Rares sont les communes qui ont échappé à la vindicte populaire. Les actions de protestation de rue, caractérisées par des blocages de routes ou de fermetures de mairies sont devenues monnaie courante. Beaucoup reste à faire en matière d’alimentation en eau potable, de réseau d’assainissement, d’aménagements urbains et de voiries, de chômage et d’infrastructures diverses. L’état des routes revient quasiment tel un leitmotiv dans chaque revendication ces derniers jours. Le cas des communes de Kendira, Feraoun, Amizour, Barbacha, pour ne citer que celles-ci, donne à réfléchir.
Si l’on se réfère à ce dit au moment du fait accompli, c’est-à-dire lors d’une contestation entreprise, l’on se contente de cette réponse : le problème est partout et nulle part du fait des responsabilités non assumées et des accusations en chassé-croisé. Les responsables du secteur des travaux publics de la wilaya, DTP, sont montrés du doigt à maintes fois par les autorités locales des communes ébranlées par la colère de leurs propres habitants, lesquels, loin d’être innocentés par les mécontents, subissent en premier la rage de ceux qui les ont élus.
Routes délabrée, sujets de discordes
Ainsi a été la sortie depuis dimanche des villageois de la localité d’Iwendajen, située à 18 km du chef-lieu communal, pour réclamer la prise en charge immédiate du chemin communal, principal et unique axe de ce villag, menacé par des glissements de terrain datant. Les membres de l’exécutif communal ont jeté la balle aux services de la DTP qu’ils accusent de passifs devant un dossier nécessitant un traitement urgent, sans manquer d’avancer que la procédure de prise en charge est entamée mais nécessite plus de temps pour une intervention sur le terrain. Lors de leur déplacement à Barbacha qui coïncide avec le début du blocus de la mairie, des responsables de la subdivision des travaux publics d’Amizour se son accrochés avec les membres de l’exécutif local, notamment le maire qui leur reproche de “faire traîner les choses au lieu d’agir vite” sur ce sujet jugé urgent. Il faut dire qu’entre les élus, le chef de daïra de Barbacha et ceux de la subdivision des TP, les accusations fusent de part et d’autre, en présence des délégués du village révolté. Les émissaires de la DTP ont été interpellés du fait qu’ils ont agi à déployer leurs moyens sur la RN 75 pour opérer des travaux au lieu dit Tibkirth objet d’un glissement de terrain, avant qu’une étude ne soit faite sur le site. Quant au sujet de la route d’Iwendajen presque coupée, ils demandent d’attendre le temps qu’il faut pour passer à l’étape de réalisation. Car il s’agit d’une route nationale, donc très fréquentée. Autre fait qui mérite d’être cité, celui du bitumage du tronçon de la RN 75 traversant la localité d’Amarat, toujours dans la même commune. L’entreprise chargée de cette opération, le long de la route depuis Amizour jusqu’à Barbacha, a sciemment tenté d’exclure le segment intra muros de cette bourgade sous prétexte qu’il n’est pas prêt à recevoir le tapis. Asphyxiés par un nuage de poussières, les villageois mitoyens de la route ont réagi mobilisant les engins de l’entreprise privée, mettant en arrêt immédiat les travaux de bitumage. Les responsables de la DTP sont accourus sur les lieux pour calmer les esprits en promettant aux “révoltés” que leur revendication sera satisfaite. Ce qui fut fait. Même scénario à Feraoun, Kendira et Amizour dont les habitants ont coupé la route pour manifester leur colère devant l’état délabré du réseau routier, respectivement l’axe Barbacha et Kendira, chemins de wilaya. Des travaux de réparation sur l’axe Barbacha et Kendira ont eu lieu deux jours après l’action de rue et un mois sur le chemin de wilaya reliant Feraoun à Amizour comme il a été procédé à la réfection d’un autre chemin de wilaya reliant cette dernière ville à la localité dite Domaine Maouchi. Les mécontents qui versent leur colère sur leurs propres élus, et par la force des choses se trouvent à la première ligne du front n’ont pas tout à fait raté la cible étant donné que ces mêmes élus ont fait rêver les électeurs lors de leurs campagnes électorales. Autrement dit, l’on reproche à ces élus la non-dénonciation de la passivité des services techniques avant que des populations ne passent à l’action de rue. Il est vrai que le réseau routier de la wilaya accuse un grand retard dans la réfection, ce qui pèse sur la mission de la DTP. Il suffit par contre d’instaurer un dialogue pour informer les citoyens d’éventuelles mesures prises sur tel ou tel projet pour faire revenir le calme et la sérénité. L’idéal est de réaménager les routes, en commençant par les plus urgentes, celles transformées par leur état de délabrement en passages mortels. Cependant la rue reste le moyen de communication élémentaire à la portée de tous et l’arme de populations désarmées.
Nadir Touati
