Des laboratoires étrangers détiennent plus de 70% de médicaments en Algérie

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La dernière décision de ne plus importer de médicaments déjà fabriqués localement, qui a été annoncée, rappelons-le, par le gouvernement le 21 octobre de l’année précédente, pour réduire la facture d’importation afin d’encourager la production locale de génériques en vue de sécuriser l’approvisionnement du pays en produits pharmaceutiques, semble n’avoir pas atteint l’effet escompté.

En effet, la dernière classification rendue publique ces derniers jours, par le ministère de la Santé, de la Population et de la Reforme hospitalière a révélé que les médicaments en Algérie sont détenus par des pays étrangers, notamment européens, à savoir la France, l’Italie, l’Espagne, la Suisse et la Jordanie.

Ces derniers “manipulent’’ largement plus de 70 % du marché national des médicaments, avec une quantité globale de 3265 médicaments enregistrés entre 1997 et le 31 décembre 2008 au niveau des services de la Pharmacie centrale des médicaments, au ministère de la Santé. En outre, la classification a indiqué que les laboratoires français, viennent en tête de ces pays, d’autant qu’ils ont mis la main sur la plus grande part du marché du médicament au niveau national.

Les laboratoires français occupent ainsi la première place dans la liste des pays ayant enregistré leurs médicaments en Algérie, avec plus de 1565 médicaments sur un nombre global estimé à 4766 médicaments, soit l’équivalent de 32 %.

D’autre part, la classification a affirmé que plus de 90 % des médicaments français sont d’origines et remboursables par les différentes agences d’assurances sociales en Algérie, contrairement aux médicaments produits localement, notamment par le groupe Saidal – 4e fabricant de médicaments en Algérie – dont le nombre est estimé à 1 501 médicaments, et qui se bat farouchement pour qu’ils soient remboursables par les assurances sociales et ce nonobstant la persistance du gouvernement quant à l’encouragement de la production et la consommation des médicaments “Made in Algérie”, appelé des médicaments génériques. Une politique qui vise la préservation de la balances financière de la Caisse d’assurances sociales, qui enregistre aujourd’hui de grands déséquilibres financiers, à cause de l’augmentation annuelle de la valeur des médicaments étrangers qui ont atteint l’année dernière près de 1,5 milliard de dollars.

En outre les laboratoires appartenant aux pays membres de l’Union européenne prédominent largement la liste des médicaments commercialisés en Algérie, soit plus de 2 523 médicaments au profit des laboratoires français, italiens, espagnols, allemands, suisses, hollandais, anglais, autrichiens et portugais, suivis des laboratoires arabes avec 686 médicaments, dont 371 au profit des laboratoires jordaniens, des saoudiens, syriens, marocains, tunisiens, égyptiens et palestiniens, puis des américains, chinois, indiens et sud-africains avec 375 médicaments.

Ces pays ont bien su saisir l’occasion, du fait que notre pays n’impose aucune condition sur l’enregistrement des médicaments et des produits pharmaceutiques dans le marché national, pour enregistrer le plus grand nombre possible de médicaments et de produits pharmaceutiques, y compris les types de médicaments dont l’Algérie a réalisé une autosuffisance, contrairement à leurs homologues de l’UE et des pays arabes, qui ont convenu d’interdire les médicaments algériens d’atterrir sur leur sol, et ce à travers des obstacles et des entraves administratifs et réglementaires stricts pour empêcher ainsi tous les laboratoires algériens, publics et privés, d’enregistrer les médicaments dans ces pays.

A titre d’exemple nos pays voisins ont imposé des conditions sévères sur nos médicaments en exigeant que le médicament, objet d’enregistrement, ne soit pas fabriqué localement dans ces pays, et le dossier d’enregistrement doit être accompagné du dossier de bioéquivalence, considéré comme étant une question très complexe et coûteuse. Devant ces dépassements, qu’atend notre gouvernement pour imposer des conditions réciproques sur ces pays afin de préserver l’intérêt de notre économie.

Y. Maouchi

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