse idée du chacal

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Pour parer à toute éventualité, ils se concertent pour l’éliminer. Ne pouvant l’affronter éveillé, ils cherchent à savoir le moment où il tombe dans les bras de Morphée. Dès qu’ils lui posent la question sur un air badin, le fils du forgeron leur retourne la question.-Je ne vous dirai quand je dors, que lorsque je saurai, quand vous dormez vous aussi ! Pris au dépourvu le chacal lui dit :“-Nek ganagh ma nourenIvaouen d’i levh’ar -Moi je dors quand les fèves fleurissent en mer.Le sanglier dit :“-Nek ganagh Mad’ inouar el melh’(Moi je dors quand le sel fleurit)La panthère en dernier dit :“Nek ganagh n’ath ou alidh inyen oughalen d’i zougaghen (Moi je dors quand les pierres de l’âtre rougeoient).Après les avoir entendus, le fils de forgeron, leur dit à son tour :“Neg ganagh ma tsoualim Thafdhisth koulab d’ selk Fssin am oud’i d’i lkanoun. (Moi je dors, quand quand mon marteau, ma tenaille et mon bout de fil de fer fondent comme du beurre dans le feu de l’âtre). Après ces explications ils se séparent. Voulant venir à bout du fils du forgeron, la panthère, le sanglier et le chacal décidèrent d’un commun accord de le tuer.Pour cela, ils ramènent du bois en quantité et allument un grand feu. Ils dérobent les outils de travail du forgeron et les mettent au feu, et attendent qu’ils soient incandescents pour passer à l’action. Mais avant d’accomplir leur mission, ils sont tellement fatigués à force de travailler et de veiller, qu’ils sombrent tous les trois dans les bras de Morphée. Les voyant au sol, étalés, le fils du forgeron se précipite vers le brasier. Il se saisit du marteau brûlant et assène un coup violent sur la tête de la panthère qui s’enfuit en courant.Avec les tenailles, il pince le groin du sanglier, qui se réveille en sursaut et détale à la vitesse de l’éclair. En dernier, il se saisit du fil de fer et pique le chacal, sous l’effet de la douleur, il hurle à mort et disparaît.Après être revenus de leurs émotions, ils tiennent tous les trois un nouveau conseil de guerre, afin d’éliminer définitivement le fils du forgeron de la surface de la terre.Cette fois-ci, ils montent la garde à tour de rôle près de l’enclos. Une fois, qu’ils crurent qu’il se soit endormi, le chacal est désigné pour s’approcher de la porte de l’endroit où le fils du forgeron est censé dormir.Le chacal s’avance doucement et colle son oreille sur la porte, mal lui en prit avec le fil de fer à la pointe acérée et rougie lui transperce l’oreille. Il hurle de douleur et retourne chez ses compagnons, et leur ment : “-Je crois qu’il dort, mais je ne suis pas sûr qu’il le soit à cent pour cent.Non satisfait, le sanglier décide de son propre chef d’aller voir lui-même, pour avoir le cœur net. Il s’approche de la porte et, par un trou, fait entrer son groin, mal lui en prit. Les tenailles chauffées du fils du forgeron le pincent fortement. Il se débat en hurlant de douleur, dès qu’il réussit à se dégager, il rejoint ses compagnons et leur ment.“-Je crois qu’il dort, mais je ne peux l’affirmer ! Vous êtes tous les deux des incapables, crie de dépit la panthère, c’est trop, il faut que je vérifie par moi-même !-Allez-y”La panthère s’avance à son tour. Dès qu’elle s’approche de la porte, le fils du forgeron l’ouvre brusquement et lui assène un violent coup avec son marteau incandescent. Blessée à la tête, les poils brûlés, sentant le roussi, la panthère ne peut rien dissimuler. Elle avoue à ses compagnons, que le fils de l’homme s’il l’avait voulu, il l’aurait tuée. Pour ne pas tenter le diable une autre fois, les trois compagnons décident à l’unanimité de laisser leur troupeau aux mains du fils du forgeron, et de quitter la contrée pour d’autres cieux plus cléments.

Lounès Benrejdal

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