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Les parents raclent les fonds de poches

Le modeste budget des ménages sera, cette fois-ci, consacré à l’achat des vêtements, des chaussures, et à la préparation des gâteaux pour ces jours de fête. Une dense activité et une ambiance festive enveloppent ces jours-ci la capitale. Les artères de la capitale sont envahies par une marée humaine qui s’arrête devant chaque magasin de prêt-à-porter pour voir les prix affichés. C’est le même scénario qui se répète chaque année.

Les pères de famille accompagnés de leur progéniture recherchent des prix qui soient à leur portée. Les mères de famille ne sont pas en reste. Elles s’atttellent à l’achat des articles nécessaires à la préparation des gâteaux avant que leur prix ne s’envole, comme c’était le cas des produits de large consommation durant la première semaine de ramadan. Les vendeurs, eux ne ratent aucune occasion pour se faire de l’argent en proposant des articles pour femme, homme ou encore enfants à des prix inabordables.

Des enfants exigeants, des parents anéantis et des articles hors de portée

Les pères de famille sont assommés par les prix affichés et leurs enfants sont de plus en plus exigeants. Comme à l’accoutumée, et à la veille de l’Aïd, les magasins de vêtements sont bondés du matin au soir par des parents venus acheter des vêtements pour leurs enfants. De nombreuses familles se voient dans l’obligation de consentir des sacrifices financiers pour maintenir la tradition et par la même occasion satisfaire leurs enfants. Mais pour y arriver, de nombreux parents se voient contraints de s’endetter. A Alger, comme partout ailleurs, la joie se lit sur le visage des enfants et la morosité et le mécontentement se voient sur celui des parents anéantis par les prix affichés. Les parents rencontrés dans les magasins de vêtements ou devant les étals des marchés semblent désemparés et soucieux. C’est le cas d’un père de famille qui ne veut pas priver ses enfants de la joie pendant la fête et ne peut pas aussi subvenir aux besoins de tous ses enfants. « On n’en a pas fini avec les achats des manuels et fournitures scolaires, que l’Aïd el Fitr approche », a tonné ce père de trois enfants, tous scolarisés.

“ Sincèrement, je ne peux pas subvenir aux besoin de mes trois enfants avec un salaire de 20 000 DA, que ce soit pour l’achat des articles scolaires ou pour les dépenses liées aux achats des vêtements ». « Je ne vois aucune autre issue que celle de m’endetter afin de faire plaisir à mes enfants », a-t-il enchaîné. Au marché de Ain Benian, les rayons de vêtements et de chaussures enregistrent une grande affluence ces jours-ci. Les parents accompagnés de leurs enfants font plusieurs fois le tour du marché en voyant les prix incontestablement excessifs. Interrogé sur les raisons qui sont derrière cette cherté, un vendeur d’habits pour enfants, a expliqué que « chaque produit a son prix, suivant sa qalité et sa provenance ». « Il y a une très grande activité ces jours-ci ; c’est pour cela qu’on travaille du matin jusqu’au soir, étant donné que plusieurs familles font leurs achats juste après le f’tour », a-t-il ajouté. Les enfants, selon des mères de famille, ne veulent pas porter « n’importe quoi » le jour de l’Aïd. C’est le cas d’une mère de famille qui nous dira qu’ »en plus de la cherté des vêtements, mes enfants sont très exigeants ; ils ne veulent acheter que de belles chose qui soient à la mode ». Les parents finissent finalement par céder aux caprices de leurs enfants, alors que d’autres ne daignent même pas prendre en considération l’avis de leurs enfants sous prétexte que ces derniers finiront tôt au tard par accepter le choix de leurs parents.

La capitale sous l’emprise de la fièvre de l’Aïd

Chaque année à l’approche de cette fête religieuse, une atmosphère spéciale enveloppe la capitale et ses alentours. L’on constate que, de plus en plus, cette fête religieuse se transforme en une activité commerciale et lucrative où beaucoup de « sous-activités » fleurissent : petits métiers, commerce de jouets et de vêtements…

Ainsi, pour les vendeurs à la sauvette, l’Aïd El-Fitr est une opportunité à ne pas rater. Surtout que les mères de familles multiplient leurs dépenses que ce soit celle liées à l’achat des articles pour la préparation des gâteaux ou celles des vêtements. Il faut dire que de nombreux métiers apparaissent avant, durant et après l’Aïd, notamment les vendeurs à la sauvette des jouets, des vêtements et des chaussures… On y trouve même des vendeurs des fournitures scolaire puisque, nombreux sont les parents qui n’ont pas encore fait leurs achats aussi bien à cause de moyens que de la succession de trois événements cruciaux à savoir : le mois sacré, la rentrée scolaire et l’Aïd El-Fitr. Ces vendeurs qui proposent leurs articles à bas prix, faut-il le dire, attirent beaucoup de parents qui ne cherchent que des articles à des prix qui soient abordables et à leur portée.

Les vendeurs à la sauvette, la fripe… à la rescousse des parents

Au marché de la Place des martyrs, une grande foule de femmes entoure un vendeur. Nul ne peut voir ce qu’il propose. Seuls ses cris sortent de cette grande affluence. « 400 DA ya mara diri l’affaire »,  » 400DA madame, venez faire l’affaire « . Cette proposition alléchante est faite par un vendeur qui propose des pulls à 400 DA.  » J’ai acheté quatre pulls pour mes deux enfants, c’est mieux que d’en acheter un au magasin de vêtement à 1500 DA », a fait savoir une enseignante et mère de deux garçons. « C’est une bonne occasion pour préserver ma bourse qui est grevée par les dépenses des vacances, le ramadan et la rentrée scolaire », a-t-elle ajouté. Le marché de la Place des martyrs ne désemplit pas. Des ménages algériens venus spécialement chercher des bonnes occasions qui n’en manquent pas dans ce coin. Les parents à faible revenu ne peuvent pas subvenir aux besoins de leurs enfants. Sauf dans les magasins de friperie. Nombreux sont en effet, les parents qui recherchent des vêtements en bon état et à un prix abordable. Ces magasins de friperie sont pris d’assaut par de nombreuses familles algériennes, alors que très peu d’entre elles y accédaient dans le passé. Notre virée au milieu de magasins de la friperie qui ont ouvert un peu partout au centre d’Alger confirme ce constat. « Comment pourrais-je offrir de nouveaux habits à mes quatre enfants avec un salaire mensuel de 15 000 DA », a déploré une mère de quatre enfants rencontrée sur les lieux avant d’ajouter qu’ »au lieu de m’orienter vers des magasins de vêtements où les articles sont proposés à des prix excessifs, je préfère me rendre dans les magasins de friperie où je trouve des choses à un prix abordable ». Et d’enchaîner : « C’est une occasion pour moi de préserver mon budget, lourdement affecté par les dépenses du mois sacré. » Alors que ces derniers se mettent à la merci des magasins de friperie, d’autres redoutent la propagation de maladies en portant ces vieux vêtements. Beaucoup de sacrifices sont faits par les familles algériennes pour maintenir les traditions et satisfaire leurs enfants, étant donné que l’Aïd est une fête pour les bambins. Alors parents, à vos poches !

Lemya Ouchenir

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