Coïncidant avec la rentrée scolaire qui a eu lieu, il y’a moins d’une semaine, normalement la fête de l’Aïd générera chez tous les citoyens un bonheur avec un grand B. Et comment! Ce n’est pas tous les ans que ces deux grands évènements ont lieu dans un laps de temps aussi court.
Un double rendez-vous malheureusement raté à cause notamment de l’impuissance du portefeuille qui est déjà bien léger avant l’heure. Pour faire la fête et remplir les cœur de joie, il faut malheureusement des sous et des moyens ! Des ingrédients qui ont troublé la fête par leur indisponibilité. Après un été chaotique et un Ramadhan qui a déplumé les ménages avec l’éternel problème de la flambée du coût de la vie qui a contraint les chefs de familles non seulement à casser leurs tirelires mais aussi à s’endetter pour faire face aux dépenses ramadhanesques, il est évident que les esprits ne soient pas prêts à faire la fête ; bien au contraire, les gens se torturent les méninges pour trouver des astuces leur permettant d’affronter les frais de la rentrée scolaire et de l’Aïd, un véritable coup de massue qui rend plus d’un rêveur au beau milieu de la journée et leur font voir les étoiles alors que le soleil brille de mille feux. Hallucinants, songeurs jusqu’à perdre les repères, tel est le sort des pères de familles modestes. Par le passé, les citoyens se rabattaient sur les produits dits de rechanges, à savoir les vêtements d’occasion “la fripe”, les produits de moindre qualité et les viandes congelées. Aujourd’hui même ces “déchets” sont aussi hors d’atteinte.
Des haillons sont affichés à plus de 400 DA, des carottes destinées autrefois aux lapins et aux porcs coûtent 60 DA le kilo, de la soi-disant viande “congelée” sans aucune valeur nutritive se vend à 650 DA le kilogramme. Devant cet état de fait, l’Algérien finit par se demander comment on en est arrivés là ? On finit par remettre en cause toute les valeurs pour les quelles, il était prêt dans un passé récent à donner jusqu’à son âme.
Le million et demi d’hommes qui ont donné leur vie, l’ont-ils fait pour ce résultat ?
Cette panade généralisée était-elle prévue par les héros de la révolution algérienne ? Non, bien sûr que non.
Ces hommes d’honneur et de baroude l’ont fait pour que les Algériens tous les Algériens puissent vivre dans la liberté, la dignité et l’aisance.
Ce résultat n’est que la résultante d’une mauvaise gestion pratiquée depuis l’indépendance. Ce résultat n’est qu’une suite à la voracité de certains spéculateurs qui ne craignent ni le divin, ni la loi et ni les hommes. L’amour de l’argent et de la fortune sans jamais se soucier des conséquences que cela induit.Ramasser, empiler et collecter plus de liasses, quitte à créer une famille à grande échelle et voir l’ensemble des Algériens crever comme des cigales. Bon sang enlevez-vos sales mains ! Laissez ce peuple respirer !
Laissez ce peuple redécouvrir la joie de vivre, de foire la fête à l’instar de tous les peuples de la planète. Quant à vous, honorables descendants de Jugurtha et de Massinissa, enfants et filles de Abane, Krim et Amirouche, Bonne fête de l’Aïd même si le cœur n’y est pas. Errahma fi el qloub ! disent-ils.
Hocine Taïb
