Le patrimoine forestier de la wilaya de Bouira, estimé à quelque 112.000, hectares subit les aléas naturels liés à la géographie et à la climatologie du milieu dans laquelle elle évolues, et des aléas anthropiques liés à l’activité des populations locales. Les facteurs naturels qui conditionnent le milieu forestier sont essentiellement : le climat semi-aride qui domine la majorité des massifs de la wilaya et qui se caractérise par une période sèche très longue dans l’année et une pluviométrie moyenne allant de 250 mm à 500 mm/an, la forte pentes qui gêne le dispositif d’intervention dans la lutte contre les incendies et la prédominance des essences résineuses (Pin d’Alep) facilement inflammables. Les facteurs sociaux et humains qui concourent à la dégradation de la forêt sont entre autres : la forte présence humaine autour et à l’intérieur des massif forestiers, la pauvreté et le chômage qui conduisent les habitants à commettre des délits forestiers pour pouvoir subvenir à leurs besoins primaires (coupe et ventes illicites de bois, fabrication de charbon pour les rôtisseries à partir du chêne vert défrichements pour l’extension des parcelles de céréales, surpâturage…), la présence des carrières d’extraction de pierre et des stations de concassage à l’intérieur des massifs, les constructions illicites d’immeubles à usage d’habitation ou d’élevage, les incendies liés aux activités agricoles, aux actes criminels et à la lutte anti-terroriste… Ces différents facteurs,dans une combinaison qui se retrouve dans la majorité des régions de la wilaya, ont fragilisé davantage l’écosystéme forestier et réduit l’étendue du couvert végétal. Des niches écologiques propres au singe magot et à certains rapaces de montagne ont été fortement perturbées. Des sources dans lesquelles s’abreuvaient des perdrix, des lapins de garenne et d’autres animaux se sont taries au point de remettre en cause la vie faunistique en forêt. Cependant, l’interdiction de la chasse et l’exode des populations rurales depuis l’avènement de l’insécurité dans l’arrière -pays montagneux ont conduit à la prolifération du sanglier qui a fini par investir la périphéries des villages et les zones sub-urbaines. Le rôle de la police forestière échu à la Conservation des forêts de Bouira a vu sa marge de manœuvre réduite au cours de ces dernières années pour plusieurs raisons : d’abord, la loi qui régit le secteur des forêts (loi 84-12) est dépassée par les évènements au vu de son caractère non dissuasif. Les amendes et les sanctions qui y sont prévues contre les délinquants sont trop faibles par rapports à la nature des dégâts auxquels elles s’appliquent. De ce fait, la récidive ou la consécration du fait accompli sont souvent la règle. ensuite, cette mission a été longtemps entravée par la situation sécuritaire. après la survenue des premiers actes terroristes dans la wilaya, les agents forestiers ont été désarmés au même titre que les citoyens à cela s’ajoute la détérioration de certaines infrastructures comme les maisons forestières situées à l’intérieur même des massifs et qui hébergeaient les gardes forestiers chargés de la protection des massifs contre toutes sortes de délits. La conservation des forêts prépare le Plans de lutte contre les incendies de forêts, appelé “Plan feu”, à partir du mois de mars de chaque année. Le document qui en est issu est adressé à plusieurs institutions et structures (wilaya, Protection civile, APC, daïra, Sonelgaz, Travaux Publics…) pour que chacune d’entre-elles initie les actions de prévention dépendant de son secteur selon les servitudes qui lui reviennent : débroussaillement au dessous des lignes électriques et aux abords immédiats des routes avant le 30 juin de chaque année… des comités de coordination de commune de daïra et de wilaya (COC,COC,COW) sont ensuite installés pour la coordination des opérations de lutte contre les incendies. Des actions de sensibilisation sont initiées à l’endroit des populations, des écoliers et des institutions à l’occasion de la Journée nationale de l’arbre (25 octobre) et de la Journée mondiale de l’arbre (21 mars). Au cours de la période estivale, la Conservation recrute des ouvriers temporaires pour renforcer la lutte anti-incendie. en été 2004, une cinquantaine d’ouvriers ont été mis à contribution, en 2005, le recrutement a touché 30 ouvriers. Les moyens matériels mobilisés par la Conservation dans la lutte contre les feux de forêts sont deux camions citernes, les véhicules 4X4 des quatre circonscriptions dont certains sont équipées de petites citernes et l’outillage traditionnel (pelles, pioches, haches, serpes…). Lors des grands incendies, comme ceux de 1994 qui ont dévorés pas moins de 4.000 ha, le wali déclenches le Plan ORSEC qui peut faire intervenir plusieurs wilayas limitrophe. Ces wilayas mobilisent principalement les unités de la Protection civile qui sont sous leur coupe. Au cours des dix dernières années, la wilaya de Bouira a enregistré une superficie totale des incendies de 7247,5 hectares. Elles est répartie comme suit : Pour l’année en cours, il a été enregistré plusieurs incendies qui totalisent environ 700 hectares. Ces départs de feu sont localisés principalement dans les dairas de Lakhdaria, Bordj Okhriss et M’chedallah. Sur la majorité des parcelles incendiées au cours des années passées, une forte régénération a été enregistrée. Les programmes sectoriels et les actions de développement rural ont consacré une partie de leurs budgets aux travaux sylvicoles de façon à bien conduire la croissance des peuplements régénérés. Des actions de repeuplement sur les parcelles non régénérés sont envisagées dans les programmes futurs de la Conservation. En outre, les Projets de proximité de développement rural (PPDR) et le projet d’emploi rural (PER, cofinancé par la Banque mondiale ) sont destinés aussi à améliorer le niveau de vie des populations de l’arrière-pays montagneux et steppique de façon à préserver les espaces forestiers des dégradations directement liées à la pauvreté et au chômage.
Amar Naït Messaoud
