Alors que le ministre du Commerce a annoncé lors de son passage au Forum d’El Moudjahid qu’il existe pas moins de 100 000 « commerçants » qui travaillent dans un cadre informel, l’Union générale des commerçants et artisans (UGCAA) vient de quintupler ce chiffre. Selon un membre du bureau exécutif de cette organisation, environ 500 000 marchands sont versés dans ce secteur qui a gangrené l’économie nationale, qui comporte, selon la même source, plus de 2400 marchés informels, répartis sur tout le territoire national, contre les 730 avancés par Djaâboub, ministre du Commerce. Des chiffres, dont le moins qu’on puisse dire et qui sont contradictoires. Si on se réfère au recensement réalisé par ladite union, dans chaque commune d’Alger, on enregistre plus de 1000 commerces informel. A l’issue d’une conférence de presse tenue, hier, les représentants de l’union, qui se sont attardés le long de leur intervention sur « le commerce anarchique et les défis de l’investissement en Algérie », ont tiré la sonnette d’alarme quant à la situation qui prévaut dans leur secteur. Ces derniers appréhendent un lendemain pénible dans la mesure où leur situation s’aggrave sans cesse, pour reprendre les propos de Mamaâr Hentour, membre du bureau exécutif. Il est impératif, dira-il, de mettre en place une politique à même de réintégrer les « hors-la-loi » dans le circuit légal. « Il est du devoir des autorités locales d’organiser le marché algérien et de mettre un terme à l’anarchie qui y règne. Basta. Car nous pouvons plus continuer d’exercer notre métier dans ces conditions », souligne Saïd Guebyli, un autre membre de UGCAA avant d’ajouter : « Nous exigeons de formaliser ces marchands en les intégrant dans le circuit légal ». Une question déjà approuvée par le département de Djaâboub. Le contrôle doit, du point de vue de l’UGCAA, être renforcé, et ce, d’une façon rigoureuse, une mesure qui s’impose eu égard à l’ampleur qu’a prise ce phénomène. D’après Hentour, l’absence des contrôleurs sur le terrain est en quelque sorte la raison qui a favorisé ceux qui nourrissent l’informel. Devant cet état de fait, les « vrais » commerçants, ceux qui marchandent dans un cadre légal, se disent à la croisée des chemins dans la mesure où toutes leurs tentatives de régler, du moins les problèmes qui les concernent directement, tels que les charges et la concurrence déloyale, sont restées vaines. « Nous avons, à mainte reprises, saisi le ministère du Commerce, hélas tous nos contacts sont restés infructueux. Franchement nous savons plus à quel saint nous vouer », fulmine l’orateur. Dans ce même contexte, un des trois, qui ont animé la conférence, a souligné que l’Union générale des commerçants a soumis des propositions à la tutelle dans l’espoir que celle-ci les prendra en compte. Ces derniers revendiquent, entre autres, la facilitation dans l’octroie des registres du commerce, la refonte de la loi relative aux impôts, l’accélération de la réforme bancaire et la réouverture des Souks El Fellah au profit des commerçants. En ce qui concerne ce dernier point, Guebyli souligne que « la réouverture des Souks El Fellah et des galeries fermées depuis longtemps peut régler le problème lié au manque d’espace commercial ». En effet, le ministre du Commerce avait, pour rappel, soulevé ce problème en déclarant qu’ « il n’y a pas d’assiette commerciale disponible, notamment à Alger ». La mise en place d’un ministère délégué chargé seulement de l’organisation du marché intérieur a été revendiquée par l’UGCAA. Dans le cas de non-satisfaction de leurs doléances, les commerçants affiliés à l’UGCAA menacent de « jeter » leur registre du commerce et, par conséquent, ils prévoient de passer du cadre formel à l’informel. L’organisation d’un mouvement de débrayage à la prochaine rentrée sociale est également de mise. « La base est souveraine et c’est elle qui décidera des futures actions à entreprendre », conclut Hentour.
Wassila Ould Hamouda
