La Jeunesse sportive de Kabylie est de tout temps objet de convoitises.
Plusieurs fois championne de la CAF, elle n’a jamais connu de relégation depuis son accession en DI en 1969. En tout, un riche palmarès fait d’une panoplie de titres de Champion d’Algérie, de deux Coupes d’Algérie, une Coupe d’Afrique des clubs champions ; elle a de tout temps alimenté en joueurs les rangs de l’Equipe nationale. Tous ces titres qui ornent l’armoirie de la JSK attisent les appétits, excitent les jalousies et attirent même les provocateurs.
Club phare de la Kabylie, la jeunesse de la région a fait de son équipe son porte-voix. Durant les années 1970, c’est par la JSK que toute la région de Kabylie exprimait ses idéaux d’amazighité, de démocratie et de modernité. Combien de fois Boumediene et d’autres responsables officiels ont été hués par les supporters des Canaris, eux qui n’avaient aucun autre canal d’expression que celui offert par leur club favori, la JSK, à cause de la répression tous azimuts exerçée par le pouvoir.
Pour le club le plus titré d’Algérie, les sponsors arrivent de toutes parts pour apporter leur soutien à cette équipe. De Peugeot, comme sponsor majeur, jusqu’à Aigle Azur, Distribat, Djezzy, en passant par Enal, Tahkout, Sonatrach, Soummam, Cevital…, les industriels se bousculaient pour sponsoriser le club de la Kabylie. Un club qui leur offrait une « présence » publicitaire dans les plus grandes compétitions africaines. Avec toute cette pléiade de sponsors, la direction de la JSK a jugé utile de faire appel à un quotidien national d’information et d’en accepter son offre. Echourouk, champion du sensationnel dont les desseins et la ligne politique sont diamétralement opposés à la symbolique du combat de la JSK, et surtout, de celui de ses supporters et de la région qu’elle est censée représenter. Echourouk, pour ne pas le citer, n’est pas un épiphénomène dans la presse algérienne. Il est l’un des représentants attitrés des islamistes racistes. Combien de fois, ce quotidien a eu à confirmer ses accointances avec les cercles intégristes en prenant la Kabylie comme cible d’un acharnement médiatique sans réserve. A titre de rappel, même au moment de l’apparition de la grippe porcine, Echourouk avait rapporté une information selon laquelle les foyers de Kabylie ne consommaient que de la viande des sangliers. Ses différentes enquêtes réalisées sur le christianisme à Bgayet où à Tizi-Ouzou, son acharnement contre les non-jeûneurs, ses attaques contre les délégations africaines venues défiler à Alger…sont autant de preuves qui font de ce journal le porte-voix d’un islamisme raciste et d’un antikabylisme primaire. Le contrat de sponsoring avec ce journal ne se limite pas au simple fait commercial et publicitaire, mais il équivaut à une approche provocatrice à l’endroit des milliers, voire des millions de supporters du club à travers le pays. Ces fans de la JSK qui, dans leur majorité, sont acquis au combat contre l’islamisme obscurantiste, pour leur identité amazighe, se retrouvent, fatalement, otages d’un mercantilisme sans principe. Devant cet état de fait, on est en droit de se poser des questions à propos de ces alliances contre nature entre un club d’une région où l’aspiration démocratique est toujours de mise et un quotidien dont la propagande islamiste et la haine de la Kabylie sont son leitmotiv ?
Où partent les enfants de la région ?
Sur un autre plan, la JSK n’a jamais été aussi inaccessible aux enfants de la région que ces dernières années. Fini le temps où la JSK recrutait parmi le gotha des joueurs évoluant en Kabylie.
Ainsi, l’on se demande où partent les jeunes formés par les différents clubs régionaux, tels ceux de Michelet, Frèha, Akbou, Sidi Aïch, MC Bouira etc. Tous les clubs de football du monde deviennent des écoles dans leurs régions, excepté pour les clubs algériens, et notamment pour un grand club comme la JSK.
Loin d’être un club quelconque, la JS Kabylie est ce symbole qui fait la fierté de toute la région de Kabylie.
En qui tous les espoirs sont liés, donc, ne trahissez pas le rêve de toute une jeunesse en l’offrant au diable islamiste !
Mohamed Mouloudj
