La Fédération de France s’en souvient

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En conséquence, le soulèvement de la communauté d’émigrés algérienne a été réprimé. Eux qui voulaient à cette époque exhiber une démonstration de force pacifique, à l’égard des actes racistes commis contre eux, ont fini de voir leur frères arrêtés, torturés, et abattus. 15 000 arrestations, 1 500 Algériens refoulés, entre 300 et 400 morts par balles ou par noyade dans la Seine et plus de 2 400 blessés et 400 disparus.

Le soulèvement, raconte la Fédération du FLN de France, constituait, d’une part, une réponse cinglante aux mesures discriminatoires décidées un certain 6 octobre 1961, par le préfet de la police de Paris, et Roger Frey, ministre de l’Intérieur de la République française de cette époque. Ces deux responsables ont imposé, raconte la Fédération, à la communauté d’émigrés algériens, un couvre-feu de 20h 30 à 5h 30 et la fermeture des cafés et restaurants à partir de 19h. D’autre part, pour donner une nouvelle dimension à la Guerre de libération, qui comptait déjà sept ans de lutte, les actions menées par le FLN et l’ALN contre le colonisateur français, sous la gouvernance du général de Gaulle, ont notablement affaibli leur force. Ce dernier, suggère la Fédération du FLN de France, “au lieu de comprendre les aspirations de notre peuple à la liberté et à l’indépendance et de s’engager dans de vraies négociations avec les dirigeants de notre révolution, a durci la guerre, et l’a poursuivie à une échelle beaucoup plus vaste que ses prédécesseurs, aussi bien sur le territoire national que contre l’ALN et contre notre émigration en France.” En réponse à ces mesures prises par le général de Gaulle, la direction de la Révolution algérienne a donné des directives à la Fédération du FLN en France afin de porter la guerre sur le sol même de l’ennemi. “Ce qui est à ce jour un fait unique dans l’Histoire des lutte de libération des peuples colonisés.”

Depuis l’ouverture du second front en 1958, à l’automne 1961, la Fédération de France subissait une répression permanente de la part des autorités françaises. Ces dernières savaient que les activités des militants de la Fédération de France s’exerçaient essentiellement le soir. Car, explique la Fédération, “notre communauté d’émigrés était constituée de travailleurs occupés dans la journée. Ils pensaient avoir enfin trouvé le moyen de liquider de façon définitive la Fédération, en instaurant un couvre-feu applicable aux seuls Algériens”. Face à cette exigence et à ces mesures “discriminatoire”, la direction de ladite Fédération a pris la décision de passer à l’action en organisant des manifestations publiques à Paris, pour dénoncer et attirer l’attention de l’opinion publique française et internationale sur “la sauvagerie de la répression du gouvernement colonialiste français”. Comme il était prévu, le 17 octobre au soir, plus de 80 000 Algériens et algériennes ont envahi les grands boulevards de la capitale française pour réclamer leur droit à l’indépendance. “Si les manifestations furent un succès comme en témoignèrent les comptes rendus de la presse française et internationale, la répression de la police menée sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon, tristement célébre pour sa collaboration avec le régime nazi durant la seconde guerre mondiale, fut féroce et bestiale”, témoigne la Fédération du FLN de France. En ajoutant qu’une chasse à sanglante l’Algérien fut déclenchée à travers la région parisienne. Les Algériens de France ont ainsi payé un prix fort. Les policiers se sont acharnés sur les manifestants. Une épreuve dure mais la communauté d’émigrés, témoigne la Fédération, est restée soudée et motivée, pourvu que leur liberté soit arrachée. Ces manifestations avaient largement contribué à la reprise des négociations qui ont été gelées. Ce pas était important dans la marche de l’Algérie vers son indépendance qui venait d’être accompli en juillet 1962.

A. Slimani

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